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Les révoltés de Bouira
Publié dans L'Expression le 27 - 03 - 2002

Depuis la soirée qui a suivi le conclave de Bechloul, la situation s'est brusquement détériorée dans toute la région Est. De Chorfa, à la limite avec la wilaya de Béjaïa, en passant par Taourirt jusqu'à Thameur, village de la commune de Bouira, des heurts opposent les manifestants aux forces de l'ordre. La circulation est déviée par Mesdour au sud de la wilaya.
Ce fait serait à l'origine du report de la visite programmée dans cette région hier par les responsables locaux. Tôt le matin, la nouvelle de l'arrestation de Méziane Chaâbane, Djaffar Abdedou du comité de Haïzer, Bounabi Oualaid de la coordination de M'chedallah et la visite au domicile de Kacimi Hakim (CCM) la veille avec un mandat de perquisition par des personnes en civil, se répandra telle une traînée de poudre. La première réaction ne tardera pas à être mise à exécution puisque, dès 8h, la RN 5 est barricadée au niveau de la daïra de Bechloul et sur tout le tronçon vers Bordj Bou-Arréridj. L'arrivée des forces de l'ordre accentuera la détermination des manifestants qui essayeront de repousser les unités d'intervention en usant de pierres. A l'intérieur du chef-lieu de la daïra de Bechloul, «les révoltés» brûlent des pneus et entravent les rues en y déposant des troncs d'arbre, des blocs de pierre... De l'autre côté, une pluie de grenades lacrymogènes s'abat sur la ville rendant l'air irrespirable. Les mêmes scènes sont enregistrées à M'Chedallah où les accès à la ville sont obstrués. La salle de cinéma, qui servait de siège à la coordination squattée la veille par la police qui a pris le soin de prendre l'ensemble des documents s'y trouvant et que les manifestants voulaient occuper pour une réunion, sera encerclée par les forces de l'ordre qui y interdiront le rassemblement. Le bras de fer s'engage alors entre les deux parties pour la prise du lieu. Après plusieurs heures de face-à-face, les nouveaux occupants partiront et se positionneront plus loin. Plus bas, c'est-à-dire à Taourirt, on signale l'arrestation de trois jeunes manifestants par les groupes d'intervention du GIR dépêchés pour évacuer la RN 5 et qui auraient investi le village situé en aval de l'axe routier. A Haïzer, l'information de l'arrestation des deux animateurs du mouvement sera l'étincelle et la principale raison du déplacement d'un grand nombre de jeunes vers Bechloul et El-Esnam.
Chorfa, sur la frontière avec Béjaïa, où un mort par balle a été enregistré l'année dernière, a renoué avec la violence dès lundi au soir quand des jeunes ont assiégé la brigade pour la bombarder de projectiles.
La raison, ici, serait liée à l'information rapportée par des quotidiens et selon laquelle Bouira ne serait pas concernée par le départ des gendarmes. Dans un décor désolant et jusqu'à 15h, aucune source officielle ne fait part de blessés dans les deux camps ni d'arrestations parmi les émeutiers.


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