Ils le sont d'autant plus qu'ils lui renvoient l'image de sa propre gestion. Certains ministres ne doivent pas dormir tranquilles. Les secteurs qu'ils ont en charge sont en ébullition. Education, enseignement supérieur, santé, commerce, Sntf...Tous sont sortis dans la rue ou bien menacent de le faire pour crier leur malaise. Faire entendre leurs revendications. Ceux qui sont censés être à leur écoute ne doivent en ce moment, ne fermer qu'un seul oeil. Ils sont sur le qui-vive. Comme les chats. L'image peut paraître saugrenue, voire légère, mais la réalité est tout autre. Il y a comme quelque chose qui ne tourne pas rond. Cela dure depuis quelques mois déjà. Depuis la hausse vertigineuse des produits de large consommation. Pénurie de la poudre de lait, semoule et farine chez les boulangers, flambée du prix de l'huile, de la pomme de terre et des fruits et légumes... Des crises récurrentes et tenaces. Elles ont fini par sérieusement malmener le pouvoir d'achat et la patience des Algériens. La nouvelle grille des salaires qui concerne pas moins de 1,5 million de travailleurs de la Fonction publique ainsi que les augmentations de salaires y afférentes sont attendues comme on aurait attendu le Messie. Des promesses...encore au stade de promesses. Le peuple peut toujours attendre. Il attend toujours mais il ne peut éternellement prendre son mal en patience. L'année 2008 sera-t-elle l'année des grèves et des protestations? Ça à l'air en tous les cas de vouloir prendre le chemin. Dès le début de cette année, les enseignants ont manifesté leur mécontentement concernant la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique. Elle a l'air de ne trouver grâce aux yeux de personne. Sauf peut-être pour le gouvernement et le seul partenaire social qui y a contribué à sa confection. Comme un rouleau compresseur, ils ont foncé tête baissée. Ils ont promis monts et merveilles et annoncé la bonne nouvelle. Les travailleurs l'estiment en deçà de leurs attentes. Déçus, frustrés, les salariés décident alors de le faire connaître: publiquement. Les mouvements s'enchaînent, les grèves pleuvent en cascade. Saccadées, elles semblent toutefois savamment orchestrées. Obéissant à un tempo à un timing minutieusement préparé et choisi. Les protestataires ont-ils choisi de frapper où ils veulent, quand ils veulent? Le terrain des luttes syndicales a été évacué depuis déjà belle lurette par l'Ugta. L'Union générale des travailleurs algériens a opté, selon son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd pour le dialogue. Cette stratégie qui est qualifiée de collusion avec le pouvoir, a fini par jeter le discrédit sur les locataires de l'ex-Foyer civique. Les syndicats autonomes de la Fonction publique occupent désormais le haut du pavé au grand dam d'une Centrale syndicale vieillissante. En ce début du mois de janvier, ce sont les lycéens qui ont créé la surprise. Ils sont sortis dans la rue. Ils ont eu peur pour leur avenir. Ils l'ont dit haut et fort. Le ministre de l'Education nationale a réagi dans le sens de leurs doléances. Mais voilà, il y a comme un malaise. Un malaise social qui semble avoir pris durablement racine au sein de la société algérienne. La maison Algérie est en proie aux flammes. Dès qu'un incendie s'éteint, un autre se déclare. La grève de l'Intersyndicale autonome de la Fonction publique à peine terminée, elle a lieu les 10, 11 et 12 février 2008, que le Syndicat algérien des paramédicaux reprend le flambeau. La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique qui regroupe en son sein pas moins de 12 syndicats, met la pression. Elle maintient son annonce de grève générale de 3 jours pour les 24, 25, 26 février en cours. Les conducteurs de la Société nationale des transports ferroviaires, Sntf, durcissent le ton. Ils menacent tout simplement de fermer leur direction générale si leurs revendications demeurent insatisfaites. C'est l'effet boule de neige. Une étrange musique qui semblait avoir disparu du paysage social algérien. Des luttes traditionnelles ouvrières. Le gouvernement, lui, semble vaquer à ses préoccupations. De vastes chantiers sont ouverts. Celui de la préservation du pouvoir d'achat semble s'imposer de lui-même. De tous, il est le plus urgent. Les syndicats autonomes l'ont porté dans la rue. Le gouvernement prêtera-t-il une oreille suffisamment attentive? A moins que de se regarder dans les yeux lui fasse aussi peur.