On ne saurait mener à bien la lutte antiterroriste si dans le même temps on néglige l'aspect social: microcrédit, ou résorption- chômage. En d'autres termes, il s'agit de redonner confiance aux jeunes Algériens porteurs de projets ou exerçant un métier de vendeur à la sauvette. Une chose est sûre: s'il y a un corps qui a chèrement payé de sa vie la lutte antiterroriste, c'est bien celui de la police. Rien qu'en se basant sur les chiffres communiqués par le ministre de l'Intérieur, Yazid Nourredine Zerhouni, plus de six mille policiers ont été lâchement assassinés, et l'on peut très bien avancer que ce chiffre est loin de refléter la réalité. On devrait ériger une stèle à ce noble corps de métier. Il ne s'agit pas seulement de tresser des lauriers à un corps de métier qui joue un rôle de premier plan dans le tissu social, et est, tous les jours que Dieu fait, aux premières lignes sur le front de la lutte contre la corruption, le banditisme sous toutes ses formes, la sécurité routière et le trafic de drogue. Intervenant de jour comme de nuit pour porter secours et assistance aux citoyens démunis ou exposés aux dangers de la vie moderne. Néanmoins, dans ce vaste programme de lutte antiterroriste, il serait aujourd'hui bon de réfléchir à la manière de prendre des mesures à même de réconcilier les jeunes Algériens avec leur pays. Nous allons prendre ici trois exemples: celui des vendeurs à la sauvette, celui du microcrédit géré par la Cnac, et celui des dossiers Ansej. C'est-à-dire en fait de revoir de fond en comble les relations des jeunes Algériens avec des institutions, comme les banques, le dispositif Ansej, ou les services de police. Commençons par ce dernier cas. Aujourd'hui, il apparaît de plus en plus évident que la lutte tous azimuts menée contre les jeunes vendeurs à la sauvette, qui proposent des articles aux citoyens à même le trottoir, est un facteur créateur de troubles et qui pousse des milliers de jeunes à se tourner vers des formes de pratiques violentes et vers le banditisme. Cette lutte a deux répercussions. La première on l'a vue, pousse les jeunes à adopter les comportements déviants et de délinquance. Les terroristes recrutent parmi ces jeunes désespérés lesquels représentent un vivier providentiel, mais on a vu aussi que le démantèlement de ce que les autorités ont appelé les marchés anarchiques, notamment toutes ces camionnettes qui proposent des fruits et légumes aux prix abordables, a été la cause principale de la flambée des prix. Il y a maintenant le dispositif Ansej et celui du microcrédit. L'Etat a dégagé les fonds nécessaires et a prévu un ensemble de mesures incitatives pour encourager la création de microentreprises, aussi bien en direction des jeunes chômeurs que des seniors âgés de 35 à 50 ans. Il y a également l'opération des 100 locaux par commune. Tout l'argent débloqué à cet effet appartient à l'Etat, donc à la collectivité nationale. Le but d'une telle opération est évident. Il s'agit d'abord de créer des emplois et de lutter contre le chômage. Ensuite de densifier le tissu national en PME et enfin, de contribuer à élever le taux de croissance. C'est un choix économique et politique irréversible, et pourtant il y a des banques qui ont été diligentées par l'Etat pour octroyer les crédits, -sur la base d'un dossier bien ficelé-, mais qui bloquent des dossiers agréés par les institutions comme l'Ansej ou la Cnac (emploi des jeunes et Caisse nationale du chômage). Le ministre des Finances lui-même, M.Karim Djoudi, s'est élevé contre un tel comportement des banques, qui est non seulement économique mais en plus va à l'encontre de la politique de l'Etat. Ce sont toutes ces contradictions qui font qu'en Algérie la bureaucratie a de beaux jours devant elle et que des projets et des textes de loi, qui sur papier sont très performants, s'avèrent inopérants dans la pratique. Si les banques bloquent un dispositif censé donner une impulsion au microcrédit et si des policiers, à qui il est demandé de faire un travail de proximité en direction des jeunes délinquants font un travail de répression qui pousse les jeunes à commettre des actions délinquantes, c'est donc toute la politique des pouvoirs publics qui est détournée de son cours normal et qui est vidée de sa substance.