La «petite Saddam» figure parmi les 41 personnes recherchées par la justice irakienne. Celles-ci sont accusées de «crimes contre la vie et la santé des innocents». La «chasse» à la famille Saddam se poursuit. Raghad Saddam Hussein en est la cible cette fois-ci. Interpol a lancé, en début de semaine, un avis de recherche à l'encontre de la fille aînée de Saddam Hussein. Cette investigation intervient à la suite de la demande formulée, il y a une année, par le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki. Raghad, 38 ans, est «accusée» dans plusieurs «affaires de meurtres». Elle est soupçonnée, notamment, de «terrorisme» par le gouvernement irakien. La «petite Saddam» comme on la surnomme, figure parmi les 41 personnes recherchées par la justice irakienne. En tête de cette liste figure Izzat Ibrahim Al Douri, ancien membre du commandement du Baas, et actuellement à la tête de la résistance à l'occupation. Les personnes recherchées sont accusées de «crimes contre la vie et la santé des innocents». La démarche de l'organisation internationale de la police criminelle (Interpol) intervient deux jours après la visite d'une délégation sécuritaire irakienne à Amman, capitale de la Jordanie où s'est réfugiée la fille de Saddam Hussein. Interpol a toutefois souligné sur son site Internet qu'il n'y avait pas de mandat d'arrêt à l'encontre de Raghda mais que celle-ci fait l'objet d'une demande de coopération de la part de la police irakienne avec l'objectif d'une éventuelle arrestation en vue de son extradition vers l'Irak où elle doit répondre devant la justice d'accusations formulées à son encontre. L'accusée vit depuis 2003 en exil en Jordanie en compagne de ses enfants et de sa mère, Sajida Khairallah Tulfa. Au milieu de 2003, l'année de l'invasion américaine en Irak, le roi Abdallah II avait accordé à Mme Saddam Hussein, à Raghda et ses cinq enfants ainsi qu'à sa soeur Rana, le droit d'asile. Aussi, il serait surprenant qu'Amman accède à la demande de Baghdad, d'autant plus que, déjà en 2006, le Premier ministre de l'époque, Maarouf Bakhit, réagissant à une demande similaire du gouvernement irakien, avait eu à préciser la position d'Amman en indiquant que Mme Raghad était «une hôte de la famille royale hachémite et sous sa protection en tant que demandeur d'asile, conformément à la tradition arabe». Le Premier ministre a expliqué que la présence de Raghad Saddam Hussein sur le sol jordanien était «motivée par des raisons humanitaires». Il a rassuré le gouvernement irakien que «Raghad n'a aucune activité politique et médiatique», en Jordanie. De son côté, l'un des avocats de la famille Saddam Hussein, Issam al-Ghazzawi, a affirmé que «Raghad est une hôte de Sa Majesté le roi. L'Irak avait demandé, l'an passé, à la Jordanie de l'extrader mais le Royaume a refusé», a rappelé l'avocat jordanien. Et de souligner que «personne ne peut forcer la Jordanie à extrader Raghad. Je pense que le mandat d'arrêt d'Interpol n'a pas force de loi...». Ce qui rend, à tout le moins, problématique l'exécution de la demande formulée par Baghdad. Le gouvernement Maliki reproche-t-il à Raghad Saddam Hussein d'avoir, au long de la période de jugement de son père, défendu l'ex-président irakien? Ou d'avoir estimé que le procès fait à son père n'était pas équitable? Après l'exécution de son père, Raghad Saddam Hussein avait déclaré qu'elle était convaincue que son père avait été drogué par l'armée américaine avant d'être arrêté. «Un lion reste un lion même en captivité» a-t-elle ainsi affirmé. Aussi, après la «liquidation» des deux fils de Saddam Hussein, Oudaï et Qoussaï, en juillet 2003 dans un raid américain à Mossoul (Kurdistan irakien) et après la pendaison de Saddam Hussein et de ses deux frères ensuite, le gouvernement Maliki a-t-il sonné l'hallali de la famille Saddam Hussein? Le gouvernement irakien, installé par l'armée américaine, a-t-il des comptes particuliers à régler avec cette famille qui a marqué l'histoire de la grande civilisation mésopotamienne? Au regard de son acharnement contre la famille Saddam Hussein, le gouvernement Maliki semble avoir inscrit la «liquidation» comme l'une de ses priorités, et cela en a tout l'air.