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La nature en friche
OUZRA
Publié dans L'Expression le 19 - 08 - 2007

Ouzra, daïra et chef-lieu de plusieurs communes alentour, était, il n'y a pas si longtemps, cadrée d'une luxuriante forêt de chênes.
Ouzra (ex-Loverdo), commune de l'historique et grand Titteri. Perchée sur l'adret de l'Atlas blidéen, elle donne son nom à une province de contrastes vigoureux, où l'amplitude des états du ciel oppose à un été sec et relativement chaud, rendu âpre par l'effet d'altitude, un hiver continental, brumeux, neigeux que ponctuent souvent, entre deux coups de tonnerre, de très belles éclaircies aux couleurs vives et enviables du Midi.
A 7km de Médéa, centre-ville et chef-lieu de wilaya, Ouzra, daïra et chef-lieu de plusieurs communes alentour, était, il n'y a pas si longtemps, cadrée d'une luxuriante forêt de chênes. Juxtaposant le côté est de la Nationale1, le sud, l'est et le sud-ouest d'Ouzra offrent à perte de vue des milliers d'hectares de vignobles, d'arbres fruitiers, de collines verdoyantes et de vastes domaines de pâturage.
Le nord et le nord-est relèvent exclusivement du domaine de la haute montagne. Une véritable barrière montagneuse, datant du miocène et du pliocène (deux âges géologiques), constituée de massifs boisés et rocailleux longe, sur une vue de plus de 100km, l'horizon.
Koudiet Gueroumène, majestueuse, culmine presque à 1700 mètres d'altitude, le pic de Mouzaïa à 1604 mètres et Takrina, d'où l'on peut facilement voir les monts de l'imposant relief du Djurdjura, affleure les 1500 mètres.
Ouzra en son milieu naturel
D'où que l'on débouche, Ouzra s'impose brutalement comme une espèce de plateaux en escaliers.
A partir de 800m du lieudit Aïdani et jusqu'à 1367m à Koudiet Serradj et dans une fameuse démarcation en escaliers, les compartiments du relief, toujours vers le sud, se détachent en retrait. Une topographie caractérisée par un vieux relief, plus au moins élevé et, dont les sommets aplatis sont principalement exploités pour la culture de la vigne, et dans le cas échéant un couvert végétal clairsemé: des arbres de chêne et souvent des broussailles occupent les faîtes de l'Estrade, Elkaf, Masconi: 1267m.
Les sites en friche, relativement éloignés de l'action directe des hommes, gardent plus ou moins l'aspect de forêt: des lambeaux de futaies de chênes s'étalent sur plusieurs étages d'un relief intercalé, accompagnés d'un cortège floristique spécifique à l'étage subhumide supérieur frais.
Sur l'adret de l'Atlas blidéen à une altitude d'environ 800m, on s'enivre: les genêts, le genévrier, la thuya, le pin d'Alep, odeur des résineux, couleur de coquelicots, voltige des papillons, cris de corbeaux, profusion de gibier en son gîte, etc. Jadis au plus fort de l'été, le villageois, rebelle d'antan, confiant, y venait chercher du frais.
Favorisée par l'exposition de son relief aux fronts des pluies orographiques, un faible indice d'évapotranspiration, et des températures modérées tout au long de l'année, Ouzra reçoit d'importantes quantités de pluies. Quelques endroits, îlots très restreints, constituent tout un éventail de climats locaux: frais, froids, humides et parfois même hyperhumides.
Autant de facteurs naturels dépositaires à ce fragment de terre, d'énormes potentialités suggestives d'une réelle réflexion quant à une prompte tentative de réhabilitation du cadre forestier d'Ouzra, et dans toute l'étendue des variantes que permet déjà cette prédisposition climatique et édaphique du site.
Calme, sérénité, fréquents passages de nuages, comme rappelant la fuite inéluctable du temps qui passe, et constante dualité des états extrêmes des climats et de la géologie du cadre physique.
L'effet d'altitude et de la météorologie changeante donne au paysage une dose de solennité grave et une continuelle sensation de présence de sentiment de solitude.
Au-delà des collines verdoyantes, un peu plus vers le sud-est, paysage lunaire, des terres de couleur jaunâtres, rouge brique et des falaises rocailleuses, désert de chaos, de roches friables, terres jaunâtres, rouge brique, des landes comme épluchées et plus bas, sur les près voisins, des ravins profondément taillés en gorges pelées, rutilant sous le soleil torride du midi.
Quelques flancs retiennent encore leur souffle vert et gardent, non sans peine, leur bouffée d'oxygène. Au nord, de vastes étendues de forêts, clairières, et plus que jamais empreintes de marques indélébiles, lugubre expression des séquelles d'une sinistre décennie, vestiges des derniers incendies dévastateurs en date (1995, 1996, 1997, 2004 et août 2007).
A perte de vue, continuelle alternance des massifs forestiers atteints de calvitie, mais superbement sellées encore des parfums de la magique Méditerranée:
Sur de grandes étendues, les paysages naturels ont fait place au pacage, prairies, culture de la vigne et à l'arboriculture. Plus que jamais végétant misérablement, récalcitrantes et résistant à l'insulte de la hache, les forêts d'Ouzra sans cesse harcelées, évoluent à pas de tortue.
