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La théorie du chaos
L'AVENIR DES RELATIONS INTERNATIONALES
Publié dans L'Expression le 04 - 10 - 2007

Cette théorie prétend que l'hégémonie des puissants doit créer le chaos et le désordre dans le monde arabe et musulman pour s'imposer ailleurs.
Aujourd'hui, plus que jamais, l'étude conjointe, dans le cadre de partenariats stratégiques effectifs, des problèmes liés à l'absence de visibilité, à la désorientation, à l'insécurité et aux nouveaux désordres, risques et incertitudes, s'impose comme une nécessité, vu le contexte de crise international, régional et national si préoccupant. Nous sommes face à la propagation de la théorie du chaos, conçue contre le monde arabe et musulman, plus dangereuse encore que celle du choc des civilisations. Cette théorie prétend que l'hégémonie des puissants doit créer le chaos et le désordre dans cette région pour s'imposer dans le monde. La mondialisation altère la perception du besoin de solidarité, de partage et de paix et donne des illusions à ceux qui veulent imposer leur loi par la force. De plus, les formes diverses de déstabilisation, comme les remises en cause de la souveraineté, la dépendance technologique et économique, le terrorisme des puissants et des faibles, la subversion, le crime organisé, la violence sociale et le régionalisme étroit, les menaces de recolonisation sous des formes inédites, contre les intérêts nationaux, sont des risques visibles qu'aucun pays ne peut ni exclure ni affronter seul. Certains dans le monde misent sur le déclin proche de la première puissance, ou un effondrement interne, à tout le moins, des changements internes. Le monde arabe et musulman, qui est la première victime de la mise en oeuvre folle du chaos, ne peut se permettre de rester les bras croisés et de se voiler la face.
Où va le monde arabe et musulman?
A tout cela s'ajoutent les problèmes d'éducation à la citoyenneté. La difficulté est encore plus grande dans les pays arabes, quand il s'agit de régler ces problèmes liés à ceux de démocratie et d'Etat de droit. Les problèmes sociaux de base, comme le début de la généralisation de l'individualisme, qui sape les valeurs de base et où l'on assiste à une rupture avec l'intérêt général et aussi des attitudes extrémistes dues à l'ignorance et aux manipulations, sont significatifs du degré de déliquescence mais aussi, entre autres, à l'illettrisme (plus d'un tiers de la population), l'échec scolaire (près de 50% à la sortie du collège et à la fin du secondaire) et le chômage (près de 30%). Les valeurs morales et spirituelles du monde arabe et musulman, rempart contre tant de dérives de la marchandisation du monde, sont actuellement portées principalement et seulement par le mouvement soufi et les citoyens opposés par bon sens aux fanatismes et aux pratiques rétrogrades importés. Les réseaux satellitaires de télévision, si influents, de l'Occident comme de l'Orient, deversent en général des propagandes ou de perversion ou de fermeture sur soi. Personne ou presque ne parle vrai aux citoyens et ne cherche à les éclairer et éduquer, livrés à eux-mêmes. Dans ce contexte, où va le monde arabe et musulman? Malgré d'énormes potentialités et richesses, et des valeurs et références spirituelles singulières, qui sont justement la visée des puissances étrangères, il ne semble pas sur la voie des réformes et du renouveau. Certes, la situation est hétérogène d'un pays à l'autre, mais tous, ou presque souffrent de problèmes de fond. Le premier est politique: faiblesse du processus démocratique et monopoles des pouvoirs. Le deuxième est stratégique: l'absence d'un projet de société clair afin de faire face aux défis de l'hégémonie extérieure et de la mondialisation. Le troisième, conséquence des deux premiers, est culturel et éducatif, faiblesse d'une pensée vivante capable de former un citoyen responsable et équilibré, qui harmonise les valeurs pérennes et évolutives.
