Dans le cadre de la série d'articles consacrés aux partis politiques en prévision des élections locales, l'Expression s'est penché cette semaine sur le RCD et la manière dont il prépare ce rendez-vous électoral. Vendredi 5 octobre 2007, 23e jour du Ramadhan, l'horloge indique 20h30. Nous venons de franchir la porte d'entrée du siège du bureau régional du Rassemble-ment pour la culture et la démocratie, sis rue Didouche-Mourad. L'accès est ouvert aux militants sympathisants et au public. On y entre sans formalité ni fouille, sans décliner son identité. Il n'y a pas d'agent pour vous asséner les formules habituelles, comme «attends, on va voir s'il est là», «qui le demande?» Le siège du bureau régional nous a largement ouvert ses portes. Au premier étage, où le travail a débuté depuis des semaines, les bureaux sont pourtant presque vides. Un homme nous rassure: «Veuillez patienter, ils ne tarderont pas à arriver.» Le temps de siroter un café, les militants et chefs de section, sympathisants reviennent à leurs bureaux après une brève absence. Le siège régional d'Alger retrouve ses habitudes d'il y a quelques heures. On annonce l'arrivée de M.Mezoued Hassan, président du bureau régional d'Alger et membre de la commission chargée d'étudier tous les dossiers. 21h35. Malgré la présence de quelques personnes, arrivées il y a environ 20 minutes, le calme règne toujours. Objectif: 40 listes M.Mezoued nous reçoit dans son bureau. «Le dossier comporte beaucoup de pièces, ce qui rend sa constitution très accablante», nous dit-il, s'agissant de la région d'Alger qui compte 40 listes entre APC et APW. «Nous sommes arrivés à finaliser 22 listes, elles sont prêtes», ajoute notre interlocuteur. Son objectif: les 40 listes. «La première vague de dossiers finalisés, a été remise dimanche 7 octobre, le reste le sera lundi et mardi. Ils promettent tous d'être à jour, quoique nous rencontrons des problèmes administratifs.» Pour cette grande et décisive occasion, une commission composée de 11 membres a été constituée. Son rôle est de prendre en charge toutes les listes. Dans le cas où un conflit survient, qu'un quelconque élu proteste, ou émet des remarques, dans ce cas «la commission doit se réunir pour entendre, en toute transparence, le candidat», souligne notre interlocuteur. Le RCD tente, par ces mesures, d'équilibrer et de maîtriser la situation, et par-dessus tout, se montrer plus performant. Dans les couloirs du premier étage, les discussions portent, généralement, sur les candidatures, les dossiers à compléter, pendant que de courts débats se tiennent sur l'activité politique et l'actualité. Soudain, un brouhaha vient rompre le calme ambiant: une querelle s'est déclenchée. Deux militants ne sont pas d'accord, ils n'arrivent pas à s'entendre sur un quelconque point. «Calmez-vous», intervient-on de toutes parts. Les députés font le va-et-vient entre le siège national d'El Biar et celui, régional, de la rue Didouche. Ils veillent au grain et surveillent de près le déroulement des préparatifs. «Il faut être à côté des militants dans ces moments qui précèdent la grande et rude bataille.» La période la plus difficile, c'est celle de la préparation pour une échéance électorale. Tout le monde doit faire preuve de courage, de persévérance et de clairvoyance. Outre ces dispositions, les contraintes administratives font surface et, à cette occasion, chaque région a sa propre lecture de la loi. Lors des élections législatives du 17 mai, «les autorités ont autorisé le permis de conduire comme pièce d'identité, a-t-il dit, mais cette fois-ci, on exige la carte nationale d'identité, ce n'est pas logique», le cas de la «nationalité», le document qui prend plus de temps, et qui nécessite, pour sa délivrance, d'autres documents qu'on obtient que difficilement. Ainsi, un problème majeur fait que celui qui se porte sur la liste, doit obligatoirement fournir un certificat de résidence. Ce qui laisse indifférents toutes les formations politiques, car en plus des huit pièces qu'il faut présenter, les services de l'état civil exigent ce document. C'est une note administrative. «La difficulté d'obtenir tous les papiers empêche le bon déroulement de l'opération. Ainsi, pour avoir toutes ces pièces, le candidat doit parcourir des centaines de kilomètres», confie le président du bureau régional d'Alger. Dans la salle de réunion, où des hommes entourés, attendent de nouvelles listes à examiner, les dossiers submergent toute la grande table. Un militant qui vient de Bachdjerrah, apporte une pile de dossiers. Sur environ une vingtaine de dossiers