Tizi Ouzou a vécu des soirées de Ramadhan finalement des plus sereines et des plus réussies grâce à la Maison de la culture. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a fait briller le ciel des nuits du Ramadhan à Tizi Ouzou. De nombreux artistes ont égayé les soirées des familles tiziouzéennes. Dès le premier jour de Ramadhan, on a vu défiler dans ce temple dédié à la culture et à l'art des chanteurs de renom, ceux-là dont le nom scintille dans le firmament et qui ont su conquérir et garder les coeurs de milliers de fans. Brahim Tayeb, celui qui sait regarder avec les yeux du coeur, Aït Menguellet, le rossignol poète et Akli Yahiatène, le jeune vieux routier de la chanson ainsi que Mourad Guerbas, la coqueluche de la nouvelle génération, Saïd Youcef, celui qui «met bas la veste», ont attiré les foules alors qu'Aït Menguellet a fait un tabac. Lounis, le ciseleur du verbe, a gardé intacte une popularité faite d'un doux mélange de respect et de tendre communion avec son public. Mohamed Allaoua, majestueux de par son art et sa façon de conquérir les coeurs. Donnant la réplique, Malika Domrane, avec ses douces berceuses alliant l'histoire et le vécu à la douceur de vivre et ses chansons rythmiques mettant en exergue «tayri» ce doux sentiment qui mène le monde et Massa Bouchafa, qui, elle aussi, puise à pleines mains dans le terroir, animeront, à elles deux, les dernières soirées du Ramadhan à Tizi Ouzou. Sihem Stiti, celle qui voit avec le coeur et qui a une voix des plus douces et des plus modulées et Ahcène N'Aït Zaïm, celui qui aspire au Zénith, ont forcé le destin en donnant un air de fête à la Maison de la culture. Les familles étaient nombreuses à goûter les soirées faites de douceur et de beauté. Certaines ont même oublié le marasme ambiant pour esquisser des pas de danse dans une Maison de la culture souvent survoltée. Chanter contre l'angoisse et le stress, c'est une belle façon de résister à l'usure du temps et de passer des moments revigorants. Il ne se passe pas de soirée sans que l'on remarque des villageois affronter la peur ambiante en Kabylie en ces jours où l'on ne fait qu'annoncer des actes de violence pour jouir d'un moment de bonheur. La chanson est aussi un acte de résistance et l'antidote contre la violence avec cet espoir chevillé au corps que le pays et, partant, la région retrouvent des rives plus sereines. Le Ramadhan, finissant, s'est finalement déroulé sans trop d'accrocs en Kabylie. En ville, les forces de sécurité, par leur vigilance, ont fait oublier aux populations les menaces qui pesaient sur elles. Tizi Ouzou a montré en ce Ramadhan qu'avec beaucoup de volonté, on peut arriver à vivre malgré les nervis. Ce Ramadhan arrivant à son terme a été tout de même assez calme et les familles ont pu goûter aux plaisirs de la détente sauf que la seule Maison de la culture ne saurait, telle l'hirondelle, faire à elle seule le printemps. Tizi Ouzou demande d'autres lieux de détente. Il est temps que les pouvoirs publics y songent en réaménageant et en ouvrant les salles de cinéma actuellement laissées à l'abandon et en créant réellement un théâtre municipal et la liste est longue en ce domaine.