Le Cameroun, le Nigeria et la Côte d'Ivoire montrent leurs qualités sur tous les terrains du monde. Les deux derniers matchs disputés par la sélection nationale de football en plein parcours des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations ont suscité beaucoup de commentaires. Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore compris dans quelle catégorie il faut les placer. Matchs de préparation ou rencontres de gala organisées pour gagner des sous? Selon certaines indiscrétions, la FAF, pour le match face au Brésil, aurait empoché 50.000 dollars, indépendamment des frais de déplacement et d'hébergement dans un hôtel de standing. Nombre de responsables, dont celui chargé de la mission de qualifier cette sélection à la phase finale de la prochaine CAN au Ghana, ont eu des réactions fort optimistes. Certaines étaient caractérisées par une autosatisfaction de mauvais aloi car, hormis les deux prestations hors compétition face à l'Argentine et le Brésil, la sélection nationale n'est pas du tout assurée de se qualifier pour la phase finale de la CAN 2008 au Ghana. Et sur ce plan, c'est quand même un échec. Notre public est connaisseur. Il sait aussi faire la différence entre des vessies et des lanternes. Quand on pense que Rabah Madjer, dont la sélection venait de damer le pion à son homologue belge qualifiée en Coupe du monde 2002, avait été viré juste après, malgré l'excellent match nul enregistré chez l'adversaire! Il est pour le moins paradoxal de transformer des défaites en victoires, alors qu'en confrontation officielle la sélection est toujours à la poursuite d'une qualification devenue très problématique. C'est pourtant la mission première assignée au staff technique. Ce n'est pas seulement celle de soigner sa carte de visite. Des déclarations du genre «nous avons bien joué parce que la pelouse est excellente et que l'adversaire a été correct» sont démobilisatrices à la veille de rencontres pour lesquelles ces conditions idéales ne sont pas réunies. C'est faire preuve d'une méconnaissance totale de la dure réalité des terrains africains souvent plus mauvais que celui de notre stade olympique. Pour se qualifier en Coupe du monde ou aux jeux Olympiques, il est obligatoire de passer par des éliminatoires continentales. Il faut donc s'y préparer psychologiquement, physiquement et administrativement. Un match de gala, c'est autre chose! Nous devons affronter les sélections de notre continent chez elles, dans leurs conditions, dans leurs réalités parce qu'il n'est pas possible de déplacer avec soi les bons terrains. Quand on est fort, on l'est tout terrain. Barcelone ou Montpellier, leurs stades, leurs publics, leurs environnements sont d'autres réalités. Le Cameroun, le Nigéria et la Côte d'Ivoire montrent leurs qualités partout. C'est ce que réalisait notre propre sélection il y a quelques années. Le football et les joueurs de talent internationalement reconnus, ont existé et existent encore au pays et dans l'émigration. Ils ont besoin d'un encadrement de valeur à même de les motiver et de les mener à bon port, en relation avec des missions qui dépassent le cadre ponctuel. Nombre de sélections, que certains dédaignent sont mieux classées que la nôtre et possèdent des équipes de jeunes qui se qualifient et disputent des compétitions internationales dans lesquelles les nôtres brillent par leur absence depuis si longtemps. Elles en sont toujours à «un petit tour et puis s'en va». Référons-nous aux statistiques de la CAF et de la FIFA. Mais de cela on n'en parle pas beaucoup et semble ne pas intéresser beaucoup ceux qui ont à charge le développement de notre football. Il est si facile de rejeter la responsabilité sur la supposée non-implication de l'Etat, alors qu'on a le plus grand mal à gérer la compétition. A prendre sérieusement en charge le présent mais surtout l'avenir. En travaillant à améliorer le quotidien de ces catégories de jeunes qui devraient être la prunelle des yeux de ces mêmes dirigeants en ces années de vaches maigres. 2010, sa CAN, mais surtout sa première Coupe du monde sur le sol africain, c'est pour demain. Nous devons y être.