Le gouvernement devrait connaître un remaniement partiel dans les prochains jours. Urgence. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, présidera un conseil des ministres avant la rentrée sociale, qualifié d'ores et déjà par les observateurs, d'explosif. Une occasion de faire le point sur la situation. Premier du genre pour le chef de l'Etat, après une quinzaine de jours de vacances. L'ordre du jour aura trait à la situation sociale en ébullition. La grogne sociale gagne en intensité. Pénurie de pommes de terre, grève des transformateurs de lait, menaces des taxieurs, pouvoir d'achat du consommateur en baisse. Aussi, d'aucuns s'attendent à ce que le président marque, à sa manière, son retour en prenant des mesures, mûres et réfléchies, à même de remettre de l'ordre. Le président de la République ne va pas jeter des fleurs. Bien au contraire, il va mettre les points sur les i. Connaissant parfaitement les compétences des uns et des autres, il n'hésitera pas à interpeller certains à faire un effort, et pourquoi pas remercier d'autres. Un avant-goût de l'ambiance. Cette mise au point du président interviendra alors que les soubresauts qui secouent le monde du travail sont symptomatiques d'un malaise social que les différentes strates de la société, notamment la classe moyenne, traînent tel un boulet depuis plusieurs années. D'où la récurrence des problèmes soulevés lors des mouvements de protestation. Dans le but de désamorcer la «bombe», le président de la République devrait annoncer plusieurs mesures lors de ce rendez-vous. Identifier les lacunes afin d'entamer la rentrée sociale dans de bonnes conditions, tel sera le leitmotiv du chef de l'Etat. Dans ce contexte, plusieurs ministres en charge des dossiers sensibles se tiennent déjà le «ventre» pour avoir failli à leurs missions. Le chef de l'Etat avait personnellement affiché son mécontentement vis-à-vis de certains ministres qui lui auraient menti. A ce titre, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, qui n'a pas su faire les prévisions nécessaires, et le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, qui n'a pas pu maîtriser la flambée des prix, sont dans le collimateur du président. Les mêmes reproches devraient être adressés au ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès. Celui-ci, alors que l'Algérien n'arrive pas à faire face aux différentes spéculations relatives aux produits de large consommation, n'a pas trouvé mieux que de préconiser la distribution du couffin de Ramadhan aux Algériens de l'Hexagone. Décidément, on aura tout vu. En outre, la prime de scolarité de 2000 dinars octroyée aux démunis, dont Ould Abbès est en charge, connaît quelques désagréments. Le même cas reste valable pour les autres secteurs tels que l'habitat, l'emploi et les transports. A la suite de ce conseil des ministres, le chef de l'Etat, qui est loin d'être satisfait du travail des représentants du gouvernement, devrait prendre certaines mesures radicales, indiquent nos sources. Dans ce sens, on apprend que sur proposition des cadres du Front de libération nationale (FLN), le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, devrait relancer le chef de l'Etat sur un éventuel remaniement gouvernemental. En outre, il devrait soumettre au chef de l'Etat une série de mesures dès le retour de vacances de ce dernier. Des mesures à même de répondre aux aspirations des citoyens. L'équipe dont il a hérité est loin de satisfaire l'actuel locataire du Palais du gouvernement. Des changements et des petites mutations sont à prévoir dans les prochains jours. Ce qui devrait donner une nouvelle impulsion à l'action du gouvernement. Un autre élément de taille le confirme. Le président est déterminé à donner un coup de pied dans la fourmilière afin de secouer les uns et les autres, insistent les mêmes sources. Fini le temps des paresses et des excuses. Sans faire de rappel, chacun connaît ses faiblesses. Tout a été dit lors des audiences des ministres le dernier Ramadhan. Le président exigera le passage à la vitesse supérieure. Pas question de compromettre la réalisation des projets engagés ni la rentrée sociale qui s'annonce, par ailleurs, difficile. En conclusion, le chef de l'Etat veut faire accorder les violons. Il en serait grand temps!