“Alger, capitale de la culture arabe 2007”. Prés de quatre mois déjà après le lancement de cette grande fête des cultures arabes, un rare public découvre, non pas l'art, mais le folklore des contrées, d'ici et d'ailleurs. Des films datés à l'affiche, des pièces de théâtre glorifiant le combat de la femme au menu des salles, des sons de baroud à l'air libre, des odeurs de musc dans les espaces fermés et des plats culinaires propres aux Arabes, dans les assiettes en céramique…Cette semaine, les responsables de la culture ont préféré que l'on s'intéresse aux régions du Sud devenu le socle de l'exotisme par excellence. La recette est bien simple. Elle est surexploitée dans les rendez-vous culturels ou lors de circonstances événementielles. C'est la Kheïma, le logis autrefois de fortune pour les hommes bleus, devenue à l'ère des modernités un objet de curiosité, mieux encore une sorte de musée mobile avec cette particularité de faire venir des êtres en chair et en os, habitants authentiques de ces espaces millénaires. Faites un tour à l'Office Riadh El Feth, et vous en verrez de toutes les couleurs, mieux qu'à la télé ! L'esplanade de Riadh El Feth a changé de décor depuis jeudi dernier, jour du lancement officiel avec tambours et trompettes des festivités de la Kheïma arabe, un rendez-vous qui entre dans le cadre, d'“Alger, capitale de la culture arabe, 2007”. Plus d'une dizaine de tentes toutes aussi différentes les unes que les autres ont été installées là, donnant l'impression d'être en plein dans une zone désertique où le chameau est l'unique animal qui côtoie et qui sert l'homme. La kheïma arabe, colorée façon locale, offre à la vue des visiteurs nombreux qui se sont déplacés à l'Office Riadh El Feth, un éventail d'objets et instruments traditionnels. Des objets qui caractérisent bien sûr les us et coutumes des gens du Grand Sahara. Les tentes montées au centre de l'esplanade sont traditionnelles et confectionnées sur la base de peaux de chameaux, de chèvres ou en laine. Ces espaces reproduits le temps de l'événement, traduisent, aussi, en échantillon des scènes de la vie nomade des gens du désert. C'est ainsi que l'on découvre sans voyager des empreintes folkloriques et ancestrales, notamment celles liées à la vie bédouine. Une cinquantaine de troupes artistiques folkloriques, en provenance de plus de 30 wilayas, ont donné le coup d'envoi de cette manifestation culturelle, placée sous le slogan “ La kheïma arabe, un espace des valeurs supérieures et de vie commune ” et dont l'ouverture a été faite par la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Les passants comme les curieux se sont arrêtés aux sons des tambours, de flûtes, de karkabo et chants traditionnels, rehaussés par les coups stridents de baroud. Le ciel de Riadh El Feth s'est couvert, ce jeudi, de rythmes joyeux à la mesure des festivités rares dans cet endroit précis. Les objets exposés dans les différentes kheïmas, concernent les bijoux traditionnels en argent, les tenues aux couleurs vives ainsi que des produits décoratifs, à l'image des tapis, ou encore des épées et miroirs. Comme pour prévenir contre les mauvais esprits, les odeurs du djawi (b'khour) et d'autres sortes d'encens, ont embaumé cette ambiance de fête résolument locale. Les regards des passants se sont assoupis, et leur sourire s'est fait débonnaire, devant un tas de choses qui semblent si lointaines et si proches. Tous les amateurs de la vie bédouine et nomade, les mordus du melhoune (poésie populaire) et les passionnés de musique folklorique saharienne, peuvent se déplacer à ce rendez-vous qui s'étalera jusqu'au 03 mai prochain. Ils peuvent, également, aller à la rencontre de conférences portant autour du thème de la kheïma, dont l'animation sera assurée par 22 professeurs algériens et 20 arabes. Mais, encore, il est prévu à ce que des soirées poétiques soient animées par une vingtaine de poètes algériens et arabes, outre des spectacles de chants populaires et folkloriques qu'animeront plus d'une cinquantaine de troupes algériennes et arabes. En clair, cet événement est une extraordinaire opportunité pour les gens du centre de retrouver en direct la vie nomade des gens du Grand Sud.