D'autres déclarations officielles sur des sujets stratégiques en Méditerranée sont attendues. La visite de trois jours en Algérie qu'entame à partir d'aujourd'hui le président du Parlement européen (PE), M.Hans Pöttering, intervient à un moment fort de l'actualité euro-méditerranéenne. Dans ce sens, elle permettra d'évaluer la qualité des rapports que les deux parties comptent donner à leur coopération. Cela est dit parce qu'il faut rappeler que l'année dernière, le précédent président du PE Josep Borrel avait effectué, en mars 2006, une visite de trois jours en Algérie (6 au 8 mars), et qu'un certain nombre d'engagements et d'accords on été signés entre les deux parties. Aussi, cette nouvelle visite du patron de l'auguste institution européenne sera mise à profit pour un premier bilan du travail effectué depuis une année, et d'évaluer certaines politiques à l'aune des événements qui sont intervenus depuis, dans la coopération entre l'Algérie et l'UE. Dans ce sens, le protocole-cadre de coopération parlementaire signé à Alger le 7 mars 2007, portait sur le renforcement du rôle de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, particulièrement dans son apport en matière de solidarité à l'Algérie dans sa politique des réformes économiques, sociales et institutionnelles. En reconnaissant une place centrale à l'Algérie dans la construction d'un espace de paix et de prospérité dans la Méditerranée, l'Europe est appelée à mieux s'investir, économiquement s'entend, dans le pays. Malheureusement, le constat est au-delà des bonnes intentions. En termes d'investissements directs étrangers (IDE), l'Algérie est, en dehors du secteur des hydrocarbures, très peu prisée par les entreprises européennes. Ce qui apparaît dans nos échanges relève plus du commerce et des produits de consommation que d'investissements productifs, créateurs d'emploi et de richesses. Les autres chapitres de coopération qui seront abordés ont trait à la gestion des flux migratoires, notamment la lutte contre ceux clandestins; la lutte antiterroriste; les libertés et droits de l'homme...L'Europe reconnaît à l'Algérie son expérience et son expertise dans la lutte antiterroriste, et compte sur une intensification de la coopération dans ce domaine, d'autant plus, rappelons-le, que l'Algérie abrite le Centre africain de recherche et de lutte antiterroriste (Caert), mis en place par l'Union africaine (UA). Concernant la gestion des flux migratoires, les deux parties discuteront de leurs politiques respectives, en tenant compte des nouveaux développements intervenus en Europe, tels le projet de «carte bleue» pour les immigrés prônée par la Commission européenne; le problème de la réadmission des clandestins; la cohérence des politiques nationales de certains pays de l'UE (la France par exemple) qui brouillent la politique commune de l'UE... Au plan international, le président du PE s'exprimera sur le projet français d'Union méditerranéenne, projet mené sans consultation de l'UE, et qui «gêne» de beaucoup l'Exécutif européen, comme les parlementaires. Par ailleurs, il réaffirmera, sans aucun doute, la position de l'UE sur la question du Sahara occidental, position qui s'en tient aux résolutions de l'ONU actant le droit du peuple sahraoui à s'exprimer par voie de référendum sur son avenir. Par ailleurs, il faut souligner l'attitude courageuse et juste du PE sur la question palestinienne, en refusant l'embargo sur la bande de Ghaza au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives. Ainsi, la visite du président du PE à Alger ne sera pas que protocolaire. Elle permettra de clarifier et de préciser les positions des deux parties sur nombre de questions stratégiques. L'année dernière, l'ancien président du Parlement européen a été honoré du «Bouclier de l'APN», par l'institution considérée.