Développement, indépendance et paix sont intimement liés entre eux et, ensemble, à la question de l'éducation. La ressource humaine est l'élément moteur. La méthode pour gouverner comme pour enseigner et gérer est déterminante. L'éducation à l'université et la coopération entre les instituts d'enseignement supérieur et les autres organes concernés peuvent contribuer à former les cadres et les acteurs politiques, sociaux, économiques et culturels dont la société a un besoin vital pour maîtriser une information réfléchie et approfondie (collecte, traitement, analyse) sur les enjeux de la mondialisation des inégalités, de la déshumanisation et de l'insécurité. Cela ne peut pas se faire sans la liberté d'expression et de critique constructive, et la valorisation des élites, concepts-clés à ne pas confondre avec le dénigrement et l'élitisme. Il est urgent de tirer la sonnette d'alarme dans chacun des pays arabes. La décadence et les menaces ont atteint un seuil critique
Par tous les moyens raisonnables, il faut aussi créer le ciment indispensable entre les différentes forces vives de tous les pays en vue d'assumer les changements sociaux, de sauvegarder l'autorité de l'Etat et des institutions internationales, celle de la société humaine et l'identité évolutive des peuples (sans abuser de ce terme), tout cela dans un puissant mouvement de renaissance témoignant d'une sortie éventuelle de la crise. Tâche urgente et encore possible, en un temps où la conjoncture internationale tend non seulement à relativiser la souveraineté des Etats, à accentuer la dépendance des économies et à diluer l'identité, ce qui est vrai pour tous les pays, mais aussi à les battre en brèche, voire les liquider par des moyens brutaux ou insidieux. Le monde arabe est le premier visé pour de nombreuses raisons, pris comme épouvantail et cible facile.
Sur le plan interne, les penseurs, les chercheurs, les cadres spécialisés et les politiques, lorsqu'ils existent, ont pour devoir de forcer le cercle de la marginalisation, de penser et de prévenir les événements, d'identifier les différentes formes de risques, d'agressions, d'incertitudes, d'évaluer leur impact sur l'opinion publique et d'analyser les remèdes et les réponses possibles. La mise en commun, en termes d'alliance et de partenariat, des expériences et du savoir des différents acteurs scientifiques et politiques à l'intérieur du pays est nécessaire pour ouvrir un débat objectif sur les causes et les effets, comme pour chercher les solutions à apporter en vue de tenter de réduire les nouvelles formes de dépendance, d'insécurité et d'instabilité. Il s'agit, d'une part, d'éclairer le débat public et, d'autre part, de compléter et de soutenir le travail des élites, des managers, des pédagogues, des politiques et des professionnels. Dans la région arabe et entre les deux rives de la Méditerranée, par-delà le fait que l'esprit areligieux, le libéralisme et l'économisme dominent en Europe et nous préparent un horizon fermé, l'Union européenne, de par les liens qui nous unissent, peut, au vu des réformes internes que nous pouvons mener à bien, prendre conscience de la situation catastrophique des relations internationales, et défendre, d'une part, le principe du multilatéralisme et, d'autre part, le respect des conditions internes à nos pays, limitant ainsi les ingérences et les préjugés d'une superpuissance souvent ignorante de nos réalités et de nos spécificités et préférant le militarisme comme nouvelle idéologie. Par le dialogue on doit faire prendre conscience à tous du caractère suicidaire de la logique du chaos.
Le dialogue et l'alliance sont vitaux
Même si les relations bilatérales restent encore le socle des relations internationales, d'une part, et les desseins de la première puissance influent sur le cours des événements dans notre région, d'autre part, le dialogue et l'alliance entre les rives de la Méditerranée sont vitaux et gardent plus que jamais leur pertinence, au regard du contexte de crise, d'inquiétude et d'incertitudes dans lequel se débat la communauté internationale. S'agissant par exemple d'un processus global, à long terme, en phase de maturation, confronté à des dysfonctionnements et difficultés, la voie ouverte, il y a dix années, en 1995, mérite sans aucun doute d'être consolidée, relancée et revitalisée pour de multiples raisons dont la première est la nécessité de s'unir face au désordre et aux risques. Les problèmes politiques, économiques et culturels du monde, malgré des progrès et des acquis scientifiques, deviennent, en effet, de plus en plus déstabilisants, complexes et préoccupants. Trop d'incompréhensions, de méfiance, de pauvreté, d'inégalités et de violences marquent notre monde.
