Les capacités de sa production sont insuffisantes alors que sa consommation a doublé en quelques années pour atteindre 6 millions de tonnes en 2006. Ce qui a poussé l'Etat à importer ce carburant polluant, très cher, et à le vendre, ensuite au consommateur final à des prix du marché local. L'Etat semble plus que jamais décidé à réduire la consommation du gas-oil en Algérie. Il multiplie ces derniers jours les campagnes de sensibilisation et autres actions de médiatisation envers les citoyens dans le but de les dissuader à consommer le diesel et de les convaincre à l'utilisation des autres carburants tels que le GPL, l'essence et le gaz naturel comprimé. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, initiateur de ce projet, veut persuader, à coup de déclarations, l'opinion publique nationale sur le bien fondé de son initiative. Pour cela, le ministre propose une hausse des prix du gas-oil à partir de l'année prochaine. Il estime que la consommation de ce carburant a augmenté sensiblement ces dernières années. Elle est passée de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006, soit le double en quelques années. L'augmentation de la consommation est estimée à 10% par année en moyenne. La croissance de la demande nationale sur cette courte période représente, selon le ministre, un volume additionnel de 2,5 millions de tonnes qui serait valorisé à 1,5 milliards de dollars. La demande est de plus en plus importante et les capacités des raffineries, évaluées à environ 22 millions de tonnes/an, sont devenues insuffisantes. Le niveau relativement bas du prix du gas-oil a encouragé sa surconsommation malgré les dangers que son utilisation présente pour l'environnement et la santé publique. Ce qui incite de plus en plus les pouvoirs publics à prendre des mesures incitatives quant à son utilisation rationnelle et pour favoriser le recours à des produits énergétiques plus propres. À ce propos, des administrations publiques seraient destinataires récemment d'une note les obligeant à ne pas consommer du gas-oil et d'opter essentiellement pour les autres carburants. Les recommandations qui ont sanctionné la journée d'étude consacrée à l'évolution de la consommation de gas-oil, tenue la semaine dernière à Alger, insistent ainsi sur l'aide à l'acquisition/réalisation de stations GPL et GNC (gaz naturel comprimé), l'aide à l'utilisateur pour la conversion des véhicules et la prise en charge du différentiel entre le prix du véhicule diesel et le véhicule GNC. Pour réduire l'utilisation du gas-oil, réputé très polluant, les participants recommandent également d'imposer aux institutions étatiques l'utilisation des carburants propres, l'application de la réglementation en matière de contrôle des véhicules convertis en limitant la consommation, à moyen terme, à deux essences, à savoir le super et le sans plomb et de taxer enfin les véhicules diesel à l'achat. Par ailleurs, il est proposé de développer d'autres modes de transport des voyageurs et de marchandises tels que le train, le tramway, l'aéroglisseur, le navire et autres. Afin de rationaliser la consommation du gas-oil, il est recommandé d'effectuer des contrôles techniques plus rigoureux, de réduire l'écart de prix entre l'essence et le gas-oil et d'établir une coopération étroite entre les douanes et les distributeurs aux frontières afin de réduire la fraude. La consommation atteint actuellement, faut-il le rappeler, des niveaux dépassant les capacités de production nationale. Baisse des revenus d'exportation de 20 milliards de DA Ce qui posera un problème pour l'offre, compte tenu des volumes à mobiliser et de la structure de la demande qui sera difficile à satisfaire. Le ministère a décidé donc de réhabiliter les raffineries existantes, d'augmenter leur production et de construire une nouvelle usine à Tiaret à même de produire 15 millions de tonnes/an. Avec l'ouverture de cette raffinerie en 2012 pour laquelle l'Etat dépensera plusieurs milliards de dollars, l'offre pourra ainsi combler le déficit. La politique du département de M. Khelil vise également à encourager la consommation des autres carburants en baissant leur prix afin de réduire cet intérêt pour le gas-oil. Le département de M. Khelil a inscrit aussi dans sa démarche l'idée de mettre un frein à cette tendance vers la diésélisation du parc automobile national qui est passée de 27% en 2000 à 31% en 2006. Les automobilistes optent pour le gas-oil car, cela leur revient moins cher que l'essence. Or, “si nous poursuivons cette tendance, les raffineries y compris celle de Tiaret ne pourront satisfaire la demande. Pire encore, nous allons continuer à importer ce carburant trop cher en devises pour le vendre aux consommateurs au prix du marché local. Et la différence entre ces deux tarifs sera par conséquent supportée par l'Etat. Au lieu d'importer ce carburant, il est préférable d'utiliser cet argent pour construire un hôpital ou une école, par exemple. Ce n'est pas rationnel”, avouera Chakib Khelil. “Nous allons, doucement sur une longue période, essayer de changer les prix relatifs du gas-oil par rapport aux autres carburants afin d'inciter les consommateurs à utiliser des énergies propres comme le GPL”, ajoutera-t-il. Sonatrach a importé, à titre illustratif, plus de 100 000 tonnes pour 52 millions de dollars cette année. L'augmentation attendue de la consommation de gas-oil, pour l'année 2007, se traduit, précisera-t-il, par un manque à gagner pour l'économie nationale, soit une baisse des revenus d'exportation de près de 20 milliards de DA (265 millions de dollars). Le ministre suggère de ce fait la mise en œuvre d'une autre politique des prix de sorte à pousser les citoyens à utiliser les autres carburants. “Chaque année, nous préconisons une évolution des prix. Il s'agit de revoir le tarif relatif au gas-oil, afin qu'il soit plus élevé que celui des autres carburants”, affirmera-t-il. La répartition de la consommation finale du gas-oil, par secteur d'activité en 2005, démontre que le secteur des transports représente la part la plus importante avec 49%, suivi du secteur résidentiel et tertiaire (23%), l'agriculture (17%) et l'industrie et le bâtiment-travaux publics avec 11%. Le prix actuel du gas-oil à la pompe (13,70 DA/litre) équivaut à peu près à la moitié du prix des essences et ne représente qu'environ le tiers des prix internationaux de ce carburant (environ 35 DA/l). Badreddine KHRIS