L'entraîneur du club oranais estime que les journalistes ne font pas objectivement leur travail. Les écrits de certains confrères n'ont pas été du goût du coach portugais du MCO, Eurico Gomes. Il a, donc, décidé de refuser toute déclaration aux journalistes à l'issue du match de son équipe face au NAHD. C'est avant cette rencontre que nous avons pu le rencontrer et le convaincre de nous parler. L'Expression: Vous êtes revenu au MCO alors que vous aviez lié votre retour à la satisfaction de vos exigences, notamment la mise à la disposition de l'équipe de matériel pédagogique, du stade Zabana, d'une infrastructure de santé et des moyens de récupération. Cela veut-il dire que vous avez atténué vos revendications? E.Gomes: A vrai dire, j'ai accordé un temps supplémentaire à la direction du club, pour répondre favorablement à mes doléances. Quatre matchs suffisent à l'équipe pour trouver son rythme de croisière. Pour le terrain, son état est amélioré légèrement. Cependant, un effort supplémentaire s'impose, pour égaliser le niveau de la pelouse. Cette situation favorise l'adversaire qui prône le système de jeu défensif. D'autres clubs en Algérie disposent, pourtant, de plus de moyens et ne cherchent pas à avoir des entraîneurs avec votre caractère. On a l'impression que vous nagez dans de faux problèmes. Je ne connais pas ces clubs qui disposent de ces moyens. On vous citera l'USMA, la JSK, par exemple. Ajoutez aussi l'USM Annaba et l'ESS. Ecoutez, il me semble qu'il n'y en a qu'une seule qui soit rigoureuse sur ce plan. Il s'agit de la JSK. Mais la plupart d'entre elles ne font pas un drame de ces problèmes. Ne seriez-vous pas en train de chercher des excuses pour changer d'air? Absolument pas. Sinon pourquoi suis-je revenu? Ce ne sont là que des spéculations rapportées par des journaux en mal de sensation. Que pensez-vous des joueurs qui ne cessent de réclamer leurs dus à leurs présidents, quel que soit leur rendement au sein de l'équipe? Ici en Algérie, le footballeur nourrit toute une famille. S'il ne perçoit pas son argent, il ne peut se concentrer sur son travail. Il aura la tête ailleurs. Dans ce cas, la responsabilité du dirigeant est engagée. Il doit payer ses employés. Je prends l'exemple de l'Europe, un joueur qui perçoit un salaire mensuel de 25.000 euros, c'est largement suffisant pour lui. Ce qui n'est pas le cas de son collègue en Algérie qui touche beaucoup moins. De plus, vous vous imaginez un arriéré de quatre mois sans aucun sou dans la poche. Avec quoi ce joueur va-t-il vivre? Par contre dans le Vieux Continent, le joueur peut supporter deux mois sans salaire parce qu'il gagne très bien sa vie. Peut-on dire que vous êtes satisfait de la préparation subie par votre équipe? D'une manière progressive, je dirai que oui, je suis satisfait. D'ailleurs, cette semaine a été meilleure que la précédente. Mais, pour faire du bon travail, il nous aurait fallu disputer plus de matchs amicaux contre des équipes de bonne valeur. Le MCO a connu un départ massif de joueurs vers d'autres horizons. Etes-vous satisfait de l'effectif que vous avez sous la main? L'équipe dont je dispose est meilleure que celle de la saison écoulée. Ne craignez-vous pas la pression du public du stade Zabana? Pas du tout. Je ne crains aucune pression de la part des supporters. J'ai joué dans des équipes où il y avait nettement plus de pression qu'au MCO. Même celle du stade du 5-Juillet n'est rien devant celle que j'ai vécue au Portugal. Là-bas, il y avait toujours un stade plein à craquer avec 80.000 à 120.000 spectateurs. Mon problème réside dans l'esprit de mes joueurs qui ne sont pas habitués à ce genre de situation. Je dois les défendre en leur inculquant les bonnes habitudes. Pour moi, ce ne sont pas les supporters qui exercent cette pression, plutôt certains journalistes mal intentionnés. C'est vraiment dommage. Dans votre corporation, il y a des journalistes «mafiosi». Ils ne respectent guère l'entraîneur. Pourtant, c'est grâce à lui qu'ils travaillent. C'est lui qui leur donne matière à écrire et gagner leur pain. Je reconnais que j'ai un franc parler, mais il ne faut tout de même pas transformer mes dires et aller jusqu'à me diffamer. Pourquoi cette haine envers les journalistes? Je peux acheter un journaliste pour rédiger des articles faisant mes éloges mais je ne le fais pas car je ne me rendrai aucun service. Je sais que si je perds trois matchs, je suis automatiquement viré. Alors, je compte seulement sur moi et sur mon boulot. Cela fait 27 ans que je suis un entraîneur de football. J'ai avec moi deux valises, l'une toujours ouverte, à savoir la petite, et la grande qui reste fermée, et qui signifie un départ imminent après un mauvais résultat. Tout entraîneur dépend de ses résultats. Quant à la mission d'un journaliste, elle consiste à soulever les vrais problèmes comme le manque de moyens pédagogiques ou le stade qui se trouve sans électricité. Il faut aider le football algérien par des écrits positifs. Pour ce qui me concerne, je suis ici pour donner le meilleur de moi-même et aider ce football.