Le groupe nucléaire français Areva est accusé d'avoir financé les Touareg du Mouvement armé des Nigériens pour la Justice (MNJ) Une première du genre! Le groupe nucléaire français Areva, accusé d'avoir financé les Touareg du Mouvement armé des Nigériens pour la Justice (MNJ), est indésirable au Niger. Une annonce de taille, qui n'augure rien de bon de l'avenir d'Areva au Niger, a été faite, dimanche soir, par la chef de la diplomatie nigérienne. C'est la fin officielle du monopole que détenait, depuis 40 ans, le groupe français Areva sur la prospection, l'exploitation et la vente de l'uranium nigérien. Une fin tragique qui fait suite à des accusations hautement scandaleuses. Dominique Pin, le patron d'Areva au Niger, a été accusé d'avoir financé les rebelles touaregs armés du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). L'organisation, en conflit avec le gouvernement nigérien, est active dans le nord désertique du pays, qui abrite les gisements d'uranium, soit près de la frontière algéro-nigérienne. Flash-back sur une affaire inédite, mais surtout tirée par les cheveux. Les relations entre le groupe Areva et le gouvernement nigérien, ont commencé à se dégrader depuis le mois de juin. Mais la situation a empiré en juillet avec l'expulsion de Dominique Pin. Derrière l'accusation collée sur le dos du patron, figure, d'après une lecture officielle nigérienne, le souci du goupe Areva d'empêcher d'autres compagnies étrangères concurrentes d'installer leurs chantiers dans la zone pour exploiter l'uranium. C'est ce que pense le président nigérien, Mamadou Tandja, dont la lecture a été rapportée, hier, par l'Agence de presse française. Mamadou Tandja avait dépêché, à Alger, il y a de cela une semaine, un émissaire dans le but de solliciter la médiation algérienne. Car, le conflit opposant le gouvernement nigérien aux éléments armés du MNJ a carrément tourné au vinaigre. Le MNJ est considéré, faut-il le souligner, comme l'une des organisations séparatistes les plus redoutables au Sahel. L'Algérie, en médiateur, a eu à traiter également l'affaire de la rébellion des Touareg de Kidal, au nord du Mali. Les ex-rebelles touareg maliens, qui avaient attaqué fin mai deux camps militaires à Kidal (nord-est du Mali), et étaient en rupture de ban avec Bamako, ont signé, le 20 février dernier, à Alger, les documents pour la mise en oeuvre de l'accord de paix conclu en juillet 2006 à Alger avec le gouvernement du Mali. Cette fois-ci, c'est au tour du Niger de solliciter Alger pour une affaire similaire. Le président du Niger a été catégorique. Pour mettre fin à l'activité d'Areva au Niger, accusé d'avoir financé les Touareg du MNJ, Niamey a préféré user d'un langage commercial. «Le Niger est déterminé à mettre en oeuvre une politique de diversification de ses partenaires, ce qui signifie que le monopole que détenait Areva dans notre pays est cassé», a déclaré la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aïchatou Mindaoudou, à la télévision publique. Dans la foulée, il sied de rappeler que le Niger est le troisième producteur mondial d'uranium avec 9% de parts de marché (chiffres 2003). Le groupe Areva, désormais ex-premier employeur privé du Niger, est le numéro un mondial du nucléaire civil. Areva exploite, depuis 40, ans deux gisements, l'un à ciel ouvert à Arlit (nord) et l'autre souterrain à Akokan, près d'Arlit. Le nouveau scandale d'Areva risque d'avoir un effet boule de neige. Car, il y a bel et bien des possibilités de connexion à haut risque entre les Touareg de MNJ et le redoutable Mokhtar Benmokhtar, le redoutable chef de fil des éléments armés du Sahara. Ce dernier avait déjà séjourné au Niger et au Mali ainsi qu'en Libye. Si Areva avait réellement financé les Touareg armés du MNJ comme le prétendent les Nigériens, le scandale risque d'être lourd de conséquences.