Sur le plan du dialogue, il y a lieu de clarifier les raisons de cette démarche, car il n'y a pas d'autre alternative, sinon la confrontation. L'Occident doit comprendre que pour dialoguer, il faut apprendre à écouter, donner et recevoir et non pas vouloir dicter sa loi. Avoir la volonté sincère de partager avec l'autre, sans rien lui imposer, ce que l'on croit être vrai, juste et beau. Pour dialoguer, du côté du monde arabe et musulman, il faut au préalable savoir d'où l'on tient et d'où l'on vient soi-même. Avoir à la fois la conscience et la fierté d'être ce que notre parcours, notre histoire et notre terre ont fait de nous. Des gens sans mémoire, ni ambition, déracinés, sans repères, auront des difficultés à dialoguer. On doit tous avoir la passion d'évoluer, de se laisser transformer, de recevoir, sans s'imaginer détenir l'exclusivité de la vérité. Une identité est la synthèse de valeurs multiples et évolutives. Une conjugaison entre les sources pérennes et les données évolutives. Dialoguer, c'est reconnaître, sans syncrétisme, ni relativisme, que l'autre a une part de vérité et un intérêt évolutif à défendre, et que nul n'est monolithique ou statique. L'autre doit savoir que l'on ne dialogue pas pour convertir par la ruse ou la force l'autre différent, ni prétendre lui faire la leçon. Il s'agit de témoigner, d'aider l'autre à me comprendre et de m'ouvrir à d'autres angles de vue pour le comprendre. Un dialogue n'est pas seulement un face-à-face entre deux étrangers, deux adversaires, ou deux êtres différents, il est aussi un dialogue avec soimême. On a besoin les uns des autres pour avancer, rester vigilants et garder l'horizon ouvert. Il y va de l'avenir de tous. Faire coïncider les intérêts est l'art de la négociation.
On aura remarqué que certains invoquent leurs «valeurs» pour légitimer leurs choix politiques. L'Occident, qui se réclame des différentes expressions de la modernité et de l'humanisme, emploie de moins en moins ce terme, par peur de dévoiler son emprise du monde sur la base justement d'absence de valeurs, remplacé par la marchandisation du monde. Quant aux musulmans dogmatiques, ils répètent que la seule application de la tradition contient toutes les solutions nécessaires à la quête du salut ici-bas et dans l'au-delà. Les valeurs deviennent un refuge. Au lieu d'être créateurs et réformateurs de valeurs, on s'enferme. L'avenir dépend de la capacité à s'ouvrir. Débattre, discuter, dialoguer pour changer la réalité et sortir des crises est le chemin raisonnable. Puisque nous savons la nécessité du vivre ensemble, notamment face aux défis communs, depuis toujours, reconnaître les brassages et les fermentations subtiles du passé, pourquoi ne serions-nous pas capables de nous penser aujourd'hui -en particulier les peuples de l'Occident méditerranéen- comme un creuset possible pour une culture universelle encore inédite? Tout en respectant et discutant de la différence?
Au niveau mondial, comme au niveau régional, et pour tous, il est urgent de sortir des fausses promesses, du double langage et de la politique du deux poids, deux mesures. Les peuples ne sont pas dupes. Cependant, pour relever les défis, sur le plan interne, l'arme majeure est le citoyen cultivé, conscient et responsable des enjeux. A quand l'ouverture et le débat dans le monde arabe pour mobiliser les citoyens, rechercher le consensus et engager une nouvelle dynamique? La théorie du chaos que des apprentis sorciers prônent ne peut être évitée que par la mobilisation de tous ceux qui sont encore attachés au droit et à la coexistence.


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