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«J'y suis, j'y reste»
MOKHTAR KALEM À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 04 - 08 - 2007

Le président du CRB indique que rien ne le fera dévier de ses principes.
L'Expression: De tous les présidents de clubs de la division 1 vous avez été celui qui a subi le plus de pression. Comment avez-vous pu tenir?
M.Kalem: Tout simplement pour montrer à mes détracteurs que si je me suis présenté à la présidence du CRB, ce n'était pas par pure fantaisie. Quand on postule à une telle charge, c'est que l'on a mûrement réfléchi, qu'on a pesé le pour et le contre, et qu'on cherche à améliorer le standing du club. On doit surtout montrer qu'on est venu animé d'une grande volonté de bien faire, quelles que soient les difficultés qui s'érigent devant vous. Le jour de mon élection, je savais que je ne faisais pas l'unanimité, car le projet que j'amenais ne correspondait pas aux ambitions de certains personnages qui ont voulu faire du Chabab une chasse gardée. On a cru qu'en faisant pression sur moi, on allait me faire céder. Ils me connaissent mal. Je peux vous assurer que toutes les critiques dont j'ai été l'objet, toutes les attaques qui se sont focalisées sur ma personne, ont eu l'effet contraire de ce que ces gens espéraient. Elles m'ont conforté dans ma conviction que ce que je faisais allait dans le bon sens, celui de l'intérêt du club. Elles ont décuplé ma volonté de continuer dans l'oeuvre qui m'a été confiée, pour répondre à ceux qui m'ont accordé leur confiance le jour du vote.
Pourquoi, selon vous, cherchait-on à vous écarter?
Parce qu'on savait qu'avec moi, ce serait le travail dans la transparence et dans la confiance mutuelle. Quand je suis arrivé, j'ai trouvé un groupe de joueurs qui ne vivaient que de promesses. Pourquoi se moque-t-on d'un athlète, alors qu'on sait qu'on ne pourra jamais répondre à ce qu'il demande? Savez-vous, par exemple, qu'il y a des joueurs qui n'ont pas perçu leur première tranche de la prime de signature de la saison dernière? Savez-vous aussi, que presque tous les joueurs n'ont pas vu la couleur de l'argent de la seconde tranche, exception faite des trois joueurs qui sont partis? Qu'on se pose la question de savoir pourquoi un tel privilège pour des joueurs qui quittent le club, alors que ceux qui ont fait état de leur désir de rester n'ont rien eu. Je vous citerai, également, le cas Kabri.
Pourquoi Kabri spécialement?
Parce que je trouve que ce qui s'est passé avec lui, montre la manière avec laquelle le club était géré. Kabri est un joueur qui voulait s'en aller, seulement, il était encore sous contrat. Je ne me suis pas opposé à son départ mais je lui ai demandé de voir un club, capable de payer une certaine somme, pour avoir sa lettre de libération. C'est ce qu'il a fait. Il m'a, alors, téléphoné pour me dire qu'il allait venir me rapporter la somme intégralement. Ma réponse l'a sidéré, en ce sens que je lui ai demandé de remettre l'argent au comptable du club, afin qu'il le mette dans le compte en banque du club, après qu'il lui aura signé une décharge. Kabri était sidéré, parce que, selon lui, il n'avait jamais agi de la sorte par le passé. Je vous laisse apprécier à votre manière cette histoire.
Tout cela c'est bien, mais il semblerait que l'un des reproches que l'on vous faisait, est de n'avoir pas su conserver les cadres du club, et ne pas avoir fait un grand effort dans le recrutement.
Ecoutez, quand je suis arrivé, les trois joueurs dont je parlais tout à l'heure, étaient déjà partis. Maintenant, pour ce qui est des autres, je vous pose la question: est-ce qu'ils sont partis? Non. Donc, on ne peut m'accuser de rien de ce côté. Pour ce qui est du recrutement, je n'ai jamais promis, en arrivant, que le club allait recruter tous azimuts. Le CRB est un grand club et il le restera, mais ce n'est pas en se lançant dans une politique d'achat à profusion de joueurs qu'il le deviendra. De tels clubs peuvent atteindre la gloire, mais elle ne sera qu'éphémère, car bâtie sur du vide. Le Chabab a eu le privilège, cette saison, de remporter le championnat d'Algérie en cadets et en juniors. Vous n'allez pas me faire croire que, parmi tous ces jeunes, il n'y en a pas trois ou quatre, capables de faire une grande carrière. Nous n'avons pas le droit de négliger ceux que nous avons sous la main. Nous nous devons de faire en sorte à fructifier cette chance, d'avoir une génération de jeunes joueurs si prometteurs.