étudiés, cinq sont incomplets, et restent en instance pour ne pas les rejeter Nous nous introduisons à l'intérieur de la pièce, une dame nous accueille vivement: «Bienvenue dans le monde de la démocratie, ici tout se passe dans le calme et le respect, nous sommes une seule famille». Ensemble autour des documents à vérifier: noms et prénoms, âge et profession. La demoiselle qui classe les dossiers dans leurs enveloppes, nous l'avons remarquée dès notre arrivée sur les lieux, effectue un travail de fourmi, sans arrêt depuis des semaines. La dame intervient de l'autre côté de la table pour rappeler qu'il ne faut pas commettre d'erreur. Pour en être sûr, chacun est censé et même obligé de donner son avis. Tout est pris en considération. «Les gens se plaignent des restrictions administratives qui les privent de s'enquérir de leurs documents», lance l'homme, qui est là depuis une heure, à remplir les fiches de renseignements. Trois jours nous séparent de la date d'expiration du délai, le 9 octobre 2007, et c'est déjà aujourd'hui. Tout ce beau monde a la conviction que le parti sera au rendez-vous. «Nous sommes en train de maintenir la pression sur nos militants afin qu'ils soient dans les temps», confirme M.Mezoued. Démocratie de proximité Comme à chaque approche des élections, législatives ou locales, les nerfs sont à fleur de peau. «Le travail est difficile», nous a assuré M.Groucène Abdelkader, secrétaire national des finances et administration et chargé de la coordination nationale. «Cela demande plus de vigilance», ajoute-t-il. Cette nuit, il arrive de Tlemcen, une visite d'inspection pour s'enquérir de l'avancement des préparatifs. «Nous allons être représentés, concernant les APW, dans les 48 wilayas, pour les APC nous atteignons jusqu'à 500 communes environ», confirme M.Groucène. Plusieurs communes sont abandonnées, parfois par manque de militants de base ou pour éviter d'éventuels risques qui peuvent encombrer les activités. Le parti du Dr Sadi n'a pas accepté le parrainage des autres listes, il se contente, cette fois-ci, de ses propres militants. Afin de répondre aux aspirations de la base, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a organisé une conférence régionale le 27 septembre dernier. Une rencontre qui se voulait, selon le RCD, une suite logique du 3e congrès dont les lignes directrices sont claires et efficaces. «Ces conférences régionales doivent nous permettre de dégager les méthodes par lesquelles le Rassemblement peut tirer le meilleur bénéfice de ce scrutin et faire avancer son projet de société pour le progrès et la justice», lit-on dans le communiqué de la dernière conférence régionale consacrée aux élections locales du 29 novembre 2007. En termes de stratégie, cela indique que le l'appareil du RCD fonctionne à merveille. Mais, s'agissant de la mise en oeuvre de cette feuille de route, le temps nous le dira dans quelques jours. «La démocratie de proximité», voilà une nouvelle donne de marketing politique pour ces échéances. La mobilisation se fera, selon les planificateurs de la politique électoraliste, de sorte que la surveillance soit assurée uniquement par les militants et sympathisants d'obédience RCD. La direction du parti promet plus cette fois-ci. Le chapitre de l'organisation n'a pas été en reste, le choix des couleurs, le logo, toutes ces formalités doivent être soumises à une concertation très stricte. Les programmes locaux doivent aussi être «sobres», «lisibles», «crédibles». Pour la campagne électorale, le RCD n'a pas voulu attendre qu'on en annonce l'ouverture. Les militants, candidats ou non, peuvent engager la bataille. C'est leur devoir de militer partout où ils sont. Vers 00h30, on nous informe de l'arrivée de Belabbas Mohcine, président de la commission de la culture, de la communication et du tourisme à l'Assemblée populaire nationale. Quelques minutes seulement après, nous sommes au bureau du BR. La discussion porte sur les préparatifs de cette échéance électorale, la confection des listes, mais surtout sur les entraves administratives que rencontrent les militants. L'interprétation des lois d'une manière personnelle fait que chaque région applique à sa guise un texte de loi qui, pourtant, porte sur un seul et unique point. «La conquête du pouvoir local est à la fois un moyen de soulager le quotidien des citoyens», indique-t-on. Le 9 octobre est déjà là. Le travail s'intensifie de plus en plus, il suffit de s'y mettre. C'est le lieu où l'occasion est de rappeler un slogan qui restera un label de la génération RCD: «Tout le monde a droit à l'erreur, sauf nous.»