La politique algérienne en matière d'exportation de gaz et d'électricité dépend de la révision de la directive Gaz européenne. L'Espagne, qui préside actuellement l'Union européenne, chercherait des moyens qui lui permettraient de s'approvisionner en énergie sans, pour cela, dépendre du Maroc. Le dernier passage à froid entre les deux royaumes a amené les Espagnols à privilégier une coopération plus intense avec l'Algérie. Un partenariat d'autant plus privilégié que deux nouveaux projets de gazoduc sont actuellement en examen pour relier les deux rives algéro-espagnoles sans passer par les territoires marocains. Les projets en question ont été d'ailleurs récemment soumis au Parlement espagnol pour approbation. L'Algérie pense également à exporter de l'électricité vers l'Espagne. Une entreprise d'électrification espagnole serait en train d'examiner les possibilités de relier le sud de l'Espagne au Nord-Ouest algérien sur une distance de 200 km. Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Khelil, a émis le souhait d'exporter, outre le gaz et le pétrole, de l'électricité. La nouvelle loi sur l'électricité encourage ainsi les investissements dans ce sens, de même les autorités algériennes auraient promis des facilités pour la concrétisation de ce projet. Le projet en examen devrait être très rentable. Des sources dignes de foi indiquent qu'il serait question d'exporter environ 1.000 gigawatts. Ces ambitions restent toutefois contrariées par nombre de problèmes d'ordre technique et autres. L'expérience dans ce domaine n'est autre que le gazoduc qui relie Gibraltar aux côtes espagnoles sur une distance d'à peine 20 km. Le gazoduc Algérie-Espagne sera, lui, long de 200km, 160km seront installés sur une profondeur de 2.000 mètres. C'est dire toutes les difficultés qui entraveront certainement les travaux. Sur un autre plan, un projet comme celui-là coûte des sommes faramineuses. Des investissements très lourds que l'Algérie devra amortir. Ces investissements devraient, à moyen et long termes, couvrir les dépenses et rentabiliser l'opération. Néanmoins, la directive gaz de la Commission européenne et la libéralisation des marchés de l'énergie en Europe, risquent, également, de mettre à mal les investissements de ce genre. L'Algérie, de même que l'ensemble des grands producteurs mondiaux de gaz, espère, dans ce cadre, convaincre la Commission européenne de maintenir les contrats gaziers à long terme qui lient producteurs et consommateurs. Ce type de contrat, appelé «take or pay» épargnent les producteurs du risque «volume» même si le risque «prix» est parfaitement supporté par les producteurs puisque les prix du gaz sont indexés à ceux du pétrole. La directive gaz européenne en reléguant tous les risques aux pays producteurs fait courir le risque à ces derniers de ne point couvrir les lourds financements que nécessitent les gazoducs servant à fournir l'Europe en énergie. M.Khelil sera, dans ce cadre, à Bruxelles, dès demain, en visite de travail de deux jours. Il sera certainement question de la politique européenne en matière d'énergie et de libéralisation de marché. Il rencontrera, note-t-on, Mme Layola de Palacio, vice-présidente de la Commission européenne chargée des relations avec le Parlement et commissaire européenne en charge de l'énergie et des transports. Il aura également des entretiens avec le secrétaire d'Etat belge à l'Energie et au Développement durable et participera à un séminaire sur les réformes dans les secteurs des mines, hydrocarbures et électricité. Le ministre de l'Energie rencontrera, en outre, le commissaire européen à la concurrence, M.Mario Monti.