Si la flambée des prix du pétrole fait le bonheur de certains pays, elle n'est d'aucun effet positif sur le pouvoir d'achat en Algérie. Nouveau coup de semonce du baril de pétrole à la Bourse new-yorkaise. Les prix du pétrole ont atteint un nouveau record historique, vendredi 14 septembre 2007. 80,36 dollars en séance. L'économie mondiale est inquiète. Paradoxalement, cela n'influe pas de manière positive sur le pouvoir d'achat des Algériens. La rue algérienne disserte très peu, sauf dans certains cercles d'initiés, sur les cours des marchés pétroliers. Cela peut sembler étonnant. En effet, si l'on considère que la bonne santé financière de l'économie algérienne dépend exclusivement du prix du baril de l'or noir, on a toutes les raisons du monde de s'interroger sur le peu de commentaires qui est fait autour de ce sujet. Et pourtant, la bonne santé financière de l'économie algérienne est le fruit exclusif des recettes engrangées par les exportations des hydrocarbures. Un matelas financier qui devrait tourner autour des 100 milliards de dollars. Une croissance économique de l'ordre de 5,8%. Et pour clore la fête, un baril de pétrole qui flirte avec les 80 dollars. Tous les clignotants sont au vert. Que demande, alors, le peuple? «De la pomme de terre!» le «légume-roi» de la table algérienne n'a cessé de friser la barre des 70DA le kg depuis des mois. Au point où il est aux abonnés absents dans l'assiette de l'Algérien. Mais si ce n'était que ce légume cela irait encore. L'ingéniosité des mamans algériennes n'est plus à démontrer. Elles auraient trouvé un produit de substitution sans coup férir. Mais voilà, rien ne va plus. Pommes de terre, tomates, semoule, huile, viandes... rien n'est épargné. Tous les produits de large consommation sont devenus des produits de luxe. Alors, comment expliquer un tel phénomène? L'Algérie consacre bon an, mal an un peu plus de 20 milliards de dollars pour ses importations en produits de consommation. Cela devrait largement suffire pour approvisionner les marchés. Que s'est-il donc passé pour que la bonne santé financière de l'économie algérienne débouche sur une flambée des prix des produits de large consommation? C'est le paradoxe algérien! On a évoqué les raisons possibles et imaginables. Les cours mondiaux de la poudre de lait et du blé, le mildiou, cette maladie de la pomme de terre qui empêche la ménagère de dormir. Curieusement, les cours mondiaux du sucre ont baissé sans que l'on n´en ressente les effets en Algérie. La presse écrite indépendante, dans son ensemble, a fait le forcing. La flambée des prix continue d'occuper la «une» des journaux. Le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, est sorti de ses gonds. Il a tenté d'expliquer tant bien que mal cette situation qui défie toute logique économique. Les ministres de l'Agriculture et du Commerce se sont renvoyé la balle. Du spectacle sans convaincre. L'Algérie ne produit pas assez, certes. A entendre ceux qui nous gouvernent, les importations auraient dû couvrir la demande dans la plupart des domaines. Pomme de terre, fruits et légumes de toutes sortes, semoule, poudre de lait...seraient disponibles, en quantité suffisante et surtout à la portée de toutes les bourses. Enfin presque. Mais rien n'y fit. Des paroles. Des promesses. C'est tout. Qui oserait parler de crise? Car c'est bien d'une crise qu'il s'agit. C'est bien une crise que l'Algérie est en train de vivre. Une crise organisée qui est le fruit de la spéculation. Une spéculation d'où sont complètement absents les instruments de régulation et de contrôle de l'Etat. Sans commentaire.