Une grève générale sera décrétée si aucune suite n'est donnée aux revendications des travailleurs. L'UGTA, déjà accusée de vouloir utiliser la lutte syndicale à des fins politiques, aura du mal à sortir la tête de l'eau. La montée en puissance des syndicats autonomes et leur désir de vouloir être les gestionnaires omnipotents des « oeuvres sociales » ne risquent-ils pas de mettre la Centrale au rancart? C'est que entre les Fnts (Fédérations nationales des travailleurs de la santé) d'essence ugetiste, et le département d'Aberkane, rien ne va plus: les syndicalistes de l'Ugta se sont retirés des ateliers mixtes Fnts-ministère de la Santé, mis en chantier aux fins de trouver les moyens à même de faire profiter le corps soignant des dividendes induits par la nouvelle politique de gestion des établissements de santé publique, initiée par M.Aberkane. Ces ateliers avaient été chargés d'étudier la mise en oeuvre des textes d'intéressement. Une grève générale sera décrétée si aucune suite n'est donnée aux revendications des travailleurs du secteur, apprend-on de source syndicale. Un préavis de grève a déjà été déposé au siège du ministère de la Santé. Des sources expliquent cette rebuffade de la Fnts par la sympathie qu'affiche le ministère de la Santé vis-à-vis des syndicats autonomes. Ces derniers ont, en effet, été conviés récemment au département d'Aberkane. L'Ugta était alors la grande absente de ce rendez-vous. D'aucuns affirment que les syndicats autonomes surclassent l'Ugta en matière de représentativité auprès des pouvoirs publics. Néanmoins, la démarche d'Aberkane qui se veut novatrice n'est pas sans rencontrer des freins au changement ou des frilosités face à «l'inconnu». M.Aberkane, qui veut avant tout «moraliser la santé publique», n'a pas encore étalé toutes les cartes de sa politique. Beaucoup de zones d'ombre occasionnent encore quelques intrigues: «Mettre fin à la médiocrité et rendre le système plus performant et à même de générer de nouvelles ressources», voilà une sentence qui n'est pas faite pour conforter les habitudes. Aberkane ferait-il peur? A en croire certains observateurs, la réponse serait positive : la mise en oeuvre de la prime d'intéressement, promise par le ministre, va demander de nouveaux textes ayant pour point commun des mécanismes d'évaluation qui vont faciliter le passage à la contractualisation des relations entre les organismes de sécurité sociale et les établissements publics de soins. Autrement dit: le ministre de la Santé, en réorganisant la gestion des établissements hospitaliers, veut introduire de nouveaux mécanismes de financement des prestations hospitalières. C'est-à-dire le ministère à travers son avant-projet de réforme avait suggéré au gouvernement la révision à la hausse des frais médicaux des malades. En contrepartie, le patient, et donc le contribuable qui en voudra pour son argent, exigera des prestations meilleures. Si la vision d'Aberkane venait à se concrétiser intégralement, l'intervention de la Cnas, qui participe activement dans le budget de fonctionnement des hôpitaux, sera, elle aussi, concernée par des changements internes à sa gestion.