De Gordon Brown à Amnesty International en passant par le Conseil de sécurité, l'unanimité est sans faille pour condamner les répressions contre le peuple birman. La «communauté internationale», comme un seul homme, se mobilise depuis quelques jours pour faire pression sur le gouvernement du Myanmar et faire savoir au peuple birman la solidarité du monde avec sa lutte pour la liberté et la démocratie. Du Premier ministre britannique, Gordon Brown, à Amnesty International en passant par le Conseil de sécurité, l'unanimité est sans faille pour condamner les répressions policières contre les manifestants birmans. Ainsi, M.Brown assurait hier que «le monde n'a pas oublié -et n'oubliera pas- le peuple birman». A la bonne heure, serions nous tentés de dire! Trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France faisaient circuler vendredi un projet de déclaration condamnant «la répression violente» exercée contre les manifestants par la junte birmane. Sous l'impulsion d'Amnesty International, une ONG de défense des droits de l'Homme, des manifestations étaient organisées hier dans plusieurs pays d'Asie et du Pacifique. Il est évident que nous adhérons pleinement à ces manifestations de soutien à un peuple soumis au joug de la dictature. Il y a cependant comme un défaut à noter: la sélectivité des actes de soutien aux peuples opprimés de par le monde dont font montre ces Etats et organisations alors que ce soutien devrait être la norme, non l'exception, pour tous les peuples qui souffrent dans leur vie de tous les jours de l'oppression ou de l'occupation. Il y a aussi cette appréciation tout aussi sélective de ce qui est «inacceptable» de la part d'un Etat mais pas d'un autre. C'est ainsi que l'envoyé spécial des Nations unies au Myanmar, Ibrahim Gambari, a estimé vendredi qu'il existait un consensus au sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour considérer que le statu quo au Myanmar était «inacceptable». Que dire du statu quo dans les territoires palestiniens qui dure depuis 60 ans, qui n'a éveillé ni l'ire, ni fait le consensus au sein de ce même Conseil de sécurité? Les exactions de la junte birmane sont vigoureusement condamnées par la «communauté internationale» (communauté qui se réduit en fait au quarteron des puissances permanentes du Conseil de sécurité) quand cette même «communauté» ferme l'oeil sur les exactions d'Israël contre le peuple palestinien, l'Etat hébreu ayant en sus institutionnalisé les assassinats ciblés. Israël se met ainsi hors la loi internationale sans susciter, outre mesure, condamnation ou indignation des membres permanents du Conseil de sécurité sus-cités. Pourtant, le peuple palestinien fait face depuis des décennies à la barbarie de l'occupation israélienne sans que cela émeuve ceux-là mêmes qui font aujourd'hui assaut de fermeté vis-à-vis du Myanmar mais se gardent d'en faire autant pour l'Etat hébreu qui a fait assassiner plusieurs dizaines de dirigeants palestiniens par l'armée israélienne, alors que plus de 000 Palestiniens ont été tués depuis 2000 dans les raids et les représailles punitives de l'armée israélienne. Non seulement Israël n'a jamais été condamné pour les crimes commis contre les Palestiniens (cf. les massacres du camp de réfugiés de Jenine en 2001, les massacres du camp de réfugiés de Cana -Liba - en 1994 entre autres) mais Washington trouva à plusieurs reprise à justifier ces crimes par le «droit» d'Israël à se «défendre» mettant ainsi sur un pied la puissance occupante, tel que l'ONU désigne Israël, et le peuple palestinien «ghettoïsé» dans ses propres territoires occupés par une armée étrangère. Aux avant-gardes de la défense des droits de l'Homme et des libertés, Washington, Londres et Paris promptes à mobiliser le monde pour les peuples opprimés, oublient et continuent d'oublier, pour paraphraser M.Brown, que le peuple palestinien qui, au même titre d'ailleurs que le peuple birman, mérite amplement que ces grandes puissances, et les ONG de défense des droits de l'Homme, se mobilisent pour lui contre les exactions que lui fait subir l'armée d'occupation israélienne. Aussi, quel crédit peut-on accorder à des actions - sans doute les bienvenues! qui laissent en marge de la solidarité internationale un peuple qui lutte depuis plusieurs décennies pour faire reconnaître son droit à créer son Etat indépendant: le peuple palestinien! Cette sélectivité est encore plus pénible à noter lorsqu'elle est le fait de membres permanents du Conseil de sécurité et censés veiller à l'égalité entre les peuples, tel que le stipule la Charte fondatrice des Nations unies. A l'évidence, nous n'en sommes pas là. L'incapacité des grandes puissances -promptes par ailleurs à donner des leçons de liberté et de démocratie au monde- à trouver une solution équitable et acceptable à l'occupation par Israël des territoires palestiniens, en témoigne largement.