Pour satisfaire les besoins de la consommation locale, Sonatrach a importé en 2007 quelque 100.000 tonnes pour un montant de 52 millions de dollars. Les citoyens, propriétaires de véhicules, devront-ils mettre encore un fois la main à la poche pour payer plus cher la vignette automobile. C'est du moins ce que prévoit la nouvelle loi de finances 2008 qui, heureusement, devra avoir le quitus de l'Assemblée nationale. Au départ, il était question d'augmenter le prix du gasoil, carburant destiné aux véhicules à moteur diesel pour orienter la consommation du carburant en Algérie. L'Algérie importe une bonne partie de ce carburant de l'étranger. La demande en la matière a véritablement explosé, mais ce n'est pas seulement à cause de l'agrandissement du parc automobile national. La relance des grands projets économiques tels l'autoroute Est-Ouest, le métro d'Alger, l'opération d'un million de logements qui s'ajoute à l'afflux d'investisseurs étrangers dans différentes filières s'est répercutée sur la consommation de cette énergie qui fait fonctionner les grand engins. Selon des statistiques officielles, la consommation de ce carburant très prisé par les Algériens a doublé. Elle est passée de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006. Cette augmentation est estimée à 10% par année en moyenne. Pour satisfaire les besoins de la consommation locale, Sonatrach a importé en 2007 quelque 100.000 tonnes pour un montant de 52 millions de dollars. Une facture est appelée à voler encore plus haut l'année prochaine. Les capacités de raffinage de notre société nationale sont bien en deçà de la demande. Elles sont évaluées à environ 22 millions de tonnes/an. Ce qui signifie que l'Algérie va devoir encore importer d'importantes quantités de gasoil, à en croire l'annonce faite par le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil. A court terme, il est prévu un volume d'importation de 2,5 millions de tonnes pour une valeur estimée à environ 1,5 milliard de dollars. Le recours à l'importation pour combler le déficit n'est qu'une solution transitoire. Les autorités ont déjà prévu l'augmentation des capacités de production de ce carburant et la construction d'une grande usine de raffinerie à Tiaret d'une capacité de production de 15 millions de tonnes/an qui sera fonctionnelle à l'horizon 2012. Mais en attendant, le département de Chakib Khelil a choisi la solution facile en demandant l'augmentation du prix du mazout et la baisse de celui des autres carburants tels que le gaz propane liquéfié (GPL) et l'essence pour encourager leur consommation et faire baisser la pression sur le gasoil. Une politique qui pénalise des millions de citoyens propriétaires d'automobiles à moteur diesel. L'augmentation du prix du gasoil et celle de la vignette-auto pour les voitures qui fonctionnent avec ce carburant, jusque-là bon marché, si elles venaient à être avalisées par le Parlement dans la nouvelle loi de finances, serait une double sanction à l'endroit des propriétaires de ce genre de véhicules. D'autant plus que les voitures à moteur diesel coûtent plus chers sur le marché. Aussi, cette catégorie de citoyens ne se sent pas responsable des conséquences néfastes causées à l ‘économie nationale par l'envolée des niveaux de consommation de ce carburant. Quant à l'alibi de pollution et de dégradation de l'environnement collé aux voitures diesel, il est bon de rappeler que la grande pollution est produite surtout par les grandes usines qui sont implantées dans les villes au beau milieu du tissu urbain. Un citoyen très averti nous livre dans ce qui suit sa réaction devant cette intention déclarée des autorités de pénaliser davantage les propriétaires de véhicules à moteur diesel. «Je me sens, dit-il doublement sanctionné par cette nouvelle politique énergétique décidée par le département de Chakib Khelil. Au lieu de trouver des solutions intelligentes, on choisit la solution facile. C'est d'ailleurs le propre de nos gouvernants. Il aurait été préférable de mieux communiquer avec les citoyens, d'appeler à plus de civisme en matière d'usage des véhicules plutôt que de piocher dans la bourse déjà mal en point.» Pour revenir à l'historique de la politique de taxation des véhicules, il est bien de rappeler que c'est une procédure initiée par le gouvernement d'Ahmed Ouyahia dans des circonstances économiques toutes particulières. L'Algérie était confrontée à une grave crise financière et le recours à la solde des travailleurs et propriétaires de voitures était en partie justifié. Mais aujourd'hui le pays respire la bonne santé financière et une telle initiative n'a aucune justification. Les Algériens s'attendaient à voir cette taxe sur l'automobile supprimée, voilà qu'on lui annonce qu'elle sera reconduite et avec une valeur ajoutée.