Les services de sécurité, qui se faisaient discrets lors des manifestations précédentes, ont fait une réapparition spectaculaire. La démonstration de force, que devait entreprendre la coordination intercommunale en réaction aux derniers développements enregistrés durant ces dernières 48 heures à Béjaïa, n'a pas eu lieu. Elle a été tout simplement empêchée par les autorités qui ont déployé, pour la circonstance, un important dispositif sécuritaire à travers les différents points stratégiques de la ville. Les services de sécurité, qui se faisaient discrets lors des manifestations précédentes, ont fait une réapparition spectaculaire. Les deux principales entrées de la ville ont été carrément fermées. Les barrages des CNS implantés filtrent le passage des citoyens, des fourgons et des cars, et ceux suspectés de transporter les marcheurs sont systématiquement refoulés. Rares les marcheurs qui ont réussi à tromper leur vigilance. D'autres ont fait de longs détours pour rallier la ville des Hammadites. Au fur et à mesure que l'heure approchait, la ville se vidait, les commerçants commençaient à baisser rideau. L'empressement des gens à rentrer chez eux témoignait d'une tension grandissante. Aux Quatre chemins, point de départ de la marche, un petit groupe s'était déjà formé à notre arrivée, puis, soudain, les forces de l'ordre interviennent pour le disperser. Un photographe allait être arrêté, n'était l'intervention de certains élus présents sur les lieux. Presque au même moment, des affrontements sont rapportés au niveau des entrées de six villes à l'Est et à l'Ouest. Les réactions aux différents empêchements de rallier la ville ne se sont pas fait attendre, les citoyens mécontents du traitement s'en prenaient aux éléments des CNS qui ripostaient par le lancement de bombes lacrymogènes. D'autres foyers de tension prennent naissance à travers la ville. Boulevard Amirouche (Gendarmerie nationale), Ighil Ouazough, Bir Slam, siège de la wilaya, ont été autant d'endroits gagnés par les hostilités. Les principaux axes routiers ont été vite barricadés. Béjaïa allait connaître une après-midi très tendue. A bord de fourgons blindés, les services de sécurité sillonnent la ville. On parle d'arrestations tous azimuts, mais qui demeurent impossibles à confirmer. Les marcheurs refoulés regagnaient, entre-temps, leurs localités qui flambaient dès leur arrivée. Aokas, Souk El-Thenine et Bakarou à l'Est ont connu des émeutes. A l'heure où nous mettons sous presse, la tension demeurait à Béjaïa et dans plusieurs autres localités. Notons que le mot d'ordre de grève a été largement suivi, notamment dans les centres urbains. Béjaïa a connu, dans la matinée d'hier, une activité normale qui a, toutefois, cessé à l'approche du début de la marche.