Un des personnages-clés de cette affaire, le directeur général du CTC, se trouve à l'étranger; un mandat d'arrêt a été lancé contre lui. Même climat, même atmosphère et mêmes enjeux. Les auditions dans l'affaire du séisme de Boumerdès se poursuivent. Jour après jour, et, comme chaque jour, les mêmes questions reviennent. Bien évidemment, les mêmes réponses sont formulées pour l'ensemble des projets traités. Hier, c'était le cas des 252 logements Eplf Boumerdès, qui a été étudié. M.Selkim Mohamed, président-directeur général de cet organisme public, s'est retrouvé, de nouveau, en face du juge du tribunal. Le mis en cause a annoncé la couleur dès l'ouverture de l'audience du matin. La première déclaration de l'accusé est «qu'il n'est pas concerné par ce projet». Explication de l'accusé: «Le choix du site a été fait en 1985. La phase d'étude du projet s'est faite en 1986. Donc, à mon arrivée en 1991, 13 blocs sur 18 ont été achevés à 100%. Je n'ai aucune relation avec ce projet.» A propos des cinq blocs restants, M.Selkim a annoncé que le taux d'avancement des travaux avait alors dépassé les 80%. «Il ne restait que les finitions», a-t-il affirmé. Le chef de projet, M.Boumaâza Hamid, conforte les propos de M.Selkim. Le sous-traitant de l'entreprise Chaâbani chargée de la réalisation du projet, a précisé qu'à l'arrivée de M.Selkim comme président-directeur général de l'Eplf, «13 immeubles ont été achevés à 100% et des 5 autres il ne restait que les travaux secondaires, (les finitions)». Plus explicite, M.Boumaâza a assuré que M.Selkim n'est pas «responsable (de la qualité) du béton» et que l'infrastructure «était réalisée à 80% de sa globalité». M.Selkim a assuré que les PV de réception définitive ont été établis avant sa nomination comme président-directeur général de l'Eplf. A noter que parmi les 18 immeubles en question, 1 seul bloc, (le bâtiment 10) s'est effondré et un autre (bâtiment 11) a été touché. Ce dernier a été classé «rouge 5». A ce sujet, M.Selkim, les témoins, les experts du CTC, ainsi que le chef de projet, ont affirmé que les deux immeubles (10 et11), ont été construits parmi les 13 premiers cités. C'est-à-dire avant l'installation de M.Selkim comme président-directeur général. Le président du tribunal ne pose pas de questions et appelle le responsable du CTC à la barre. C'est l'impasse. Et pour cause! M.Herani Abdelkader, responsable du CTC, qui possède le «dossier rouge» est en fuite. Le tribunal appelle à la barre M.Serkissetti. Ce dernier a été désigné par M.Herani Abdelkader avec ordre de mission, d'assurer la «mission de contrôle»! Sur cette question, le parquet est dans le flou. Le juge du siège lance une série de questions. «Qui vous a assigné au contrôle du projet?» demande ce dernier. «C'est M.Herani, suivant ordre de mission». Le magistrat demande au témoin d'exhiber devant le tribunal le fameux «ordre de mission» «Je ne l'ai pas, M.le président. Il se trouve au niveau de l'administration», indique-t-il. Le président de la section correctionnelle demande de nouveau à M.Serkissetti de «préciser qui a été chargé, sur papier, de suivre» le contrôle du projet. Le témoin confirme que c'était M.Herani. «Alors, pourquoi vous êtes mêlé au projet?» l'interrompt M.Redouane Benabdallah. «Mon supérieur m'a chargé d'une mission, je l'ai accomplie», justifie-t-il. Même si la situation est ambiguë, on poursuit quand même l'audition. «Durant trois mois de contrôle», a indiqué M.Serkissetti, lequel, selon lui, «a formulé quelques réserves», sur le chantier en question. «J'ai mentionné, dans mon PV, quelques anomalies dans les travaux. Mon rapport, je l'ai transmis à mon supérieur M.Herani», précise-t-il encore. Et après? aucune suite! Les résultats techniques de ce «contrôle» ont été transmis d'après la même source, dans une lettre officielle au maître d'ouvrage et à l'entrepreneur. M.Herani a-t-il vraiment transmis ce rapport à ses partenaires? L'équation est là, seul lui peut confirmer ce point important qui peut situer les responsabilités de chacun. Quelles ont été les prises de décision suite aux réserves formulées par M.Serkissetti? Les réponses se trouvent dans le «dossier rouge» de M.Herani. Ce dernier a en sa possession tous les documents du projet (plan, bureau d'études, les PV du contrôle). L'absence de ce témoin risque, toutefois, de chambouler la bonne conduite du procès. A propos de ce point, Me Benberrah a affirmé que l'Eplf, n'a «reçu aucun courrier officiel de la part de M.Herani». C'est une manière de montrer que l'Eplf n'a été destinataire d'aucune réserve sur ce projet de la part des services du CTC. L'audience de l'après-midi a été réservée au face-à-face experts-défense. La commission ministérielle a, de nouveau, essuyé la charge des avocats qui excipent, notamment du fait que les conclusions mentionnées sont les mêmes, afférentes aux différents projets, traitées depuis le début du procès.