Le président Bush a proposé l'organisation d'une (énième) conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien. Il est patent que cette annonce aurait été «l'événement» de la semaine si elle ne péchait pas par ses à-peu-près et ses redondances. Une conférence pourquoi faire alors que l'objet du conflit israélo-palestinien est clair comme de l'eau de roche, qu'il existe une multitude de résolutions du Conseil de sécurité qui attendent qu'Israël s'y conforme. Depuis des décennies, Israël, avec le soutien jamais démenti des Etats-Unis, s'est ingénié à imposer «sa» solution au contentieux quand il suffisait que l'Etat hébreu se conforme aux textes déjà existants, et ils sont nombreux, en relation avec ce dossier. Dans son appel de lundi, le président américain, tout en suggérant l'organisation à l'automne d'une «conférence internationale» pour relancer le dialogue israélo-palestinien, demande dans le même temps aux Palestiniens de «choisir» M.Abbas contre le Hamas, ce qui constitue une ingérence à tout moins maladroite dans les affaires internes des Palestiniens. «Le monde peut faire plus pour bâtir les conditions de la paix, aussi j'appelle à la tenue d'une conférence internationale cet automne», a déclaré George W.Bush lors d'une allocution à la Maison-Blanche. Tout en fixant l'époque à laquelle cette conférence doit se dérouler (en automne), l'hôte de la Maison-Blanche a, également, «désigné» les «participants-clés» qui seront, selon lui, «les Israéliens, les Palestiniens et leurs voisins dans la région», en précisant que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice la présiderait. Naturellement. On ne voit pas ce qu'il y a là dedans de nouveau si ce n'est de permettre à une équipe américaine en pré- vacances de «s'occuper» en attendant la quille. Et M.Bush de souligner encore que «les pays arabes devraient participer activement à la promotion des négociations de paix», alors que les Arabes ne font que cela depuis au moins une décennie sans trouver de répondant du côté israélien. Son propos aurait eu, en l'espèce, plus de portée si M.Bush avait insisté pour qu'«Israël participe activement à la promotion des négociations de paix». Il ne l'a pas fait et c'est cela qui est en réalité à relever. C'est vrai que la philosophie des Etats-Unis est de ne faire aucune «pression» sur Israël de quelque nature qu'elle soit, y compris de l'encourager dans «son intérêt» à des gestes plus crédibles. Le président Bush, à l'évidence en retard d'une révolution, feint de découvrir une initiative arabe de paix avec Israël, adoptée par le sommet de Beyrouth en 2002, confirmée par le sommet de Riyadh de mars dernier, plan arabe froidement rejeté à l'époque par l'ex-Premier ministre Ariel Sharon avec l'approbation d'un certain George W.Bush, alors chef de l'administration américaine. En effet, le président américain a affirmé que «le lancement d'une initiative par la Ligue arabe a représenté un premier pas bienvenu» et de souligner «les pays arabes devraient donner suite à cette initiative en mettant fin au mythe selon lequel Israël n'existe pas, en mettant un terme aux incitations à la haine dans leurs médias et en envoyant des ministres en Israël». On remarquera que le chef de l'administration américaine qui ne semble pas avoir d'observations particulières à faire à Israël, concentre tout son discours sur les Arabes qui, à l'évidence, ont encore beaucoup de concessions à faire pour se montrer au diapason de ce que désire Israël et son protecteur américain. Nulle part M.Bush n'enjoint à Israël de dire sa disponibilité à se retirer des territoires arabes occupés en 1967 notamment, y compris le Golan syrien, dans le cadre de l'échange de la paix contre les territoires, de lui conseiller d'arrêter la construction de la barrière qui empiète sur la Cisjordanie, outre de rendre peu fiable un Etat palestinien amputé du quart de son territoire (barrière considérée comme illégale par un avis de la Cour internationale de Justice, CIJ), de reconnaître le droit des Palestiniens d'ériger un Etat indépendant dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie avec Jérusalem-Est comme capitale. Dans son allocution, M.Bush n'a, à aucun moment, évoqué les devoirs d'Israël et ses propres responsabilités vis-à-vis de la paix au Proche-Orient comme si celle-ci est tributaire de la seule «soumission» des Arabes, ce que semble penser le président américain qui axe son discours sur ce que -les «efforts»- les Arabes doivent encore faire. Et puis M.Bush, en excluant d'emblée une partie du conflit, le mouvement islamiste, décide, avant même que d'éventuelles négociations ne commencent, qui est habilité à y participer. Autrement dit, sans «pax israéliana» point de salut. Or, les différents plans de paix ont échoué par le fait essentiel pour qu'Israël, soutenu, par Washington, a toujours cherché à imposer aux Palestiniens et aux Arabes son «concept» de la paix. Cela ne peut marcher, cela n'a jamais marché comme en témoignent le sur-place observé depuis quarante ans et l'occupation de Ghaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il faudrait plus que cela pour donner des chances à la paix et surtout pour qu'Israël vienne aux négociations sans a-priori et négocier, réellement et sérieusement, avec ses «vrais» adversaires sur le terrain qui est la résistance palestinienne, quelle que soit la couleur que revêt cette résistance. Sinon, ce sera une autre «conférence» sans objet pour la paix et la sécurité autant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.