Mais vous savez que la rue est impatiente et elle demande des noms.
Absolument, mais cette rue n'est-elle pas aussi manipulée? D'autre part, quand on exige des noms il faut des moyens, surtout financiers et là, je vous apprends qu'à mon arrivée, tout ce que j'ai trouvé comme argent, ce sont 114 millions de centimes. Et encore, cette somme je ne peux pas la toucher, vu que les deux comptes du club sont bloqués. J'ajoute que des dettes, il y en avait partout, notamment, avec certains hôtels, mais aussi la dame qui héberge quelques-uns de nos joueurs. Elle ne cesse de nous harceler pour être payée, et je trouve que c'est normal qu'elle le fasse. Vous voyez un peu dans quels problèmes nous nageons, alors qu'on exige de nous qu'on fasse un effort dans le recrutement, au risque de mettre le club dans une situation de faillite. J'ajoute qu'à notre arrivée, on nous avait dit que nous allions trouver pour 800 millions d'équipements sportifs. Nous n'avons rien trouvé et jusqu'à aujourd'hui, nous nous demandons où sont passés ces équipements.
Des joueurs qui demandaient à partir ont fini par rempiler. Comment avez-vous réussi à les retenir?
Je suis un nouveau président peut-être, mais je ne crois pas qu'il en existe beaucoup qui aient été joueur international, entraîneur de club et entraîneur national comme moi. Je crois avoir assez d'expérience pour mettre à l'aise un joueur, car ce dernier ne demande qu'à avoir devant lui, un homme de parole et de confiance. Ceci dit, je me suis interdit de négocier avec tout joueur qui n'a pas repris les entraînements. Comme vous pourrez le constater sur place, les choses évoluent le plus normalement du monde au CRB en ce moment.
Tout à l'heure vous parliez de «rue manipulée». A qui faisiez-vous allusion?
A certaines personnes, peu nombreuses qui se reconnaîtront. Ce sont elles qui ont payé des gamins, pour qu'ils aillent chahuter devant le cercle du club. Ces gamins ont vite fait de plier bagage, devant l'insistance de grandes et respectables personnes.
Le CRB s'est tout de même distingué par le passage de trois entraîneurs avant même que la saison n'ait débuté.
Vous faites bien d'aborder ce sujet, car on a trop dit sur moi, alors que je n'y suis pour rien dans ces départs. Quand j'ai ramené Azzeddine Aït Djoudi, je me suis entendu avec lui sur de nombreuses conditions qu'il posait. J'ai ensuite tenu une réunion avec lui, au cours de laquelle nous avons parlé de ce que j'attendais de lui. Le lendemain, il a fait une déclaration à la presse dans laquelle il a dit: «Le programme de Kalem me plaît». Le même jour, il revient me voir pour me poser d'autres conditions: il voulait une voiture, et un téléphone portable. Me voyant réticent, il fait une autre déclaration dans les journaux où il indique: «Je n'aime pas travailler dans le flou.» Il dit, donc, une chose aujourd'hui et son contraire le lendemain. Pour ce qui est de Abdelkrim Bira, j'avoue n'avoir pas su le convaincre de rester. Il est arrivé à un moment où le club était perturbé de partout et où les joueurs nageaient dans l'incertitude. En outre, il a eu affaire à un groupe de supporters, lors d'une séance d'entraînement, qui ont fait pression sur lui. Je crois qu'il n'a pas pu tenir devant un tel harcèlement, et je regrette vraiment, de ne pas m'être trouvé ce jour-là, auprès de lui pour affronter ces supporters.
Le problème de l'entraîneur est-il définitivement réglé?
Oui, puisque Mohamed Henkouche est en place, et a commencé à travailler.
Il se dit que le CRB va préparer la prochaine saison en Algérie. Le confirmez-vous?
C'est exact. Ecoutez, contrairement à ce que l'on veut faire croire, on dispose en Algérie, des conditions pour faire du bon travail. J'ai été joueur et entraîneur. J'ai, donc, une certaine connaissance de ces stages à l'étranger, dont on dit qu'ils sont profitables. A mon avis, il y a plus de moments de loisirs que de travail, dans ce genre de mission.
Un dernier mot à propos du bureau qui doit être élu pour vous épauler. Où en est la démarche?
Le bureau existe et il travaille. Nous allons convoquer une assemblée générale pour qu'il soit agréé.


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