Une batterie de mesures et des recommandations en faveur de la jeunesse. Attendons les faits sur le terrain. 68% des jeunes Algériens estiment que leur avenir est flou. 33% sont convaincus qu'ils ont plus de chances de trouver un travail à l'étranger. 70% attestent de l'échec de la stratégie de l'Etat dans la lutte contre le chômage. 58,2% ne pratiquent aucune activité sportive. Uniquement 10% activent dans des associations sportives. Ce ne sont pas là des statistiques puisées d'un rapport établi par une ONG internationale hostile à l'Algérie. Ce tableau noir a été brossé par les autorités algériennes. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a informé le président de la République avant d'exposer ces donnes à l'occasion de la conférence gouvernement-walis, que «les chiffres ne traduisent aucunement l'échec de la politique de développement engagée par le pays depuis l'année 1999». Mais le constat est là. Le jeune algérien est désespéré et pourtant, comme l'a souligné le président de la République lors de son discours: «L'Etat a consenti beaucoup d'efforts pour la construction d'un environnement favorable au développement de la jeunesse et à son insertion socioprofessionnelle cette dernière décennie.» Comment interpréter donc cet échec «déclaré» de la démarche des pouvoirs publics. Le président Bouteflika parle sans équivoque de «crise» qui doit être traitée avec courage et lucidité. Le mal est si profond qu'il risque sérieusement de compromettre l'avenir du pays. Dans son discours, le premier magistrat du pays fait principalement allusion à deux phénomènes: les kamikazes et les harragas. «Ces phénomènes doivent susciter des réflexions, des analyses et surtout une action concertée.» Sans aucun doute, il voit un lien direct entre ces deux phénomènes et le marasme social de la jeunesse algérienne. «Il est impératif, ajoute-t-il, de mettre nos jeunes à l'abri de l'instrumentalisation à des fins criminelles, de les dissuader de la recherche désespérée des visas pour l'étranger.» Les 2004 harragas recensés et les kamikazes d'Alger, Lakhdaria, Batna et Dellys pourraient «devenir bien plus nombreux si l'on n'y prenait sérieusement garde». Pour la première fois depuis la recrudescence de la violence en Algérie et l'apparition des attentats kamikazes, le premier magistrat du pays reconnaît solennellement, que l'origine est à chercher, notamment dans la manière dont sont gérées les affaires de la nation. Les sondages effectués sur les attentes de la jeunesse confirment ce constat illustratif de la déconnexion de la relation entre les jeunes et l'action des pouvoirs publics. L'urgence est dans le rétablissement de «cette connexion» Autrement dit, dans «l'adoption de nouvelles approches dans la prise en charge des doléances de la jeunesse». Le premier chapitre qu'il est impératif de prendre en charge, est celui de l'emploi. Un point pris en charge par l'atelier numéro3. Dans son rapport lu par le wali de Tipaza, il est fait état des «carences enregistrées dans les politiques engagées depuis 8 ans», notamment au niveau des différents programmes de soutien à la création des petites et moyennes entreprises. Selon les résultats d'une enquête menée par le département concerné, 68% des jeunes interrogés déclarent qu'ils n'ont pas bénéficié d'une aide de l'Etat. Le rapport cite, entre autres, l'emploi salarié d'initiative locale, le dispositif «Tup Himo», «Esil», l'indemnité des activités d'intérêt général «Iaig» et le contrat de préemploi. L'atelier numéro1 propose ainsi la création d'un fonds dédié à la microentreprise et à l'emploi des jeunes. Il sera régi par des règles souples qui favoriseraient l'esprit de partenariat à l'exemple de l'expérience latino américaine dénommée «crédito Palabro». L'Etat est prêt à tout pour regagner la confiance des jeunes. Dans ce sens, des instructions ont été données pour lever «immédiatement et sans réserves» toutes les contraintes à la mise en exploitation, sans délai, des cent locaux professionnels par commune. Le spectre des attentats kamikazes hante le gouvernement. C'est à ce propos, qu'il a été convenu de mettre en place «un programme de lutte contre les différents réseaux criminels de recrutement des jeunes, d'encadrement, d'incitation à l'intolérance, à la violence et au terrorisme». Première mesure suggérée est la création d'une haute institution théologique, à l'instar d'El Azhar pour orienter le discours religieux. Et l'assainissement des bibliothèques au niveau des mosquées et librairies privées, par le retrait d'ouvrages tendancieux d'origine douteuse.