Le directeur général de l'Observatoire de Bouzaréah a apporté des éléments d'explication au phénomène sismique. La vedette du 8e épisode n'était autre que le directeur général du Craag (Centre de recherche en astronomie, en astrophysique et en géophysique, ou Observatoire de Bouzaréah), en l'occurrence Yellès Chaouch Abdelkrim. Cité en tant que témoin, ce dernier, en sa qualité d'éminent sismologue, s'est attelé à répondre aux questions des avocats de la défense. «Etant donné qu'on est dans un pays sismique, la logique voudrait qu'on devait respecter au maximum l'ensemble des prescriptions et critères de constructibilité des règlements en vigueur», a répondu M.Yellès Chaouch à une série de questions de la défense. D'emblée, la question était de savoir, pourquoi les différents bâtiments ont réagi différemment à la violence du séisme? Comment se fait-il que les bâtisses datant de l'époque coloniale n'ont pas été touchées, alors que d'autres, récentes, ont subi d'énormes dégâts? Si les immeubles d'avant 1999 ont été érigés selon le RPA 99, quel serait le résultat? Sur quelles données repose le zonage et comment évolue-t-il? Ou encore, peut-on maîtriser la science définissant les séismes? Est-ce que c'est le Craag qui donne le feu vert pour faire le zonage? Y a-t-il des zones non constructibles ou inéligibles à la construction? Et est-ce que l'effet du site et la liquéfaction sont liés à la nature du sol? M.Yelès Chaouch Abdelkrim a pu, plus ou moins, apporter un éclairage sur un thème, à tout le moins, ardu. D'emblée, ce dernier dira: «Je ne comprends pas comment peut-on construire sur le remblai au bord d'une falaise. C'est inacceptable!» «Donc, l'interrompt le procureur, vous confirmez que, malgré la violence du séisme, il y a les erreurs humaines». M.Yellès affirme qu'il y a d'autres facteurs qui ont renforcé la fragilité, qu'il faut déterminer avec précision. Et le juge d'enchaîner: «Les constructions érigées selon le RPA 99, sur un sol fragile, subirent donc des dégâts importants, à la lumière de votre réponse.» En tant que témoin principal, M.Yellès Chaouch Abdelkrim répond que dans le cas de séisme, chacun est spécialisé dans son domaine, en sachant que le séisme est une science en constante évolution qui essaie d'apporter des réponses. Outre la violence du séisme, on peut démontrer l'influence de chaque élément entrant dans la construction. C'est à partir de là, que les responsabilités peuvent être situées, selon le responsable du Craag. Et de confirmer que le Craag ne se charge pas à l'établissement du zonage. Interrogé sur le récent séisme survenu à Ouargla, une région classée zone zéro, M.Yellès Chaouch dira: «Il n'y a pas de sismicité dans les zones rigides non soumises aux activités sismiques.» Et de poursuivre: «En fait, il y avait un incident technique à la frontière tunisienne, et ce qui s'est passé à Ouargla, c'est la prolongation de cet accident. Pour dire, que la sismicité se passe aux frontière des plaques, non à l'intérieur, par un phénomène dit de transfert des contraintes.» Concernant l'accélération et le cheminement de la faille, le directeur du Craag souligna que dans le cas du séisme de Boumerdès, le deuxième le plus violent après El Asnam, l'énergie s'est propagée sur un rayon de 150km, et étant donné que la terre a ses hétérogénéités, donc n'étant pas homogène, l'accélération diffère d'une zone à l'autre dans la terre souple, les sédiments et les régions alluvionnaires, où les onde vont être piégées, l'accélération s'amplifie et l'intensité augmente, contrairement aux zones rocheuses et compactes. Par ailleurs, la magnitude 6,8 était-elle prévisible interroge la défense. «La sismicité n'est jamais définitive et la faille marine est une donnée nouvelle pour le Craag», expliqua M.Yellès Chaouch Abdelkrim. Enfin, M.Yellès Chaouch conclut que les dommages matériels dépendent de la force de la magnitude, des propriétés géomécaniques des structures, des violences de l'intensité du séisme, et de la qualité des plans d'aménagement du territoire (Pdau et POS, plan d'occupation du sol). Cet expert souligne, d'autre part, que pour situer les responsabilités il faut faire des modélisations à base de simulations par ordinateur.