Nombreux sont ceux, d'ailleurs, qui arrivent à peine au Smig. Dénicher un emploi constitue une véritable corvée pour les citoyens dans la wilaya de Tizi Ouzou. Et pour cause, cette dernière ne dispose aucunement d'un tissu économique susceptible de gérer autant de postes de travail à même de résorber le chômage galopant qui ronge la classe juvénile notamment. Ainsi, à défaut d'un emploi stable en mesure de répondre, un tant soi peu, aux exigences du quotidien, les citoyens se voient, par la force des choses, contraints de se contenter de l'emploi précaire, s'il y en a bien sûr. En effet, dans cette catégorie, l'employé est soumis à une exploitation en bonne et due forme sans pour autant parler des maigres salaires qu'il perçoit à la fin du mois. Nombreux sont ceux, d'ailleurs, qui arrivent à peine à frôler le Smig. «On a pas trouvé mieux. On doit seulement supporter tout ce qui pèse sur nous. On travaille du lever du jour jusqu'à la tombée de la nuit avec une paie vraiment dérisoire mais on tient quand même le coup avant de voir des jours meilleurs», dira un jeune, la trentaine à peine bouclée, exerçant comme serveur dans une cafétéria au chef-lieu de wilaya. Notre interlocuteur a mis également l'accent sur un problème épineux qui le préoccupe d'une manière très inquiétante. Il s'agit du volet sécurité sociale dont il ne bénéficie pas. «Comment peut-on faire son avenir alors qu'on travaille au jour le jour sans aucune assurance», s'interroge-t-il encore. Toujours dans la capitale du Djurdjura, un autre jeune, ingénieur de formation, essaye de gagner «sa croûte» en travaillant comme vendeur dans une épicerie, mais il n'arrive pas, dit-il, à joindre les deux bouts. «Je n'ai rien trouvé d'autre. C'est le dernier recours. J'ai fait, d'ailleurs, un tas de dossiers pour décrocher un boulot qui corresponde à mon domaine, en vain. Donc, je continue de subir les multiples affres de l'exploitation», dira-t-il avec beaucoup d'amertume. Par ailleurs, d'autres jeunes, les mieux lotis bien sûr, s'appuient sur la béquille paternelle pour s'investir dans les petits commerces. C'est le cas de Madjid, originaire d'Azazga, qui a ouvert un magasin de chaussures à la Nouvelle-Ville. Il en est de même pour Karim, celui-là a préféré s'investir dans le commerce ambulant de fruits et légumes. D'autre part, le commerce informel «absorbe» une grande partie de la jeunesse de la région qui s'adonne à la vente à la sauvette. D'ailleurs, les différentes ruelles de la ville des Genêts donnent quotidiennement l'image d'un marché à ciel ouvert. Cependant, ces derniers jours, les éléments de la police interdisent toute vente à la sauvette, en traquant continuellement les vendeurs. «On n'a pas où aller. L'Etat ne veut pas nous donner de travail et aujourd'hui, on se trouve pourchassés à longueur de journée par la police. Donc, on peut se poser cette question : sommes-nous des Algériens ou bien des étrangers ? » Ce sont là les propos d'un vendeur à la sauvette qui, révèle-t-il, fait nourrir, grâce à son « boulot », une famille de dix personnes. Enfin, pour évoquer, par ailleurs, les différents dispositifs pour l'emploi mis en place par les services de la wilaya, on peut nettement déduire que le nombre de postes accordés à Tizi Ouzou dans le cadre de l'Iaig et de l'Esil sont en deçà de la demande. Il est utile de préciser, en outre, que les indemnités de l'Iaig et de l'Esil s'élèvent respectivement à 2 900 et 3 500 DA mais restent, cependant, un luxe pour bon nombre de citoyens eu égard à la demande qui dépasse les quotas attribués à chaque commune. Aussi, le préemploi, le dispositif destiné aux jeunes diplômés des universités, n'est pas à la portée de tout le monde. les 1 400 postes accordés à la wilaya de Tizi Ouzou durant l'année précédente n'ont pas satisfait le quart du nombre des demandeurs. s. b.