Nous avons besoin d'élus qui aillent vers les promoteurs et les accompagnent tout au long du processus de création de leurs entreprises. L'évocation lors du forum d'El Moudjahid, qui s'est tenu récemment, du concept de systèmes productifs locaux (SPL) à propos de la relance de l'artisanat dans une vision territoriale et de filières, a suscité quelques questionnements d'ordre plus général sur le rôle de la PME dans le développement local entendu comme «processus de mobilisation des acteurs d'un territoire en faveur d'un projet d'avenir». L'avenir de nos différentes régions est en jeu et la mondialisation met désormais la concurrence entre territoires au centre des problématiques de l'aménagement du territoire. Dans cette perspective qui est en fait déjà là, quelles devraient être les initiatives à prendre à plusieurs niveaux pour que nos territoires gardent leur identité, leur vitalité et assurent leur croissance? Sans avoir la prétention d'y répondre en quelques lignes, nous ne pouvons qu'esquisser quelques pistes de réflexion axées davantage sur l'impact de la PME dans la dynamique locale et sur les initiatives que doivent prendre les élus locaux pour que cette dynamique engage l'ensemble des acteurs locaux et soit profitable à la communauté. Il convient de rappeler que les effets du démantèlement des entreprises publiques locales sur l'équilibre socioéconomique de nombreuses agglomérations sont tels que celles-ci apparaissent, aujourd'hui, bien souvent comme des territoires sans âme et à l'avenir incertain. A ce constat s'ajoute la méconnaissance où l'insuffisante maîtrise des dispositifs des Codes communal et de wilaya qui agit comme facteur d'inhibition des initiatives locales, alors même que la mise en oeuvre des mesures qu'ils édictent aurait pu contribuer à apporter un regain d'activité dans des régions plus ou moins exsangues. Hélas, très peu d'exemples nous sont offerts d'élus locaux qui se sont émancipés de la tutelle d'une administration centrale pesante pour initier et engager de véritables programmes de promotion de la création d'entreprises. L'attentisme semble être une règle de gestion au moment où la situation exige au niveau local un surcroît d'initiative. Par ailleurs, les dispositifs institutionnels de promotion des PME et de soutien à la création des entreprises et des activités artisanales ont besoin, pour produire leurs effets, d'être relayés au niveau du terrain par des élus locaux au fait des préoccupations des citoyens, mais aussi des aspirations des différents acteurs sociaux à donner vie à des projets pouvant relancer l'économie locale et reconfigurer le territoire qu'ils administrent. En fait, toute la problématique est celle qui consiste à faire coïncider les initiatives publiques et privées pour voir émerger, se consolider et renforcer un réseau de petites et moyennes entreprises capables de créer et de maintenir une dynamique économique au niveau local. Nous avons besoin d'élus qui aillent vers les promoteurs, qui les orientent en leur montrant les opportunités, qui les aident et les accompagnent tout au long du processus de création de leurs entreprises. C'est pourquoi nous plaidons pour la création des conditions permettant l'émergence des initiatives locales et pour l'implication des pouvoirs publics, des collectivités locales, des entreprises, des syndicats et du milieu associatif dans un processus favorisant la création d'entreprises, d'emplois et de revenus au niveau local. Sans perdre de vue l'idée que l'exiguïté du marché local peut être, dans certains cas, un handicap, nous recommandons de réfléchir et d'agir à des échelles plus grandes en fédérant les initiatives, les ressources et les moyens disponibles tout en s'inspirant, autant que faire se peut, des orientations des schémas directeurs de développement existants. Dans cet ordre d'idées, le schéma directeur de développement de la PME établi en cohérence avec le cadre conceptuel et référentiel du développement durable du territoire (loi du 12 décembre 2001 et loi sur la protection de l'environnement) peut être un instrument décisif pour le développement futur de la PME dans le cadre d'une politique nationale de développement équilibré du territoire. Il s'agit, à notre sens, de renforcer l'instrumentation de planification et de diffusion du développement parmi laquelle le schéma directeur de développement de la PME devrait occuper une place prépondérante, compte tenu de son poids dans l'économie nationale. Parallèlement à l'élaboration d'un tel schéma, il s'agit aussi d'agir de sorte à adapter les missions et l'organisation des structures déconcentrées de l'administration pour qu'elles se mettent effectivement et sans entrave au service de l'action de développement local. Les nouveaux Codes communal et de wilaya devraient s'inscrire dans cette logique de promotion des initiatives locales. De même qu'il s'agit de promouvoir toutes formes de partenariats associant les collectivités locales aux initiatives privées d'où qu'elles viennent et d'améliorer la coordination des efforts et la cohérence, des interventions des pouvoirs publics. Il s'agit aussi d'inciter les institutions publiques à modifier leurs modes d'intervention au niveau local selon une logique ascendante qui va de pair avec l'importance croissante à donner au développement local et au développement durable. L'idée est de faire des citoyens promoteurs de PME, des acteurs actifs du processus de création de richesses et d'emplois au niveau local et engageant les élus locaux dans de nouvelles formes de gestion du développement. Le SPL évoqué ci-dessus, prend ici toute sa dimension parce que l'idée est aussi de créer des espaces de projets d'entreprises qui peuvent excéder les limites administratives des communes et donner corps à des solidarités intercommunales, voire même à l'échelle de wilayas et de territoires plus vastes encore. Par ailleurs, l'autre objectif de la démarche préconisée consiste à diversifier l'économie locale et dans ce processus, la PME peut jouer un rôle très positif, compte tenu du fait qu'elle peut investir un champ d'application extrêmement ouvert et varié correspondant à la fois aux opportunités de valorisation des ressources locales et aux nouveaux créneaux d'activités rendus possibles par l'ouverture des territoires sur l'extérieur. En définitive, nous appelons à l'émergence des initiatives locales pour favoriser la création de PME, contribuer à relancer l'économie locale et à la diversifier et aussi à réduire les disparités régionales. Pour cela, une action combinée de l'Etat, des collectivités locales et des acteurs privés (entreprises, associations et autres) est indispensable. Espérons que les nouveaux Codes communal et de wilaya pourront substantiellement y contribuer.