Tandis que certains accusent le chef de l'Elysée d'avoir fui les manifestations, d'autres reviennent sur les profits que la France pourrait tirer de cette visite. De la Lettre de Guy Môquet à l'Union méditerranéenne, passant par les différents contrats signés entre la France et le Maroc, la visite de trois jours du président français, Nicolas Sarkozy, au Maroc a suscité des commentaires tant parmi la presse française que marocaine. Pour le quotidien français Libération, le déplacement du président Sarkozy au Royaume chérifien n'est qu'une manière d'éviter un éventuel affrontement avec les enseignants du lycée Carnot à Paris, là où le jeune résistant communiste Guy Môquet, (fusillé par les Allemands le 22 octobre 1941), avait étudié. «Avertis de sa présence plus que probable, les enseignants de ce collège s'étaient réunis en assemblée générale la semaine dernière et avaient rédigé un texte pour expliquer» «leur refus de participer» à cette commémoration, qualifiée de «commande émotionnelle» écrit Libération. «Hier une manifestation était d'ailleurs organisée devant le lycée. Sarkozy n'a pas voulu l'affronter» a écrit encore ce journal. Loin de ces «malaises» internes, Le Figaro, journal conservateur de droite, préfère plutôt axer son propos sur le profit économique que pouvait tirer la France de la visite du président Sarkozy. Ce journal n'oublie pas de rappeler les rapports économiques existants entre la France et le Royaume chérifien. «Premier partenaire du Maroc avec 60% des investissements étrangers, Paris entend renforcer ses positions». Dans ce sens, le président français a annoncé, hier à Rabat, que la France avait signé la veille (lundi) des contrats avec le Maroc pour un montant de 3 milliards d'euros. Le contrat le plus important porte sur une ligne de train à grande vitesse (TGV) entre Tanger et Casablanca, estimée à 2 milliards d'euros, dont la moitié reviendra, notamment à trois entreprises françaises, Alstom, la Société nationale des chemins de fer français (Sncf) et Réseau ferré de France (RFF), pour le matériel roulant et l'équipement de la voie (signalisation, sécurité). Le Nouvel Observateur revient sur un autre angle de cette visite. Pour ce journal, la visite de Nicolas Sarkozy au Maroc est une occasion pour booster, encore davantage, le projet de l'Union méditerranéenne. Un projet cher aux yeux du chef d'Etat français. «Il reste qu'aujourd'hui, si l'on doit évoquer la particularité atlantique du Maroc, c'est le projet d'Union méditerranéenne qui est essentiel» écrit le directeur du Nouvel Obs., Jean Daniel. Celui-ci souligne que «depuis qu'en Algérie, Nicolas Sarkozy en a évoqué l'idée, les manifestations d'intérêt se sont multipliées». «S'il est un projet dont je ne souhaite pas que Nicolas Sarkozy et les siens le gâchent par une série de gestes maladroits, d'initiatives brusquées et d'impatiences grossières, poursuit Jean Daniel, c'est bien ce projet d'Union méditerranéenne qui constitue tout simplement l'avenir de l'Europe». Tout en allant dans le même sens, le journal marocain L'opinion va, néanmoins un peu «en profondeur» en étalant sa conception de ce projet. «L'idée est aujourd'hui de regrouper des Etats riverains autour de projets concrets portant sur le développement économique, la sécurité, l'environnement et la culture». Dans son édito, intitulé Marrakech à l'heure de Sarkozy, le quotidien Le Matin revient sur le symbole que revêt cette ville qui a, entre autres, vu la naissance, le 17 février 1989, de l'UMA. «Aujourd'hui, elle abrite une importante communauté française, active, intégrée, qui modèle jusqu'à son nouveau visage cosmopolite. Parée de ses beaux atours, elle réserve un accueil enthousiaste au président de la République française auquel elle est familière» écrit Le Matin qui ne s'étale pas sur les prolongements d'une visite dont les soubassements restent encore à décoder.