Aujourd'hui, une bonne partie des jeunes Algériens ne rêve que d'exil. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, a présidé hier à Alger l'ouverture des travaux de la conférence gouvernement-walis portant sur la situation de la jeunesse et la politique qui doit lui être adaptée. Cette rencontre planchera, trois jours durant, sur la gestion et la prise en charge de cette frange majoritaire de la société qui fait face à une situation de détresse qui se manifeste par l'irruption du phénomène «harraga», la fuite des cerveaux, les suicides, la délinquance, la consommation et le trafic de drogue en sus de la persistance du chômage. Les participants à cette conférence auront à débattre en ateliers (six) et présenteront un rapport général au chef de l'Etat demain, lors de sa rencontre avec les walis. La conférence aura à examiner «la pertinence de la politique publique» en direction de la jeunesse et définir «le contenu et les grands axes d'une politique plus active et plus cohérente» en la matière. Elle aura également pour objectif, d'engager une réflexion sur «le réaménagement institutionnel et organisationnel actuel» de prise en charge de cette frange de la société. Un immense chantier. Le constat a été établi depuis longtemps. Reste à trouver la bonne formule pour renverser la tendance et recoller les morceaux d'un espoir altéré par une politique aveugle qui a négligé les potentialités et les forces vives de la nation. Aujourd'hui, une bonne partie des jeunes Algériens ne rêvent que d'exil. Ils sont prêts à payer le prix le plus fort pour quitter l'Algérie. Ceux qui résistent à la tentation du départ vivent mal. Le malaise est profond. Les législatives du 17 mai dernier ont été un message très fort envoyé par cette jeunesse en direction des politiques de ce pays. Un signal de détresse. Un véritable SOS. Les discours officiels ne tarissent pas d'éloges sur le rôle et la place qui devraient échoir à cette frange importante de la société. Les pays occidentaux nous envient cette richesse inépuisable qui vaut mieux que le matelas des 100 milliards de dollars des réserves de change qui ne font pas le bonheur d'une population dont le nombre n'est tout de même pas comparable à celui de la Chine ou l'Inde. Sur le plan local, la prise en charge des jeunes est déficiente. Mis à part les opérations, -en fait de la poudre aux yeux- pompeusement appelées «Jeunesse-2000» dans les années 90 ou «100 étals de commerce pour chaque commune» en direction des jeunes dans les années 2000, on n'a rien vu venir pour améliorer le «statut particulier» de la jeunesse algérienne. Quand un jeune Algérien ne peut se marier à l'âge de 40 ans, on ne peut que douter de la réforme globale, de l'économie de marché ou du redressement du pays. La réalité est là. Insoutenable. Les jeunes fuient le pays. Le Canada puise dans la réserve humaine de l'Algérie pour consolider son développement. L'élite algérienne a fait ses preuves sur les cinq continents. Nos petits «trabendistes» ont réussi à intégrer le marché international bien avant la naissance de l'OMC en 1995. Le génie algérien n'est pas une fiction. Il n'y a qu'à voir à l'oeuvre les diplômés de l'université algérienne dans les grandes multinationales et les centres de recherche ou les hôpitaux des grandes métropoles européennes et américaines. Nos gouvernants n'ont jamais pu se hisser au niveau des exigences de cette jeunesse qui ne recule devant aucun obstacle. Ces jeunes sont les héritiers des valeureux héros de la Révolution du 1er Novembre. Celle des Amirouche, Si El Haouès, Djamila Bouhired, Ali la Pointe, Petit Omar, Ben Boulaïd, et bien d'autres figures emblématiques et artisans de l'indépendance de l'Algérie. Une conférence gouvernement-walis peut-elle, à elle seule, remédier à une situation désastreuse née d'une politique sans clairvoyance et sans lendemain pratiquée durant presque cinq décades? Feu Houari Boumediene avait au moins eu l'idée de faire de cette jeunesse son bras fort pour reconstruire le pays. Son attachement pour l'élite intellectuelle n'est un secret pour personne. Aujourd'hui, cette jeunesse subit de plein fouet les incohérences d'une politique ruineuse de prise en charge. Les jeunes Algériens ont été offerts sur un plateau d'argent au terrorisme international. A l'intégrisme et à l'extrémisme. Les élites encouragées à quitter le pays. Les jeunes de l'Algérie 2007 se suicident en se tordant le cou à des branches d'oliviers, se défoncent dans la drogue, se jettent à la mer et s'exilent au bout du monde quand ils ne se font pas exploser en kamikazes. En fait, il n' y a pas que les walis qui sont interpellés dans un contexte qui dépasse largement leur seul pouvoir ou responsabilité.