«Les rencontres, que seule la presse continue à donner pour vraies, n'ont pas eu lieu». De source proche de l'émir national de l'ex-AIS, Madani Mezrag, nous a confirmé, hier, dans un entretien téléphonique, qu'aucune négociation avec le pouvoir n'a été entreprise, ces derniers temps. En fait, notre interlocuteur répondait à une question relative à ce qu'a rapporté la presse nationale à profusion, en début de semaine, quant aux tractations que mèneraient les leaders de l'ex-bras armé du FIS avec les représentants du pouvoir, et ayant un lien direct avec les prochaines élections législatives. «En réalité, cette poussée médiatique, tout à la fois inexacte et tendancieuse, traduit une vague appréhension de certains partis politiques de voir l'électorat islamiste peser de tout son poids pour appuyer un parti ou une personnalité politique lors des prochaines échéances électorales», ajoute notre interlocuteur. La présence de certains leaders de l'AIS à Alger a été interprétée comme un message politique fort et qui aurait pour but d'aplanir les différends qu'auraient soulevés les leaders de l'organisation, autodissoute le 13 janvier 2000, à propos de la situation que vivent les repentis depuis ce jour. Parmi les doléances les plus appuyées, on peut citer la réinsertion sociale et professionnelle des anciens éléments armés, la régularisation du statut des familles ayant perdu un parent et qui ne possèdent pas encore d'attestations de décès, les droits civiques des repentis, etc. Depuis l'autodissolution de l'AIS et des organisations qui lui sont proches, telle la Lidd, les ex-trévistes ne cessent de se plaindre à leurs chefs de la situation qu'ils vivent, que ce soit à Larbaâ, à Relizane, à Jijel, à Collo ou ailleurs. Ceux-là y ont ouvert, à cette fin, des «bureaux de doléances» et sur la base desquels ils pourront, à leur tour, faire parvenir aux autorités leurs préoccupations et celles de leurs protégés. Les motifs d'une possible réunion AIS-autorités existants, donc, réellement, la même question a été posée à Abdelkader Boukhamkham, membre de la direction de l'ex-FIS, et très proche de la mouvance AIS, région Est. Réponse: «Les rencontres, que seule la presse continue à donner pour vraies, n'ont pas eu lieu. Aucun contact non plus n'a été fait pour préparer pareille éventualité. Quant à la présence de certains chefs de l'AIS à Alger, elle entre dans le cadre des droits que tout Algérien possède et qui lui confèrent la liberté de se déplacer partout en toute quiétude.» S'agissant de l'appui qu'auraient donné les anciens de l'AIS à un président de parti islamiste, proche de la mouvance islamiste radicale (Abdallah Djaballah, ndlr), et rapporté sous la forme d'une évidence par la presse, Boukhamkham affirme: «Là encore, nous nous trouvons en face de pures spéculations de la presse ; les ex-trévistes ne sont pas, tous, déchus de leurs droits civiques pour servir de simples marchepieds aux autres candidats». Et d'ajouter: «Tant que l'espace politique et démocratique permet à tous de jouer correctement, nous ne voyons pas pourquoi on veut nous écarter, pire, faire de nous un sujet de polémiques porteur... Nous prendrons tous nos droits, et nous nous inscrivons dans une ligne de conduite qui prend en compte nos droits, nos devoirs et les exigences de la société, mais qu'on cesse de nous prendre pour des commerces malléables et porteurs, en usant des sentiments des uns et des autres.» Les islamistes au centre des intérêts. Avec l'approche des législatives, il y a à attendre que les pics de tension dus au rejet ou à la convoitise de cet électorat pesant iront en s'amplifiant.