L'armée nigérienne a évoqué, mardi soir, un «soutien extérieur» aux rebelles touareg du MNJ, alors que leur chef a reconnu seulement entretenir de très bons contacts avec les touareg du Mali. La situation est sur le fil du rasoir à la frontière sud du pays. La polémique autour de la rébellion targuie au Niger a tourné au vinaigre. Au début de la semaine en cours, le président nigérien, Mamadou Tandja avait incriminé le groupe nucléaire français Areva d'être à l'origine de la rébellion des Touareg qui activent au nord du Niger. Autrement dit, Areva est accusé d'avoir financé le Mouvement séparatiste des Nigériens pour la justice (MNJ). Cette fois-ci, c'est au tour de l'armée nigérienne d'annoncer que les rebelles touareg sont soutenus de l'extérieur. Les rébellions à la frontière sud de l'Algérie ne datent pas d'aujourd'hui. Les Touareg de Kidal, au nord du mali, se sont aussi insurgés contre le gouvernement central de Bamako. L'Algérie, sollicitée pour une médiation, a tenté, avec succès, de réchauffer les liens entre les deux parties antagonistes. Les ex-rebelles touareg maliens, qui avaient attaqué, fin mai, deux camps militaires à Kidal (nord-est du Mali), et étaient en rupture de ban avec Bamako, ont paraphé, le 20 février dernier, à Alger, les documents pour la mise en oeuvre de l'accord de paix conclu en juillet 2006 à Alger avec le gouvernement du Mali. Au Niger, les Touareg du Nord, réunis sous la casquette du MNJ, semblent progresser, depuis quelque temps, sur une voie carrément séparatiste. Après avoir accusé exclusivement Areva, leader mondial du «nucléaire civil» qui exploite, depuis 40 ans deux gisements d'uranium au Niger, une autre piste vient d'être évoquée. L'armée nigérienne a allégué, mardi soir, d'un «soutien extérieur» au Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), a rapporté la chaîne satellitaire TV5. Un tournant hautement risqué d'une affaire aussi tirée par les cheveux, mais qui ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets. Néanmoins, le chef de file des rebelles du MNJ a, pour le moment, nié tout appui venant de l'étranger. Mais ce dernier jette encore un autre pavé dans la mare. Il a, en revanche, reconnu entretenir de très bons contacts avec les Touareg du Mali. C'est une connexion qui s'avère être à haut risque. Car les Touareg maliens semblent entretenir, de leur côté, de bons liens avec Mokhtar Benmokhtar, le redoutable chef des groupes armés de la bande sahélienne. Le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), une organisation en conflit avec le gouvernement de Niamey, est active dans le nord désertique du Niger, où sont situés les gisements d'uranium, soit près de la frontière algéro-nigérienne. Tout au départ, avant cette nouvelle piste qui met les Touareg maliens dans le panier, Dominique Pin, le patron d'Areva au Niger, a été accusé d'avoir financé les rebelles touareg armés du MNJ. Derrière l'accusation collée au dos du représentant d'Areva, figure, d'après une lecture officielle nigérienne, le souci du groupe nucléaire français d'empêcher d'autres compagnies étrangères concurrentes d'installer leurs chantiers dans la zone pour exploiter l'uranium. Dès lors, la connexion armée entre les Touareg nigériens et maliens est-elle redoutée. Surtout lorsqu'on sait que la menace terroriste dans la région demeure encore pesante. Car l'énigmatique Mokhtar Benmokhtar -à défaut d'une nouvelle information contradictoire- continuerait à se réfugier au nord du Mali. Il dirige de vastes réseaux de soutien au terrorisme, au trafic d'armes et de contrebande. Le redoutable Mokhtar Benmokhtar a, surtout, une parfaite connaissance des frontières et les sentiers du «sel» connus et fréquentés par les Touareg. Ainsi, les craintes d'une connexion entre les rebelles armés du Niger et du Mali et lui, est-elle appréhendée puisque ce terroriste a déjà séjourné dans ces deux pays de même qu' en Libye. Une chose est sûre, les mouvements armés du Niger et du Mali constituent une grosse menace pour la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel. Cette nouvelle, mais qui n'est -jusqu'ici- qu'un simple mirage du désert, vient bousculer les donnes. La naissance annoncée d'un soi-disant groupe terroriste appelé «Ansar Al Islam au Sahara» a fait monter le mercure de l'activisme terroriste au plus haut niveau.En attendant d'accorder les violons pour lutter contre cette menace, le président nigérien, Mamadou Tandja, avait dépêché, à Alger, il y a de cela une semaine, un émissaire dans le but de solliciter la médiation algérienne.