La soirée du 27e jour du mois de Ramadhan a accueilli un programme artistique toujours aussi varié où le public certes pas assez nombreux, s'est bien amusé quand même. Le Théâtre de verdure Laâdi-Flici n'a pas désempli au cours de ce Ramadhan. Cependant, lundi en s'y rendant ce soir-là, on sentait comme un goût d'achèvement. Comme on nous l'a bien rappelé, en cette veillée de Laylat el Kadr, les femmes seraient sans doute derrière leurs fourneaux pour préparer les gâteaux de l'Aïd, ceci expliquerait ainsi cette absence...Quoi qu'il en soit, le peu de monde qui s'est déplacé en cette soirée du lundi 8 octobre en a eu largement pour son compte et ou son argent. Pour 200DA l'entrée, pour ainsi dire pas grand-chose, le public avait comme d'habitude l'embarras du choix. Entamé à 21h30, le concert de la chanteuse Nadia Baroud, à Nadi El Anka, a fait passer aux présents de beaux moments jusque tard dans la nuit. Infatigable, Nadia Baroud a tenu le pari d'animer une soirée qui a duré près de trois heures sans interruption. Une vraie performance! Dans une robe kabyle en soie mauve et entourée de ses musiciens, trônant au milieu de la scène de cette petite et néanmoins sympathique salle, elle fera sensation. L'artiste servira ses plus beaux titres, décrivant les belles régions de la Kabylie pour commencer avant d'enchaîner avec des morceaux des plus entraînants ayant trait à l'immigration, aux mariages, aux us et coutumes traditionnels kabyles. Le public timide au départ n'a pu s'empêcher de se lever pour danser. Nadia Baroud rendra aussi un bel hommage au grand Idir en reprenant à sa manière, Sendou et Avava Inouva, repris en choeur par le public mélomane. A l'étage au-dessus, une autre femme mettait le feu à l'Auditorium. Beaucoup de familles étaient présentes et passaient une soirée digne de celles des plus beaux mariages avec un cocktail musical très varié. Du hawzi, andalou, maghrebi, sahraoui, Dalil Naïm, aussi au bendir et au tar, a enchanté son auditoire qui l'a longuement félicité pour cette quaâda «algéroise» festive. A côté, les rencontres littéraires amazighes qu'a organisées le Haut commissariat à l'amazighité du 6 au 9 octobre poursuivaient leur petit bonhomme de chemin. Lundi, c'était au tour du conte kabyle de disserter. Dans une grande salle surchauffée, des artistes, poètes, curieux et intéressés assistaient à ces conférences, et prenaient ensuite la parole pour dire leur impression. Deux conférences ont émaillé ainsi cette soirée. L'une animée par Mohamed Saleh Ounissi de Khenchela a porté sur le conte chaoui et son historique en corrélation avec le conte kabyle «achewik», et l'autre animée par Hamid Oubagha qui expliquera dans une communication consistante la façon dont il faut raconter un conte, suivant sa structure formelle. Le chant religieux a aussi été à l'honneur avec un exposé sur Taqsit n'Sidna Youcef (l'histoire du prophète Youcef), interprétée par des poètes porteurs de ce patrimoine oral. Suivra un récital musical et poétique animé par l'artiste Flora qui était accompagnée de trois choristes et de l'inclassable Chérif et son éternel bendir. Un conférencier indiquera que le conte tend à se perdre aujourd'hui et ne se maintient que dans la population conservatrice eu égard à la modernisation de la société qui néglige ses valeurs traditionnelles. Un sentiment réfuté par un participant à la soirée qui fera vite montre de sa désapprobation. Pour sa part, M.Hachemi Assad, le directeur de la promotion culturelle au Haut commissariat à l'amazighité (HCA) soulignera l'importance qu'il y a d'apporter soutien et assistance à ces auteurs de conte notamment, avec «l'apport des enseignants de langue amazighe et du mouvement associatif». En ce sens, il signalera qu'il y a un projet de coédition avec l'Anep et le Fonds des arts du ministère de la Culture autour de la littérature amazighe, afin de «toucher tous les genres littéraires (la traduction, le roman, la nouvelle et le conte), et de valoriser le chant qui est une expression orale». «Il s'agit de faire un effort pour transcrire ce patrimoine oral», a dit M.Assad, annonçant l'organisation prochaine d'une soirée sur l'Ahallil et l'Imzad, classés au patrimoine mondial par l'Unesco. Ces soirées thématiques devaient se poursuivre, hier, par des exposés sur la poésie kabyle entre des poètes de l'ancienne et de la nouvelle générations. L'Etablissement Arts et Culture en partenariat avec Hamoud Boualem, aura ainsi tenu le pari de faire sortir les Algériens de leur demeure pour venir passer ici d'agréables soirées ramadhanesques.