Trois millions de mines antipersonnel sont encore enfouies le long des frontières est et ouest. Se dirige-t-on vers la levée des obstacles hérités de l'époque coloniale? La France fait le premier «geste». En visite officielle de quatre jours à Alger, le général et chef d'état-major des forces armées françaises Jean-Louis Georgelin, a remis officiellement hier à Alger les plans de pose des mines. Ces cartes, remises au général de corps d'armée algérien Ahmed Gaïd-Salah, concernent les mines implantées aux lignes Challe et Morice entre 1956 et 1959. Sans doute, cette démarche de la France traduit la «bonne volonté» de l'Hexagone à tisser des relations de confiance avec l'Algérie. Ce geste, serait-il pour la France le début du retour sur son passé colonial en Algérie? Il reste à attendre que la France prenne d'autres initiatives pour confirmer sa bonne intention. Outre le volet historique, cette démarche s'inscrit dans un cadre purement sécuritaire. Comment? Explication: la France affiche une grande volonté de collaborer avec les services algériens pour faire face à la menace terroriste, aussi bien en Algérie que dans l'Hexagone. Car la remise des plans de mines à l'Algérie intervient dans une conjoncture marquée par la montée des attentats kamikazes en Algérie. Les mines antipersonnel sont l'une des principales sources de munitions pour les groupes armés. Les réseaux terroristes tentent d'extraire, à partir de ces mines, la matière explosive pour fabriquer ensuite des bombes artisanales. Autrement dit, ils s'approvisionnent en TNT pour la fabrication de bombes. Les services de sécurité chargés du dossier avaient affirmé l'utilisation des explosifs dans des attentats terroristes. Les réseaux de trafics d'armes travaillent en étroite collaboration avec des réseaux terroristes activant au sein de l'organisation terroriste de Oussama Ben Laden. Dans le même souci, les services de la Gendarmerie nationale ont avancé un bilan d'évaluation de la saisie des mines antipersonnel. Environ 108.000 mines antipersonnel dont chacune contenant plus de 100 grammes de TNT, ont été saisies. Les mêmes services ont saisi, également, 380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, 60 cartouches de 16 mm, ainsi que d'autres matériels pour la fabrication d'explosifs. Sur les lignes Challe et Morice, Alger estime que 3 millions de mines antipersonnel sur les onze millions implantées par l'armée française lors de la guerre d'Algérie sont encore enfouies le long des frontières est et ouest de l'Algérie. Conscients de cette vérité, les services de sécurité algériens avaient pris d'autres mesures de contrôle et de surveillance pour contrecarrer ce phénomène. Ainsi, 200 postes de surveillance ont été installés à la frontière ouest du pays. Pour la seule wilaya de Tlemcen, 23 postes de surveillance sont en cours de réalisation sur 174km de frontière. Dans ce contexte, les plans de mines dont disposent, désormais, l'Algérie faciliteront la tâche aux services de sécurité afin de détecter et de détruire ces mines antipersonnel et d'empêcher, par ricochet, les terroristes à utiliser ces explosifs à des fins macabres.