Le terme utilisé pour désigner la tente est le même que celui qui sert à dénommer la famille. La kheïma de voyages et randonnées du Sahara algérien explore donc les relations étroites que l'homme entretient avec ces espaces, qu'il s'agisse de l'art ou des traditions anciennes, une curiosité ethnologique autant qu'environnementale. C'est au niveau du centre d'Alger qu'une tente confectionné en peaux d'animaux a été installée. Divers objets d'arts traditionnels y sont exposés. Une pause thé à l'intérieur de la kheïma est proposée aux visiteurs curieux. Le travail effectué est considérable. C'est une référence qui permettra de mieux comprendre l'évolution de ce paysage et de ceux qui l'ont habité. M.Attallah Fateh, responsable de la kheïma, explique au moment de notre entrevue: «Vous n'avez pas découvert le Sud et son histoire, Nous, nous avons fait mieux: nous vous l'avons établi symboliquement avec cette kheïma pour vous faire voyager dans le temps.» Le Sahara a été, à la période néolithique, l'un des foyers les plus vivants de la préhistoire et a révélé, du même coup, l'existence de multiples civilisations qui, elles, ne sont pas légende. Enfin réédité, ce travail est une exploration au sens vrai du terme. Jusqu'aux terres les plus anciennes de notre histoire, la kheïma, ou tente, est utilisée par les tribus ou les nomades. Cette tente est appelée, beït esh-shaâr «maison de poils». Elle est de très loin l'abri le plus répandu. Elle est rapidement montée ou démontée, elle s'adapte au climat et convient aux déplacements saisonniers motivés par la recherche de pâturages. La matière première est facile à renouveler. C'est une tâche réservée seulement aux femmes. Les peaux sont une matière adéquate pour assurer une meilleure aération intérieure et appréciable en saison chaude. Elle est imperméable et présente une esthétique plus élaborée. La matière utilisée est composée d'un assemblage de peaux de chèvre, de mouton, de zébu, rarement de gazelle. Les peaux sont tondues, tannées, puis enduites de beurre. Elles sont mouillées pour être frottées et colorées de terre rougeâtre. Une tente moyenne compte généralement 4 ou 5 rangées de 8 peaux cousues les unes aux autres, soit un total de 30 à 40 peaux. Aucune cloison spécifique ne divise cet espace. Chez les nomades, l'habitat n'est pas uniquement une réalité matérielle. C'est aussi le lieu où se définissent les rapports sociaux. Le terme utilisé pour désigner la tente est le même que celui qui sert à dénommer la famille. Dès lors, la tente nomade est investie de fortes significations rituelles: naissance, mariage et parcours nuptial. Il y a une immense fierté chez les organisateurs qui y voient des attaches à la mémoire première, aux origines les plus lointaines. «Elle est le lien vital entre les hommes et une passerelle de mémoire. C'est dire toute l'importance que l'on peut attribuer aux proverbes, vecteurs de sagesse et d'humilité. Les Touareg en possèdent des centaines qui disent leur nécessaire humilité, le respect du désert, de l'eau, du prochain», a conclu M.Attallah Fateh.