C'est bien beau de jouer contre le Brésil, l'essentiel est de gagner en Gambie le 9 septembre. L'histoire n'a fait que se répéter pour les Algérie-Brésil. Lors des trois premières confrontations entre les deux sélections, celle du pays sud-américain s'était toujours imposée. Celle de mercredi dernier, à Montpellier, n'a pas failli à la règle, les Brésiliens ont de nouveau gagné. Cela entre dans la logique des choses. Quand le premier pays du classement FIFA affronte le 73e du même classement, il y a peu de place à la chance. Dans 90% des cas, le plus fort finit, à chaque fois, par l'emporter. L'autre aspect de la chose consiste à voir si l'adversaire du plus fort a vendu chèrement sa peau ou bien n'a servi que de faire-valoir. Force est de reconnaître qu'en ce domaine, les Verts ont su faire de la résistance, voire se débrouiller pas mal pour bousculer ce géant du football international. Seulement, il va bien falloir rester prudent. Une équipe nationale algérienne qui fait une belle prestation contre l'une des meilleures équipes de la planète, on a déjà vu ça. C'était contre l'Argentine au mois de juin dernier. Mais on se souvient que ce match servait de préparation à une autre rencontre autrement plus importante pour les Verts, à savoir celle contre la Guinée, pour le compte des qualifications pour la CAN 2008 et cela s'était terminé par une catastrophe pour eux. Celle de mercredi dernier était un test pour un autre match important de l'équipe algérienne, celui qu'elle doit livrer le 9 septembre prochain, à Banjul, contre son homologue de Gambie. C'est dire que belle prestation ou pas face au Brésil, ce qui nous intéresse, c'est le match du 9 septembre et dans l'histoire on préfère une équipe algérienne qui rate complètement sa sortie face aux Brésiliens mais qui nous offre un fort beau succès dans moins d'un mois à Banjul. A ce sujet, l'on se rappelle qu'en 1981, les Verts, qui préparaient un important match de qualification à la Coupe du monde de 1982 au Nigeria, avaient affronté, en match amical au stade du 5-Juillet, l'équipe du Paris SG. On avait eu droit ce soir-là à une formation algérienne fantomatique, complètement à côté de son sujet et qui avait été écrasée par la formation parisienne (3-0). Une semaine plus tard, jour pour jour, elle était allée à Lagos donner la leçon aux Nigérians (2-0) et pris une sérieuse option pour la qualification pour l'Espagne. Il s'agit donc de faire preuve de retenue après le match de mercredi dernier même si les joueurs algériens ont démontré qu'ils mériteraient d'aller au Ghana. Cependant, on ne manquera pas de faire remarquer que les deux dernières belles exhibitions des Verts ont eu lieu sur des terrains recouverts d'une pelouse digne de ce nom. Tant à Barcelone qu'à Montpellier, le gazon sur lequel les joueurs ont évolué ressemblait à un tapis alors que celui du stade du 5-Juillet sur lequel s'est produite la désillusion face à la Guinée était indigne d'un match de cette importance et de la renommée du stade. Evidemment, on dira que la mauvaise pelouse a gêné également les Guinéens ce soir-là, mais on sait qu'un tel désagrément nuit beaucoup plus aux intérêts de l'équipe qui joue chez elle qu'à ceux de son adversaire. Les joueurs algériens ont attiré l'attention sur ce fait mais on ne lui a pas accordé trop d'importance pensant qu'ils cherchaient des excuses à leur ratage. Mais après les avoir vus contre les Brésiliens, on se dit qu'ils ont, quelque part, raison puisque leur jeu a été plus délié et nettement plus convaincant que face à la Guinée. Une autre remarque: l'entraîneur Jean-Michel Cavalli a joué contre les Brésiliens de la même manière qu'il l'avait fait contre la Guinée, à savoir une tactique sans vrai attaquant de pointe, Saïfi ne pouvant être considéré comme un spécialiste de ce poste. Avec une stratégie basée sur la prudence, l'équipe d'Algérie a pu contenir son adversaire, puis le bousculer jusqu'à obtenir de franches occasions de marquer. Le soir de Algérie-Guinée, nous l'avions dit: si notre équipe avait gagné, Cavalli aurait été considéré comme le meilleur entraîneur au monde. Aujourd'hui, il regagne en estime auprès des supporters algériens après la belle prestation des Verts face aux Brésiliens mais son véritable test ce sera le 9 septembre à Banjul. Des voix se sont élevées pour regretter qu'un Boutabout ne soit pas dans cette équipe qui manque terriblement d'attaquant de pointe. Mais sait-on que Boutabout a lui-même dit à Cavalli de ne le convoquer que si c'était pour qu'il soit titulaire? Aucun entraîneur au monde, pas même Dunga pour Ronaldinho, ne peut garantir à un joueur un poste de titulaire, et dans ce cas Cavalli a raison de ne pas faire appel au joueur de Sedan. Pour lui, l'essentiel, c'est maintenant de bien préparer la Gambie en espérant que les joueurs restent dans l'esprit de Montpellier. Il est possible que s'ils venaient à gagner à Banjul, la qualification pour le Ghana ne sera pas garantie. Ils auront au moins réussi à redorer le blason de cette équipe et à la mettre dans de meilleures dispositions morales avant l'entame de la campagne de la Coupe du monde et de la CAN de 2010 qui commencera en juin prochain. Jean-Michel Cavalli (entraîneur de l'Algérie): «Tenir une mi-temps face au Brésil, après notre bonne résistance face à l'Argentine, n'est pas le fait du hasard. C'est le signe que nous avons progressé. Lorsqu'on perd 2-0 face au Brésil, on n'a pas à avoir honte. Quand on voit que nous avons même réussi à nous procurer des occasions, il faut dire bravo aux joueurs. Après avoir tenu soixante minutes face au Brésil, nous devrions être capable de tenir 90 minutes en Gambie. La qualification pour la Coupe d'Afrique des nations est vraiment à notre portée. Ces deux matches face à l'Argentine et au Brésil sont le signe que l'Algérie redevient crédible sur la scène internationale». Dunga (entraîneur du Brésil): «A la mi-temps j'avais demandé à mon équipe de hausser le rythme. Tous les joueurs qui sont entrés après la pause ont permis à l'équipe d'accélérer le jeu. En première période, notre jeu offensif, qui était basé sur la montée des latéraux, a bien marché. Nous avons eu des occasions, mais nous n'avons pas marqué. Il ne faut pas oublier que les joueurs n'ont qu'un match dans les jambes. Devant un public hostile, nous avons travaillé notre patience, notre maîtrise du ballon. Mon groupe est bien défini, même si la sélection reste ouverte à tous. On attend de Ronaldinho qu'il réalise des matchs exceptionnels à chaque coup. Dès qu'il touche le ballon on attend un geste phénoménal. Mais, un joueur dépend toujours du collectif, du mouvement autour de lui».