A l'affût depuis le début de la crise au sein du parti de Belkhadem, le RND, le FFS, le RCD et le FNA et, à un degré moindre, le MSP guettent le réservoir électoral du FLN. Le FLN est en ligne de mire. A quelques semaines des élections locales, la contestation enfle et des voix s'élèvent pour désavouer la manière avec laquelle ont été établies les listes électorales. Des sit-in, des mouvements de protestation sont organisés devant les différentes mouhafadhas du parti, y compris même au niveau du siège national du parti. La confection des listes électorales, APC et APW, ne fait qu'enfoncer le clou au sein de la première force politique nationale. Des démissions collectives ont été déposées par plusieurs militants. Des candidats menacent de claquer la porte. Après plus de 60 jours de tension et de grogne au sein du vieux parti, la situation n'est pas près de s'arranger. Une question s'impose alors: à qui profitera cette crise? ce n'est pas au FLN, bien évidemment. Les bénéficiaires ne seront autres que les premiers rivaux du parti, à savoir le RND, le FFS et le FNA et à un degré moindre le MSP. A l'affût, ces partis guettent le réservoir électoral du FLN. La deuxième force de l'échiquier politique national, le RND, reste le favori pour hériter du trésor électoral du vieux parti: les mécontents et les déserteurs du FLN qui rejoignent le parti de Ahmed Ouyahia. Depuis sa création, le RND a toujours profité de la conjoncture difficile qu'a vécue le FLN pour se faire une santé politique. C'était le cas lors des élections de 1997 quand le jeune RND avait raflé la mise des législatives grâce aux militant du FLN qui avaient déserté le parti dirigé par Abdelhamid Mehri à cette époque. L'autre formation qui peut bénéficier de la crise du FLN, est le FNA de Moussa Touati. Les deux partis partagent, pratiquement, les mêmes visions politiques. Même s'il y a une divergence de forme, ces deux formations partagent un grand nombre de points dans le fond. La plupart des militants du FNA sont issus du FLN, y compris le président du parti, lui-même, Moussa Touati. De son côté, le plus vieux parti d'opposition, le FFS, pourrait récupérer quelques points du FLN à son compte. Le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, avait déjà annoncé la couleur. Il y a quelques semaines celui-ci a confirmé que des militants du FLN ont rejoint les rangs du FFS. En Kabylie, le parti d'Aït Ahmed reste la formation la plus proche de celle de Belkhadem. En outre, d'autres formations comme le RCD ou les indépendants, au vu du cachet tribal des élections locales, peuvent profiter de la crise du FLN pour bénéficier de quelques bulletins. A part le mouvement de redressement qui a mené Belkhadem à la tête du FLN, jamais une contestation au sein du parti n'a duré dans le temps. Rompu aux complots et au travail des coulisses le FLN a toujours su mater la contestation de ses militants et contenir ses différends. Mais cette fois-ci, la donne a vraisemblablement changé. Le plus ancien parti du pays risque gros. Lui qui mise pour rafler le plus grand nombre d'APC et d'APW est face au danger de perdre plusieurs Assemblées à cause de cette situation. L'ambiance devient de jour en jour électrique dans la maison FLN. Le courant, semble-t-il, ne passe pas entre les dirigeants du parti et la base militante. A l'est comme à l'ouest du pays, les contestataires montent au créneau. Quelques wilayas de l'est du pays, comme Biskra, Batna et Constantine, sont sur une poudrière. Chaque jour, des manifestations sont annoncées dans ces wilayas pour dénoncer «la politique du deux poids, deux mesures» appliquée dans la confection des listes électorales. La protesta continue à l'ouest du pays. Les mêmes pratiques sont dénoncées et même des méthodes de dénonciation sont utilisées. Dernièrement, les militants de Sidi Bel Abbès, Mascara et Tlemcen avaient décidé d'organiser une réunion régionale à Oran pour étudier cette situation. Ainsi, des questions méritent d'être soulevées.