Sur une longueur d'environ 3 km, une basse végétation couvre les pentes raides et rocailleuses de l'imposant plateau, surplombant, d'est à l'ouest, la localité d'Ouzra et formant comme une assise dorsale évoluant jusqu'au petit hameau de Boussena. Les terrains en forte déclivité, dégarnis du couvert végétal, sont gravement empâtés par la solifluxion.
Nul besoin d'aller chercher un vieux briscard, car d'aucuns vivant ici, effleurant à peine la quarantaine, à la moindre sollicitation, vous étaleront, en haut débit et avec joie, nostalgie oblige, une riche biographie de ce que fut cet épinal du bonheur montagnard: sources coulant à flots, fraîcheur au plus fort de l'auguste mois d'août, couleurs éclatantes des coquelicots, de jacinthes, de narcisses, lièvre à profusion, ramage d'oiseaux, humidité matinale qui, de ses gouttes de diamant, se perle sur chaque feuille verte, sur chaque forme inerte.
Le soir tombant, soleil au couchant, là c'est une tout autre histoire. Rien de plus subjuguant que cette éternelle image du retour du troupeau, suivant des attelages de boeufs, mais surtout de chèvres et de moutons, évoluant à travers forêts, dahlias et champs; à travers des sentiers, minces filets aux bords rocailleux, étroits et drôlement pentus, serpentant sournoisement la falaise frileuse.
Jadis drapée d'un luxuriant couvert végétal, dont la prépondérance du chêne donnait au flanc cette éternelle couleur roux sombre, caractéristique de la Méditerranée, le paysage depuis le pittoresque plateau d'allure «Far West» des Beni Aïche, et passant par la rustique colline de Boussena, à plus de 1000m d'altitude au-dessus de la mer, perd de son tonus et n'offre aujourd'hui à la vue qu'une sinistre image de roches nues: çà et là quelques peuplements de pin d'Alep qui ont échappé de justesse à la fougue faucheuse.
Une dégradation avancée
Seuls quelques récalcitrants arbres de chêne vert, clairsemés, se figent solitaires, noyés dans un amas de curieux toupets de broussailles. Invasive et à prolifération anarchique, la broussaille domine les espaces d'une forêt en état de dégradation avancé. Cependant, les espèces constituant le cortège accompagnateur représentent un faciès indicateur de l'identité climatique et floristique d'un site qui a longtemps été harcelé.
Et ce n'est pas sans une certaine mélancolie que l'on franchit le seuil de cette bourgade (Ouzra), toujours en expansion longitudinale. Car on ne peut s'empêcher, du moins, ceux qui ont l'oeil vif, le coeur au diapason des splendeurs de la nature, ayant seulement quelques réminiscences de ce que fut Dame nature dans ce fragment de terre, à seulement quelques encablures de la capitale, d'éprouver un sentiment de peur, de tristesse et de déception quant au devenir incertain de l'écosystème de la forêt de ce fragment de l'Atlas blidéen.
Les premiers méfaits de la disparition du couvert végétal, et du dépérissement de l'ex-forêt, sont déjà assez notables. La géologie de l'endroit est constituée d'un matériel assez tendre, voire très tendre. Le tronçon de route reliant Ouzra, chef-lieu de daïra, à la localité de Benhadou (village agricole), risque d'être coupé à la circulation routière au niveau du lieudit l'Estrade, suite aux mouvements incessants des terrains: les effondrements et les glissements sont déjà à fleur du pavé de la route goudronnée.
Un peu plus en aval de la falaise dégarnie, toujours au même endroit, le comble du désastre certain et inéluctable est à son paroxysme: sur une longueur d'une centaine de mètres, les rails du chemin de fer, jadis évoluant en droite ligne, dans leur tracé d'origine, prennent curieusement aujourd'hui et sous l'effet d'une poussée toujours aussi pressante des terrains en mouvement de translation vers le bas, des allures serpentantes (flexion des rails). Par endroits, l'on peut même constater du vide. Les rails décollent à la suite des incessants efforts de compression des milliers de tonnes de terre en fuite à l'aval de la falaise, épluchée.
Une simple analyse de faits et une démarche des plus rudimentaires imposent explicitement une approche par simple comparaison, afin de déterminer au mieux les causes probables de cette érosion en bloc, constatée déjà depuis le début de l'hiver 2005.
A notre avis, le fait est simple: depuis l'époque coloniale, et sur une période de plus de 80 ans, le chemin de fer n'a pas bougé d'un iota de son profil d'origine, quand bien même des tempêtes de neige aussi notoires que celles qui auraient déjà marqué ladite époque, et jusqu'en 1988.
Dans des ouvrages d'hydrologie, de géographie et autres tels que celui d'Abdelkader Halimi: Atlas blidiéen où l'on note particulièrement, chiffres à l'appui, des événements pluviométriques exceptionnels: les neiges de 1901, 1954, ou les intempéries qui ont caractérisé les années 1970. Pourtant, les rails en ces temps-là suivaient tranquillement leur profil natal.
La raison est simple: le feuillage du couvert végétal absorbe une quantité d'eau avant que celle-ci n'atteigne le sol, les racines en absorbent une autre quantité, les troncs d'arbre et la végétation de soubassement constituent des barrières physiques, diminuant de ce fait la vitesse de ruissellement des eaux. Conséquence: les terrains sont moins saturés d'eau, l'action mécanique des eaux est moins importante, les racines retiennent le sol. Le risque d'éboulement est donc peu probable.
A quand la réhabilitation de l'ex-ceinturon de joie, de gaieté, du ramassage des glands en hiver et des repos sereins, au plus fort de l'été?


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