«Je suis prêt à venir comparaître devant la justice de mon pays pour apporter mes témoignages et me défendre», a-t-il affirmé. Le verdict dans l'affaire du séisme de Boumerdès a fait trembler les condamnés. Après les condamnations, place aux réactions. Condamné, par défaut, à trois ans de prison ferme plus une amende de 50.000DA, plus un mandat d'arrêt international, Herrani Abdelkader réagit. Dans la soirée d'avant-hier, ainsi qu'hier matin, cet ingénieur du CTC a pris attache avec notre rédaction pour apporter «quelques précisions» sur son cas. Il affirme d'abord «ignorer l'ouverture du procès». «Je n'ai jamais été au courant de cette affaire. La première fois où j'étais informé de ce procès, c'était le 22 juillet. Mon frère, en Algérie, m'avait informé ce jour-là que mon nom est cité dans l'affaire», nous a-t-il déclaré. A propos du délit de fuite à l'étranger, il précise: «Je n'ai pas fui l'Algérie». Et de poursuivre: «J'ai quitté l'Algérie en octobre 1997 après avoir arrêté le travail en septembre de la même année. Soit six ans avant le séisme. A cette époque, mon épouse avait bénéficié d'une bourse pour préparer son doctorat en chimie à Berlin, en Allemagne. Depuis, je me suis installé dans cette capitale en compagnie de ma femme et de mes enfants. Après avoir terminé les études, ma femme et moi avions décidé de rentrer en Algérie, le 15 juin 2003, d'autant que notre carte de séjour arrivait à son terme. Les autorités allemandes nous ont accordé un sursis de deux mois pour préparer le retour en Algérie. Ma femme et mes enfants avaient regagné Alger, tandis que moi je me préparais pour les rejoindre le 20 août 2003. Suite au séisme, mes enfants sont tombés malades. J'étais obligé de les reprendre pour des soins à Berlin. Vu leur état critique, j'ai préféré les ramener en Allemagne pour les soigner. Ainsi, nous avons bénéficié d'une prorogation de séjour.» Se voulant plus précis, M.Herrani ajoute: «Après leur hospitalisation et leur guérison, nous avons demandé aux autorités allemandes de nous prolonger le séjour pour permettre aux enfants de suivre leur scolarité. Une demande acceptée. Elles nous ont accordé un prolongement jusqu'à 2005. Ma femme se trouve en situation régulière en Alleaccident qui a nécessité une intervention chirurgicale au niveau du talon. Cela pour expliquer que je n'ai pas fui mon pays, ni la justice de mon pays». M.Herrani a précisé en ce qui concerne sa famille, en Algérie, que celle-ci «n'a reçu aucune convocation en mon nom, de la justice. La preuve, je me rends chaque année en Algérie depuis 1998. La dernière fois c'était en 2002», a-t-il souligné. Il convient de noter que son nom figure, effectivement, dans l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation. La même source confirme, en outre, qu'il a exercé effectivement au poste d'ingénieur au CTC, chargé de quelques projets de l'Eplf. «Je ne me rappelle pas bien des projets, mais j'ai travaillé comme ingénieur au CTC». Après le récent jugement, le concerné affirme avoir contacté l'ambassade d'Algérie en Allemagne pour sa situation. «J'ai pris attache avec un responsable à l'ambassade d'Algérie à Berlin, il m'a demandé de lui remettre une lettre. C'est ce que j'ai fait.» Interrogé sur la motivation de ces démarches, M.Herrani rétorque: «Je suis prêt à venir m'expliquer, m'exprimer et me défendre devant la justice. Si je reçois des garanties de ne pas être arrêté à l'aéroport, j'apporterai avec plaisir mes témoignages à la justice de mon pays.» A propos de sa responsabilité dans les projets créalisés, Herrani Abdelkader s'est montré «prêt à assumer ses responsabilités», tout en confirmant que «je n'ai pris aucun document avec moi comme l'ont indiqué mes collègues dans leur témoignage. Tous les PV sont au niveau de la direction. Je ne suis qu'un simple ingénieur qui agit selon les règlements de l'agence», a-t-il conclu. Signalons enfin, que la rédaction de L'Expression n'a pas jugé utile de reprendre tous les détails fournis par l'inculpé sur sa mission dans le CTC.