Deux films d´une liste que l´on devine d´ores et déjà assez longue viennent de jeter le trouble sur les bords de la lagune qui, hormis un violent orage, n´est pas encore sortie de sa torpeur estivale... Alors qu´Oliver Stone annonce un nouveau film sur le Vietnam, c´est-à-dire combien la débâcle yankee sur les rives du Mékong continue à titiller les consciences et l´imaginaire, voilà qu´Hollywood a trouvé le «link» tout désigné pour lier la génération des parents qui ont «fait» le Vietnam avec celle de leurs enfants enrôlés en Irak... Deux films d´une liste que l´on devine d´ores et déjà assez longue viennent de jeter le trouble sur les bords de la lagune qui, hormis un violent orage, n´est pas encore sortie de sa torpeur estivale... D´abord Redacted de Brian De Palma, film en HD et dans l´urgence avec ce que cela suppose comme «transgressions» de l´éthique de l´image. Images hésitantes, sautantes, censées avoir été prises par des soldats américains, avec un caméscope ou un téléphone portable, mais pas très habilement reconstituées par De Palma... Qu´importe, à vrai dire, puisque le but c´est de montrer que les «freedom fighters», dixit sans rire Georges Bush, ne font pas souvent dans la dentelle... Ils ont plutôt l´air de continuer, avec leur armement sophistiqué, à manipuler une gameboy, sauf que les Irakiens ne sont pas du tout virtuels... Et ce n´est pas la hiérarchie militaire qui va leur dire «game is over!»... Non, tant qu´ils continueront à protéger l´acheminement du pétrole irakien, le «jeu» de massacre peut se poursuivre... Jusqu´au viol, dans Redacted, d´une jeune Irakienne par des soldats, qui ont dû écraser leur dernier bouton d´acné dans l´avion de transport de troupe qui les acheminait vers l´Irak... Scénaristiquement, c´est le film de Paul Haggis, In the Valley of Eilah, cette vallée mythique où David fit mordre la poussière au géant Goliath, qui est le plus abouti des deux. Avec un Tommy Lee Jones dans le rôle d´un ancien sergent du Vietnam qui reçoit un «SOS» de Mike, son fils, lui demandant de le faire sortir de l´enfer irakien, alors, que se déroule la mise en pièces de la stratégie militaire au pays de Gilgamesh. De retour d´Irak, le fils n´a plus donné signe de vie de la base où il était confiné. Le père décide alors de se rendre sur place. En quittant son petit village, il aperçoit un employé hissant la bannière étoilée américaine. Son oeil de lynx décèle rapidement l´anomalie: le préposé à la levée des couleurs, un Salvadorien (donc peu au fait...) était en train de faire monter le drapeau, à l´envers, les étoiles, en bas. Le vétéran du Vietnam remet de l´ordre dans tout cela tout en lui expliquant que cela ne se fait que pour dire: «Je demande l´aide!».... Le père subtilisera de la chambrée de son fils le téléphone laissé dans un tiroir à côté de la Bible. Il ira le faire décrypter chez un Latino et ses images, distillées tout au long du film, vont permettre au père de réaliser que son fils était à bout lorsqu´il lui avait demandé de l´aide, alors qu´il était encore en Irak: il venait d´assister à la mort sous les roues d´un véhicule blindé d´un piéton irakien. Le fils était descendu du véhicule pour capturer cet «incident» à l´aide de son téléphone. Cela coûtera la vie, un peu plus tard, à Mike, au retour d´une virée aux alentours de la caserne, une fois le régiment rentré au pays... L´armée tentera d´étouffer l´affaire et c´est avec l´aide d´une femme flic que le père dévidera la pelote allant jusqu´à confondre les deux amis de Mike qui s´avéreront être aussi ses tueurs. Mais le père ne fera pas seulement «parler» les restes calcinés de son fils, il comprendra que la voix off de son fils que les vidéos ont enregistrée sur le téléphone, était celle d´un tortionnaire qui faisait son apprentissage sur des Irakiens qu´il se faisait un plaisir de triturer avec la pointe effilée de son poignard. Le père saisira par là même le sens du surnom donné à son Mike, celui de «Doc»... Pour son talent de «chirurgien» exercé avec sa lame sur les civils irakiens. L´anti-Bush déclarée, l´actrice Susan Sarandon, campe dans ce film le rôle de la mère de Mike, c´est elle qui préviendra son mari de l´arrivée d´un colis au nom de son fils. Une fois rentré chez lui, le père découvrira qu´il s´agit d´un drapeau effiloché à ses extrêmes. Malgré son abattement, il ressort. La dernière séquence le montre aux prises avec la corde du mât du drapeau, aidé par le Salvadorien, légèrement intrigué tout de même. Une fois les couleurs hissées, il risque quand même une question: «C´est bon comme ça?» Le père le lui confirme et l´on découvre une bannière américaine en piteux état, les étoiles vers le bas... Et l´on quitte la salle avec une question sans réponse: «Qui va répondre à cette demande d´aide de la nation américaine?» Le lendemain, comme à Cannes, les groupies installaient leurs chaises pliantes face à l´entrée du palais de la Mostra, dès 8 heures pour être aux premières loges, lorsque Brad Pitt arrivera le soir pour la projection de L´Assassinat de Jesse James... Mais lui aussi aura la tête ailleurs, du côté de l´Irak précisément, où sa compagne Angelina Jolie s´est rendue pour constater de visu ce qu´endurent les réfugiés irakiens parqués devant la frontière avec la Syrie, avant de la franchir avec des journalistes pour voir comment Damas confine les réfugiés irakiens, sur son sol... Il serait saugrenu de se demander où sont passées les stars arabes de la région... Il faudrait un miracle pour voir Nour Cherif et ses comparses dans un camp de réfugiés irakiens... Mais le miracle est divin, les humains, eux, comptent en dollars leurs revenus, enfin certains de ceux qui crient à la solidarité arabe dans les salons climatisés du Caire ou de Damas... Pendant que les télés occidentales montrent comment les proxénètes s´emparent de la détresse de certaines femmes irakiennes pour les jeter en pâture aux clients des boîtes damascènes... On est loin du cinéma, mais le cinéma sert aussi à cela et le merveilleux film libanais Sous les bombes, de Philippe Aractingi (présenté dans la section Cinéma des auteurs), l´a démontré aisément hier soir. On y reviendra, promis.