Les listes sont confisquées, argue-t-il, au niveau des partis et non pas au ministère de l'Intérieur. Le courant ne passe plus entre les formations politiques et l'Exécutif. Chaque partie campe sur sa position. Alors que les formations crient haut et fort qu'elles sont victimes de l'administration, le ministère de l'Intérieur persiste à dire que l'examen des candidatures ne souffre d'aucune défaillance. «Les formations sont les premières responsables dans l'exclusion de leurs candidats. Elles sont à l'origine de la quasi-majorité des problèmes», déclare M.Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales. Ce dernier rappelle à ses détracteurs que «les listes sont confisquées au niveau des partis et non pas au ministère de l'Intérieur». Pis, il leur reproche le fait de travailler dans l'anarchie et de subir le diktat de la chekara (l'argent). «Chaque parti choisit ses candidats selon ses intérêts. Au niveau de l'administration, les dossiers sont étudiés soigneusement et selon la loi. Les députés impliqués dans des affaires de justice et ceux menaçant la sécurité du pays n'ont pas de place dans les collectivités locales», atteste-t-il. L'administration refuse donc d'assumer les «déboires» de la classe politique, laissant entendre qu'elle ne fera pas marche arrière. «Chaque dossier fait l'objet d'une enquête menée conjointement par les services de la police, la gendarmerie et la wilaya.» C'est-à-dire que les décisions de rejet ne sont pas établies sur «un coup de tête.» «Que les partis daignent vérifier le profil de leurs candidats. Comment voulez -vous qu'on accepte le dossier d'un candidat qui n'a pas même pas de carte d'adhérent du parti avec lequel il s'est engagé dans la course électorale? C'est inacceptable», ajoute-t-il. Ould Kablia défend les walis passés au crible par les partis et estime que ces derniers «veillent à l'application de la loi». Tout compte fait, le représentant de l'Exécutif invite les partis à recourir à la justice s'ils s'estiment lésés. Que pensent les partis? L'Expression a posé la question à M.Bouguerra Soltani, président du MSP, qui se trouvait pas très éloigné de Ould Kablia. Ce dernier a rejeté catégoriquement la déclaration de son collègue. «Aucun de nos 297 candidats exclus n'a eu de problème avec la justice. Leur exclusion est infondée et injuste et ne se base sur aucune base juridique», affirme-t-il. Le MSP a saisi le ministère de l'Intérieur et pense que les choses vont s'améliorer dans les prochains jours. «Nous sommes très confiants. Au MSP, ajoute-t-il, nous n'avons rien à nous reprocher. Nos candidats répondent au profil exigé par la loi» soutient-il. Qu'en est-il des noms barrés de la liste sous prétexte qu'ils constituent une menace pour l'ordre public? Soltani dément catégoriquement: «Nos candidats sont des militants du parti, jouissant d'une bonne réputation et du respect de la population.» Il informe que des 297 candidats exclus, seuls deux appartenaient à l'ex-FIS au moment où ce parti était agréé par l'Etat. «Ces militants n'ont pas pris les armes. Ils jouissent de tous leurs droits civiques. De ce fait, personne n'a le droit de les exclure de l'activité politique.» Soltani estime que la balle est dans le camp de la justice, seule habilitée à trancher la question. «Ni le ministère de l'Intérieur ni même celui de la Justice n'est en mesure de s'exprimer sur ce dossier.» Contrairement à certains cadres du MSP, le président de ce parti ne pense pas que l'exclusion des candidats obéit à des calculs politiques, excepté quelques cas. «Preuve en est, tous les partis en sont victimes, à commencer par le FLN.» La défaillance se situe au niveau des commissions locales qui, selon lui, ont recours à des interprétations subjectives des textes de loi. «Certaines candidatures ont été rejetées parce qu'il manquait aux dossiers, le certificat de naissance ou encore la résidence au moment où la loi ne permet pas de les compléter deux jours après l'expiration du délai de dépôt de candidature», conclut-il.