Rabat achèterait le Train à grande vitesse (TGV) auprès de la France pour «atténuer la forte colère de Paris» et «maintenir la visite, fin octobre, de Nicolas Sarkozy au Maroc» C'est officiel, le contrat d'armement entre Paris et Rabat pour l'acquisition des Rafale français tombe à l'eau. Le Maroc préfère une proposition américaine qui concerne l'achat d'avions de combat de type F-16. Aux fins de compenser sa décision de commander des avions de combat américains plutôt que des Rafale français, le Maroc tente de jouer la conciliation. Rabat envisage d'acheter le Train à grande vitesse (TGV) auprès de la France pour tempérer la colère française née du changement de position, écrivait, hier, le journal économique La Tribune. «Après le refus du roi Mohammed VI d'acheter l'avion de combat de Dassault, Rabat négocie avec l'Elysée la fourniture du TGV. Le geste royal permettrait de maintenir la visite, fin octobre, de Nicolas Sarkozy au Maroc», lit-on dans le même journal. La Tribune annonce que des discussions sont déjà en cours, au niveau diplomatique et industriel, pour la fourniture d'un TGV qui permettrait de relier à grande vitesse «Marrakech à Essaouira et/ou Casablanca». Ainsi, «un protocole d'accord portant sur la fourniture du TGV pourrait être signé» lors de la prochaine visite du président français au royaume chérifien. La décision marocaine, explique-t-on, vise à «atténuer la forte colère de Paris» face au choix de Rabat de ne pas acheter le Rafale. Le 20 septembre dernier, des sources françaises avaient assuré que l'avion de Dassault français était en très mauvaise posture pour remporter le marché marocain face aux Etats-Unis «qui proposent des F-16 d'occasion prélevés sur ceux de l'US Air Force». Ainsi, après maints allers et retours, le fameux contrat d'armement entre la France et le Maroc s'avère en fin de compte, sans lendemain. Ce contrat avait provoqué une controverse et fait l'objet de rumeurs depuis près d'une année. On a même parlé de conciliabules infructueux entre Paris et Rabat en dépit d'un montant de financement assuré par l'Arabie Saoudite. L'offre américaine est venue, à coup sûr, bousculer toutes les donnes, annonçant, par la même, une complicité maroco-américaine, désormais plus sûre que jamais. En toile de fond figure aussi une dangereuse concurrence franco-américaine dans la région du Maghreb et du Sahel. Militairement, le Maroc a changé de cap sans pour autant bouder définitivement le vieil allié politique et économique qu'est l'Hexagone. Mais, pour des intérêts géostratégiques, en relation surtout avec la question sahraouie et autres affaires régionales figurant dans la géopolitique américaine, le Maroc a décidé d'élargir sa ligne de mire. Cela dit le contrat d'armement américain avec le royaume de Sa Majesté serait négocié sur la base d'intérêts minutieusement calculés. D'un côté, le Maroc poursuivrait sa politique expansionniste au Sahara occidental, en dépit de toutes les résolutions onusiennes le rappelant à l'ordre, de l'autre, les Américains auraient un partenaire au Maghreb, face aux «allergies» affichées par les autres pays de la région de serrer la main aux Américains et les accueillir sur leurs territoires. En tout cas, les USA ne désespèrent pas et risquent surtout de placer la région dans une tornade d'insécurité à effets incontrôlables.