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Si Washington voulait...
La Maison-Blanche et le rapport Baker
Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2006

Finalement, la commission Baker chargée d'émettre des propositions de sortie de la guerre en Irak a été bien au-delà de ce conflit, pour aller au-devant de discours américains ou tout simplement d'engagements pris devant la communauté internationale.
Comme l'instauration de la paix dans toute la région du Proche-Orient, la préservation des équilibres dans cette région particulièrement sensible. En fait, toutes les implications liées à ce conflit, que laisse entendre ce rapport, mettent en danger les intérêts des Etats-Unis. Et en ce sens, la situation actuelle en Irak est porteuse de dangers pas uniquement pour les Irakiens déjà poussés au désespoir. A ce propos, l'un des conseillers américains ayant contribué au rapport de cette commission plus connue sous le nom de son président James Baker sur l'Irak estime que si l'administration américaine change de cap au Proche-Orient Israël suivra. Ce qui tient lieu d'évidence, figure dans une interview publiée hier par le premier quotidien israélien. Et ce n'est pas le premier venu qui le dit. C'est un spécialiste de questions du Proche-Orient qui s'exprime ainsi, avec en moins la réserve à laquelle l'astreignait sa fonction d'ancien numéro deux du Département d'Etat. C'était au début des années 1990, alors même que le monde s'apprêtait à faire face au terrorisme, autre question qu'il maîtrise aussi parfaitement. Mais il n'a pas été écouté. « J'ai beaucoup de respect pour Ehud Olmert. J'estime que si nous bougeons, lui aussi bougera », a déclaré Edward Djerejian, également ancien ambassadeur américain en Syrie et en Israël au Yediot Ahronot. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, s'est efforcé jeudi de dissocier le conflit israélo-arabe de la situation en Irak, exprimant ouvertement ses désaccords avec le rapport Baker qui a fait craindre en Israël un changement de cap de la politique américaine. Le rapport américain sur l'Irak, publié mercredi, a été rédigé par une commission co-présidée par James Baker, ex-secrétaire d'Etat. Il préconise un engagement de Washington en faveur d'un règlement du conflit israélo-palestinien et un retrait israélien du plateau syrien occupé du Golan, en échange d'un accord de paix entre la Syrie et Israël. « Je savais que la première réaction serait l'inquiétude. Mais je lis les sondages. Il me semble que la plupart des Israéliens comprennent maintenant qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit », a estimé M. Djerejian. « Israël, malgré sa puissance militaire, n'est pas capable de l'emporter et ses ennemis ne peuvent le détruire. La solution est politique », a-t-il ajouté. Quant au président George W. Bush, qui a repoussé jeudi certaines de ces recommandations, il a accédé à l'idée d'un nouvel effort diplomatique pour le Proche-Orient, que mènera son allié Tony Blair. Le président américain a annoncé lors d'une conférence de presse conjointe à Washington avec le Premier ministre britannique que celui-ci se rendrait prochainement dans la région pour tenter de relancer les pourparlers israélo-palestiniens dans l'impasse. M. Blair précédera dans la région la secrétaire d'Etat américaine. Mme Condoleezza Rice s'y rendra début 2007, a annoncé le département d'Etat. Une initiative diplomatique, pour résoudre le conflit israélo-palestinien figure au nombre des 79 recommandations soumises mercredi à M. Bush par le Groupe d'études sur l'Irak. Reste à savoir ce qui sortira de cette initiative qui ne sera qu'une parmi tant d'autres. Comme le Groupe d'études, M. Blair a lié la résolution du conflit israélo-palestinien et la stabilisation de la région et de l'Irak en parlant de « vision globale ». Il s'agit, a-t-il dit, d'envoyer le « signal très fort » que les Etats-Unis et leurs alliés « traitent équitablement » les Israéliens et les Palestiniens. M. Bush a réaffirmé sa volonté de voir coexister en paix deux Etats israélien et palestinien. Mais il a paru conserver ses réticences à lier cette question à la question irakienne. C'est tout simplement une nouvelle approche. Et en ce sens, James Baker, chef de la diplomatie de son pays lors de la première guerre américaine contre l'Irak en 1990, était aussi l'initiateur de la conférence internationale pour la paix au Proche-Orient tenue moins de dix mois après la fin de cette guerre. Sans succès il est vrai, mais elle a permis de mettre sur pied un processus qui mettait face à face les différentes parties au conflit. Que fera alors l'Administration américaine, car tout le monde s'accorde à reconnaître que la situation est franchement mauvaise ?

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