On devrait tout juste parler de frémissements diplomatiques que les Palestiniens tendent à relativiser, mais des signes en ce sens sont bien réels. L'Egypte n'a pas manqué de relever la portée, avec les récents propos du président américain en ce qui concerne les priorités de son second mandat. Mais ce ne sont là que des idées, même si le président George Bush a déjà déplacé unilatéralement l'échéance de création d'un Etat palestinien de 2005 à 2009. Dans ce contexte de propos ou d'idées lancées comme des ballons sondes, une conférence internationale de paix sur le Proche-Orient cet été à Washington « n'est pas à l'ordre du jour », a affirmé hier un haut responsable de la présidence du Conseil israélien. « La tenue d'une conférence internationale de paix, à Washington ou ailleurs, n'est pas à l'ordre du jour, et aucun plan ne peut se substituer à la "feuille de route" », la dernière initiative internationale pour un règlement du conflit israélo-palestinien, a déclaré ce haut responsable israélien, alors même que son Premier ministre Ariel Sharon s'est attelé à tuer ce plan et lui substituer le sien. Mardi, l'agence officielle égyptienne Mena avait fait état d'une entente avec les Israéliens et les Palestiniens sur un plan d'action pour un règlement global du conflit au Proche-Orient. L'Egypte, selon Mena, aurait également proposé la tenue d'une conférence cet été à Washington pour lancer ces démarches. Le responsable israélien a estimé toutefois que ces informations « contiennent des éléments de vérité, mais il n'est pas question de plan de paix ». « Les choses sont claires : les Palestiniens doivent remplir leurs engagements pris dans la "feuille de route", c'est-à-dire qu'ils doivent d'abord mettre fin au terrorisme et désarmer les organisations terroristes », a-t-il ajouté. Rien évidemment en ce qui concerne la partie israélienne sommée quant à elle de mettre fin à la colonisation. Peu après la publication de ces informations, un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères avait confirmé l'existence d'une série de mesures agréées par Israël, les Palestiniens et l'Egypte, dans le cadre d'une relance du processus de paix. « Nous sommes au courant de l'existence d'une série de mesures que les trois parties, Israël, les Palestiniens et l'Egypte, se sont entendus pour prendre », avait indiqué ce haut responsable. Il avait précisé que « ces mesures que nous avons accepté de prendre avec l'entremise de l'Egypte » visent notamment à « faciliter la tenue de l'élection présidentielle », prévue le 9 janvier 2005, du président de l'Autorité palestinienne, à lever des barrages militaires dans les territoires palestiniens et à y autoriser des missions d'observation de l'Union européenne pour aider à l'organisation du scrutin. Le département d'Etat américain s'est montré quelque peu réservé, mais un haut responsable américain a abordé un sujet d'une extrême sensibilité. Les colonies israéliennes à l'est de la barrière de séparation qu'Israël érige en Cisjordanie devront être démantelées, a en effet affirmé Elliot Abrams, conseiller auprès de la Maison-Blanche pour le Proche-Orient. En avril, à l'issue d'une rencontre à Washington avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président américain George W. Bush avait publiquement affirmé que le règlement permanent du conflit israélo-palestinien devrait tenir compte des « réalités démographiques » sur le terrain, sans s'engager spécifiquement comme le souhaite Sharon sur le maintien des grands blocs de colonies juives en Cisjordanie occupée. Quelque 400 km2 de la Cisjordanie se retrouveront du côté israélien de la barrière de séparation, selon le dernier tracé retenu, a récemment indiqué le quotidien Haaretz. C'est ce qu'on appelle une annexion de facto et qui représenterait environ 8% de la superficie totale de la Cisjordanie, une agression largement réprouvée au plan international.