Le président de l'USM Annaba n'y va pas par quatre chemins pour dire ses vérités. Il faut reconnaître qu'en deux saisons, il s'est fait un nom dans le football algérien et il apparaît aujourd'hui comme un président pas comme les autres. Invité hier matin par notre confrère, l'hebdomadaire sportif Maracana dans le cadre de son forum, Aïssa Menadi, a étonnamment surpris l'assistance par sa franchise. On a l'habitude de côtoyer des responsables de club mais rarement quelqu'un qui fonce de cette manière. En tout cas, Menadi ne semble pas de ceux qui louvoient et pleurnichent de n'avoir pas d'argent mais qui n'hésitent pas à sortir des sommes faramineuses pour se payer des joueurs. Lui, des sous il en a et il ne le cache pas. Il en parle et étale les chiffres devant les journalistes. «La saison passée nous avons investi 30 milliards de centimes pour la montée. A l'intersaison, nous avons été les premiers à nous lancer dans les recrutements. Celui qui fait un bon marché c'est celui qui y va le plus tôt. Nous avons conservé 17 joueurs de la saison écoulée et avons payé tout le monde puis nous nous sommes lancés dans l'opération de recrutement qui nous a coûté 21 milliards et 800 millions de centimes. Je vous cite ce chiffre sans les salaires et les primes de matches. Notre masse salariale mensuelle est de 300 millions de centimes. Pour les primes, elles sont fluctuantes. Pour la victoire à Bordj, lors de la première journée, chaque joueur a perçu 10 millions de centimes. Nous en sommes jusqu'à présent à une dépense de 13 milliards sur les 21 dont je vous ai parlé tout à l'heure. Nous avons été, aussi, les premiers à reprendre les entraînements et nous sommes partis en stage en Roumanie au moment où les autres clubs débutaient leur opération de recrutement. Ce stage nous est revenu à 1 milliard 560 millions de centimes». Devant autant de chiffres, il apparaît que Menadi veut mettre les moyens pour faire de l'USM Annaba un grand club. D'ailleurs, pour lui, l'objectif du club sera double cette saison: le titre de champion et la coupe d'Algérie. Et que se passerait-il si le club venait à échouer? «C'est simple, je partirai, dira Menadi. Je me suis fixé une étape, celle de la fin de la phase-aller. A ce moment-là, si l'USM Annaba n'est pas parmi les trois premiers du championnat, je m'en irai. Nous avons énormément investi dans ce club. Nous l'avons mis dans des conditions optimales pour qu'il puisse activer. Nous avons un riche effectif, un staff technique compétent. Les joueurs ne manquent de rien. Ils sont à jour en matière de paie et de primes. Le club vit dans un très bon environnement. Il n'a aucune dette. Il dispose d'une galerie de supporters en or. Il a, donc, tous les moyens pour réussir. S'il est au-delà de la 3e place à la fin de la phase aller, ce sera un échec. Le mieux pour moi serait de m'en aller. Bien sûr on dira que ce c'est la faute de l'entraîneur. Mais cet entraîneur c'est moi qui n'ai pas voulu le remplacer alors qu'on m'en a proposé d'autres. C'est moi qui lui ai fait confiance. Son échec sera le mien. Cette 3e place c'est un peu un cahier des charges que je m'impose et croyez-moi je ne suis pas comme ces présidents qui disent vouloir partir et qui à la fin restent en poste. Menadi sait tenir parole». Le président ne s'arrêta pas là en matière de révélation. Il parlera ainsi du stade du 19 mai 1956 que l'USM Annaba vient d'avoir en concession. «Nous avons signé une convention en ce sens avec la direction de l'OPOW il y a quelques jours. Nous allons instaurer la gratuité pour l'entrée dans ce stade. Vous savez, nombreux sont les supporters de l'USM Annaba qui sont chômeurs. Ils n'ont pas d'argent pour voir leur équipe favorite et risquent parfois leur vie pour entrer au stade. Ce que je veux c'est qu'il n'y ait plus de problème de ce genre. Les gens pourront entrer au stade gratuitement. Il n'y aura que la tribune officielle - environ 2000 places où - les places seront vendues sous forme d'abonnement». Pour ce qui est de ses relations avec les autorités locales, Menadi n'hésitera pas à fustiger l'APW. «Ils sont contre moi et je suis contre eux. Ils le savent. Ce sont eux qui sont derrière la descente du club en division 2 lorsqu'ils ont installé un directoire tout en me barrant la route. Une fois le club en D2 et voyant que l'UMS Drean dont je suis le président allait monter en D1, ils sont revenus à la charge pour me proposer comme candidat alors que j'étais absent du pays. Vous voyez un peu comment sont ces gens-là à cause de qui le directoire qu'ils avaient installé avait débuté avec 16 milliards dans les caisses et est parti en laissant derrière lui 8 milliards de dettes». S'agissant des autres présidents de clubs, Menadi dira qu'il a des relations cordiales. «Ce sont des amis et j'entends tester le leur. Cependant, il faut que cela se fasse dans un strict respect. Celui qui dérapera à mon encontre je ne le respecterai pas. J'ajoute que les privilèges doivent disparaître. On dispute les mêmes compétitions. On doit disposer des mêmes avantages et des mêmes inconvénients». Pour ce qui est de l'apport de Mittal Steel dans le financement du club, Aïssa Menadi révèlera que ce groupe a déboursé 14 milliards de centimes la saison dernière dont 25% sont allés à l'UMSDrean. «Cette saison, il a mis de l'argent mais j'ai 12 partenaires qui, tous regroupés, me donnent plus que lui». Enfin, Menadi se dit prêt à «quitter le club en fin de saison si quelqu'un venait y investir. Si une telle personne existe qu'elle vienne me voir. Elle bénéficiera du soutien de Mittal Steel et du mien».