Les deux acolytes qui se répandent actuellement dans la presse ne sont que la partie visible de l'iceberg. Sept années après la dissolution de l'Armée islamique du salut (AIS), décision acceptée à l'époque par l'ensemble des chefs de cette organisation terroriste, Madani Mezrag continue toujours de s'exprimer publiquement au nom de l'ex-AIS. Apparemment, il n'a aucune envie à s'embarrasser d'explications. Une telle attitude, quelles que soient ses motivations, ne peut être considérée que comme un défi à l'autorité de l'Etat, lequel en laissant faire, autorise Mezrag à s'exprimer au nom d'une organisation terroriste dissoute? Pourquoi n'a-t-il pas lancé un appel à la reddition au Gspc après que ce groupe se soit carrément opposé à la démarche de la réconciliation nationale? L'appel du 23 août 2007 intervient, certes, après la tentative d'assassinat de Kartali, mais il sent la «diversion» et «la récupération» politicienne. Le forcing pour le retour de l'ex-FIS sur la scène politique sous une nouvelle appellation est bien lancé à partir de l'Algérie et de... Washington. Presque en même temps que Madani Mezrag, Anouar Haddam, de Washington, monte au créneau et utilise un langage plus radical que celui de l'ancien chef de l'ex-AIS. Tout en exprimant ses doutes sur l'authenticité du communiqué à travers lequel le Gspc a revendiqué l'attentat contre Kartali, Haddam accuse l'Etat de négligence dans la protection de ceux qui se sont inscrits dans la réconciliation nationale avec plein d'éloges en direction de Hassan Hattab. D'autre part, Haddam ménage Droukdel et insiste par contre sur la manipulation exercée selon lui par des cercles occultes. Mais là où Haddam rejoint Mezrag c'est lorsque l'ancien professeur de physique remet au tapis son idée de la tenue d'un congrès d'entente nationale. Le «forcing» est bel et bien en marche et l'on veut amener les pouvoirs publics à revoir les clauses de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. En vérité, Madani Mezrag et Anouar Haddam, qui se répandent dans les médias ne sont que la partie visible de l'iceberg islamiste. Des cercles non encore identifiés apporteraient leur soutien à cette démarche pour la «réhabilitation» de l'ex-FIS. Lorsque le contexte politique sera plus propice, des voix autorisées pourraient se faire entendre. Ali Benhadj, Abassi Madani et Rabah Kebir parleront aussi. Ce dernier s'étant déjà exprimé l'été dernier quant à l'éventualité de la création d'un parti politique. Il est tout à fait inquiétant que tout ce remue-ménage et cet activisme islamiste aient lieu devant un «silence retentissant» des partis dits démocrates qui ne disent mot. Il est clair que l'ex-chef de l'ex-AIS et Anouar Haddam, en cherchant la réhabilitation de l'ex-FIS, visent une amnistie générale. Usant de contacts dans le pouvoir comme il l'a si bien exprimé, Madani Mezrag a une vision assez particulière de la notion de réconciliation nationale, tout en en faisant une lecture tronquée faisant dire au document des choses qu'il ne dit pas plus qu'il n´interdit. En attendant Madani Mezrag occupe le devant de la scène politique.