Après les Touareg du Niger, les rebelles touareg maliens ont décidé de raviver la flamme de la rébellion à la frontière avec l'Algérie. Situation préoccupante au nord du Mali et du Niger. Les Touareg raniment la flamme de la rébellion par le MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice) au Niger et de dissidents de l'Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement au Mali. Le lieutenant-colonel Hassan Fagaga, officier de l'armée ma-lienne et ex-rebelle touareg, a déserté dans la nuit de jeudi à vendredi derniers pour rejoindre Ibrahim Ag Bahanga, chef d'un groupe armé qui a attaqué et enlevé des soldats maliens. Cette brusque montée de fièvre au sud de nos frontières s'avère être une bombe à retardement. Ce retour au premier plan des rébellions targuies au Niger et au Mali est-il fortuit ou concerté? En l'occurrence y a-t-il alliance entre les deux groupes? Sur le terrain, on compte déjà une trentaine d'otages devenus un enjeu. Hier, une source malienne a annoncé que Iyad Ag Ghaly, chef du mouvement des ex-rebelles touareg du Mali, est arrivé - vendredi soir - dans le nord du pays pour tenter d'obtenir de son ex-camarade, Ibrahim Ag Bahanga la libération des soldats enlevés. Les rebelles touareg maliens sont actifs dans la région de Tinzaouatine (nord-est), près de la frontière algérienne. Cette tentative risque de mener vers une négociation infructueuse, car la nouvelle alliance entre Ibrahim Ag Banhanga et Hassan Fagaga risque de fausser tous les calculs. Hassan Fagaga est un ex-commandant rebelle touareg qui avait coordonné en mai 2006 les attaques de plusieurs camps militaires dans le nord du Mali après avoir déserté une première fois de l'armée. Il avait ensuite réintégré les rangs militaires trois mois plus tard après la signature, en juillet 2006, d'accords de paix entre l'ex-rébellion et les autorités de Bamako sous médiation algérienne. Qui peut désamorcer la bombe? Iyad Ag Ghaly, le chef du mouvement des ex-rebelles touareg du Mali, a pris sur lui de se charger d'une mission presque impossible. A Bamako, on annonce qu'il a déjà pris contact avec le groupe armé dirigé par Ibrahim Ag Bahanga. Ce dernier est accusé d'avoir enlevé une trentaine de militaires lors de deux attaques les 26 et 27 août dernier. Iyad Ag Ghaly est le chef de l'Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement. Cette organisation qui avait renoncé à la lutte armée à la suite des accords de paix avec Bamako, signés en juillet 2006 à Alger, «mène une mission d'écoute, de médiation, d'obtention de libération des otages et d'un cessez-le-feu total», a indiqué une source malienne. Cependant, cette même source reconnaît la difficulté de la besogne. «La mission peut prendre quelques jours. Iyad Ag Ghaly est accompagné d'un responsable chargé du suivi des accords d'Alger», apprend-on de même source. De son côté, il semblerait que le gouvernement central de Bamako reste une fois de plus favorable à un happy end à cette nouvelle crise. On a justement annoncé que le négociateur Iyad Ag Ghaly avait obtenu depuis Bamako la suspension des opérations de l'armée malienne. L'Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement avait aussi condamné les attaques des 26 et 27 août dernier. Une trentaine de militaires sont toujours détenus à la suite de ces assauts. Pour le moment, neuf militaires seulement ont été libérés le 29 août par l'armée. Le lendemain, des informations ont annoncé qu'un autre groupe de trois militaires avait réussi à échapper à ses ravisseurs. D'après certaines lectures, Ibrahim Ag Bahanga, un ex-leader rebelle touareg, serait opposé à la paix conclue par ses pairs avec Bamako. C'est pourquoi il a décidé de raviver la flamme de la rébellion targuie au Nord du Mali. Le ministre malien de l'Administration territoriale, le général Kafougouna Koné a, quant à lui, déclaré ouvertement que Ibrahim Ag Bahanga entendait par ces offensives reprendre le contrôle de la zone de Tinzaouatine, lieu de passage international du trafic de drogue. Autrement dit, «l'armée a occupé un certain nombre de postes frontaliers, dont celui de Tinzaouatine (à la frontière algérienne) pour pouvoir sécuriser les élections» présidentielle et législatives d'avril et de juillet, a rappelé le ministre. Effet direct: Ibrahim Ag Bahanga se serait senti «frustré parce que pour lui c'est son secteur». C'est un bras de fer qui vient s'ajouter à celui opposant les Touareg du Niger (MNJ) au gouvernement de Niamey. Deux rébellions qui risquent sérieusement de provoquer des débordements très dangereux. Les accords d'Alger sont-ils remis en cause?