La ville de Bgayet, qui était, jusqu'à hier épargnée, a vécu au rythme des émeutes. Des groupuscules de jeunes se sont attaqués à plusieurs édifices publics qu'ils ont saccagés. Les scènes décrites, hier, dans la ville de Béjaïa, ressemblent, à s'y méprendre, à celles vécues durant le samedi noir du 16 juin de l'an dernier. Plusieurs foyers ont vu le jour dans la matinée d'hier. A Ihaddaden, le lycée, qui avait abrité les dialoguistes qui ont récemment tenu un forum au TRB, a subi d'importants dégâts. Des dizaines de jeunes l'ont pris d'assaut et allaient le saccager, n'eût été l'intervention des forces de l'ordre pour les repousser. Le même sort a été également réservé au bloc administratif reconstruit récemment. Toutes les vitres ont volé en éclats. Cet édifice, qui abrite différents services administratifs et certains titres de presse, a subi des dégâts importants. Non loin de là, la poste principale n'a pas été épargnée par la furie des jeunes. D'importants dégâts sont à déplorer. Le distributeur de monnaies, placé dimanche, a été arraché par les émeutiers qui ne ratent rien sur leur passage. La maison de la culture, en voie de reconstruction, a été prise d'assaut et saccagée. Elle est méconnaissable. A l'heure où nous mettons sous presse, un important dispositif sécuritaire est déployé dans les principales artères de la ville. Les éléments de la gendarmerie traquaient les émeutiers et les dispersaient à l'aide de bombes lacrymogènes. Par ailleurs, les régions instables ont renoué avec la violence. C'est le cas notamment à Sidi Aïch où les heurts ont repris, hier en fin de matinée. Des dizaines de jeunes téméraires, qui n'ont pu participer à la marche, ont pris d'assaut le tribunal de la ville. Des hostilités sont alors déclenchées et se poursuivront toujours. Les éléments des CNS, stationnés à l'intérieur, n'ont pas tardé à sortir pour repousser les jeunes à l'aide de bombes lacrymogènes. A El-Kseur, la tension est toujours vive ; les hostilités pourraient reprendre à tout moment si la libération des deux jeunes n'intervenait pas dans l'immédiat, nous déclarait, hier, un délégué. Amizour, Seddouk et Souk El-Thenine ont connu des escarmouches. A Timezrit, les éléments de la brigade de gendarmerie locale ont, durant toute la journée d'hier, fait face à des dizaines d'émeutiers. Deux blessés graves ont été signalés. La situation s'est particulièrement dégradée dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa. Des centaines de blessés ont été dénombrées depuis la reprise des hostilités. La tension est toujours persistante. Un embrasement peut survenir à tout moment. La quiétude semble laisser place aux mauvais jours.