Une rentrée qui sera certes difficile même si la solidarité nationale annonce, comme à son habitude, une aide aux plus démunis. La rentrée est là avec les tensions enregistrées durant l'été sur les produits de première nécessité tels l'huile, la semoule et aussi les fruits et légumes qui, comme d'habitude à pareille époque, connaissent des pics dans la demande à cause de l'arrivée des émigrés et des fêtes. La semoule a, quant à elle, connu une sérieuse augmentation avec le renchérissement du blé sur le marché mondial. Chez nous, le quintal de semoule s'est vendu et se vend toujours à plus de 1400 DA. La semoule est un produit de première nécessité et les familles ne sauraient s'en passer pour le couscous qui est le plat national par excellence. Avec cet été, les rumeurs ont couru sur le lait reconstitué qui, dit-on, connaît sur le marché international une tension certaine avec la poudre de lait devenue un produit des plus cotés. On a tellement dit de choses sur le lait que ce produit s'est vendu en divers endroits à 30 voire 35 DA bien que le prix taxé par le gouvernement est de 25 DA, le sachet. Sans compter avec l'envolée des dérivés du lait comme par exemple le yaourt qui en un clin d'oeil a vu son prix augmenter d'au moins deux dinars l'unité. En dehors des produits d'alimentation, les familles qui viennent à peine de sortir de la période des fêtes appréhendent la rentrée scolaire qui, cette année, coïncide avec le Ramadhan. Une rentrée qui sera certes difficile même si la solidarité nationale annonce, comme à son habitude, une aide aux plus démunis. On a cherché à en savoir plus mais la direction de la solidarité semble occupée ailleurs. Du côté de la direction de l'éducation c'est encore mieux, on ne répond tout simplement pas aux appels téléphoniques. Il reste que les familles, du moins le plus grand nombre, se rabattent sur le marché aux puces pour essayer de trouver qui un pantalon, qui une chemise et qui un veston pour les enfants. Un père de famille pourtant fonctionnaire dans une administration, rencontré à Tizi Ouzou, se désole des «faibles moyens que permet son salaire et se lamente comment pouvoir habiller ses enfants pour cette rentrée». Lui-même dira avoir trouvé chez les fripiers la chemise qu'il porte, et d'ajouter: «Mais si avec les tout-petits les choses peuvent passer, avec les adolescents c'est dur, dur de leur faire porter des choses passées, quelque peu usées ou tout simplement vieilles.» Les affaires scolaires vont également s'attaquer à la pauvre paie et encore heureux ceux qui possèdent un salaire. Sans compter le Ramadhan qui pointe son nez. Harassées, fourbues, laminées par les fêtes, les familles attendent avec désespoir la rentrée scolaire et le Ramadhan, et un mois plus tard ce sera les fêtes de l'Aïd. Et la nave va. Plusieurs pères de familles diront sur le ton de la confidence: «Si je ne me retenais pas, j'irais m'inscrire au restaurant du Croissant-Rouge durant ce Ramadhan. Je travaille certes mais je n'arrive pas à joindre les deux bouts. J'ai des dettes que je ne peux plus payer chez mon épicier, mon marchand de fruits et légumes, mon boulanger et le vendeur de produits laitiers alors parler de vêtements ou de chaussures....» Les familles sont fatiguées et usées et n'attendent plus rien comme le diront ces villageois rencontrés à Tizi Ouzou: «Le marché est devenu fou, on n'arrive plus à suivre. La pomme de terre est affichée à 60 - 65 DA et cela sans compter le reste. Et le reste c'est pour demain avec la rentrée et le Ramadhan». En ces temps de prérentrée et en attendant le Ramadhan, les familles sont sur les braises. Les prix des produits de large consommation ont augmenté, seuls le pain et le lait ont été épargnés pour le moment grâce au soutien des prix décidé par l'Etat. Mais la semoule, l'huile, les dérivés laitiers etc, ont grimpé. Le discours du chef du gouvernement a certes été suivi, mais les gens disent que le discours n'a pas répondu aux attentes.