L'attentat de jeudi visant le cortège présidentiel remet sur le devant de la scène la lancinante question sur la capacité de nuisance. Hier au niveau de l'hôpital, 12 personnes sur les 19 décédées ont été identifiées. Certaines sont venues des régions avoisinantes et même de Jijel. Parmi les victimes décédées, un policier. Quatre autres policiers comptent parmi les blessés. Parmi ces derniers, une fillette de 10 ans qui n'a pas été identifiée, heureusement qu'elle n'est que légèrement blessée. L'attentat de jeudi visant le cortège présidentiel remet sur le devant de la scène la lancinante question sur la capacité de nuisance Selon des sources sécuritaires, les commanditaires de l'attentat ont apparemment bien étudié les parcours et les habitudes du président à Jijel, à Oum El Bouaghi et à El Khroub. Ils ont pris note que le président n'hésitait pas à mettre les membres de sa garde rapprochée à rude épreuve en allant, à droite et à gauche, serrer la main aux citoyens et parler avec eux. Selon des témoignages recueillis sur place, les terroristes tablaient sur un mouvement de panique pour exécuter leur sale besogne. Retour sur les lieux du drame. D'emblée, on est surtout frappé par le dispositif sécuritaire entrepris par les services de sécurité tous corps confondus. Les brigades canines ont été mobilisées par dizaines. La gendarmerie, les éléments de l'ANP, la police meublaient les artères de la ville de Batna. Flash-back. Ayant perdu sa couverture religieuse, l'organisation criminelle s'adonne à des actes ignobles et condamnables. Son but: maintenir le pays dans le chaos. Le Gspc, connu désormais par Al Qaîda au Maghreb islamique, n'ayant aucune capacité de comprendre le dialogue conceptuel véhiculant la paix et la réconciliation nationale, s'adonne à la barbarie. Dans ce contexte, un universitaire, rencontré sur les lieux du drame, souligne: «Je ne pense pas que cet acte criminel fera changer les objectifs de paix tracés par les pouvoirs publics et soutenus par le peuple... Ceux qui veulent nuire à notre pays, qu'ils soient ici ou ailleurs, doivent comprendre qu'en Algérie, le pouvoir et le peuple ne font qu'un, surtout en ce qui concerne la lutte antiterroriste...» Un citoyen résidant non loin du lieu, universitaire de son état, tout en condamnant l'ignoble acte affirme que «ce qui vient de se passer est diabolique, il doit être très beau le paradis où ils veulent aller pour avoir sacrifié tant de monde. Que vont-ils dire à ces pauvres mères, ayant perdu leurs fils, et ces épouses qui ne verront plus leurs maris? Que vont-ils encore dire au peuple entier?» La même question tarabuste la chaîne satellitaire, Al Jazeera. «Pourquoi les terroristes ont-ils ciblé celui qui a déclenché le processus de la réconciliation?», a interrogé l'animateur de l'émission de jeudi soir. Aucun spécialiste de la question sécuritaire n'a pu répondre clairement. La question reste le propre de tous les Algériens: «Pourquoi vouloir faire taire la voix de la réconciliation et le symbole de la paix?» Attenter à la vie du président de la République à Batna, c'est tout un message, très difficile à décoder pour l'instant, nous ont confié des sources chargées de la question sécuritaire. En effet, c'est à partir de cette ville, en 2001, que le chef de l'Etat a ouvert les hostilités contre l'empire de la mafia politico-financière dont une partie de l'argent était destinée au terrorisme. Même si les chances d'atteindre le président étaient réduites, les terroristes recherchaient avant tout l'effet psychologique selon une thèse sécuritaire. La mort d'innocents renforcerait la colère qui monte au sein d'une population en crise. Le but des terroristes n'est autre que de provoquer une explosion sociale avec l'espoir, en arrière-fond, d'un remake des années 1990. L'attentat de Batna ne prouve pas que le Gspc, ou n'importe quel autre groupe armé soit implanté partout dans le pays. Il montre clairement que les cercles qui cherchent l'explosion sociale ont des liens avec le terrorisme. A qui profitera l'embrasement?