L'Union méditerranéenne, le nucléaire, le Sahel et les armes, ce sont autant de questions, si sensibles, qui figurent au menu des discussions. Ce n'est qu'un début! Un nouveau départ plutôt. Mais surtout un rapprochement inédit entre la France de Sarkozy et la Libye. Les retrouvailles sont nées surtout de la crise dite des «infirmières bulgares», mais aussi des tractations de coulisses autour de l'acquisition par la Libye du nucléaire français. Le rapprochement devra atteindre la vitesse de croisière à la faveur de la visite inattendue, en France, du guide libyen. Ce n'est pas encore fini pour le «scandale des infirmières bulgares», encore moins pour la crise inextricable du Darfour. Viendront ensuite s'ajouter, à cet amalgame toxique, d'autres questions si sensibles: l'Union méditerranéenne et le Sahel. Selon des sources citées par les médias français, Mouamar El Gueddafi séjournerait, en décembre prochain, pendant deux jours en France. Cette escale devra intervenir «avant ou après le Sommet Afrique-Union européenne», prévu les 8 et 9 décembre à Lisbonne (Portugal). Il sied d'admettre, en premier lieu, que la libération, en juillet dernier, des infirmières bulgares, accusées d'avoir injecté le VIH à des centaines d'enfants libyens, continue de faire des vagues. Car, une commission parlementaire française enquête toujours sur les conditions de cette énigmatique libération, une affaire dans laquelle la France s'était impliquée. L'on avait tendance à qualifier cette libération de «troc» entre Paris et Tripoli. En toile de fond de la visite du guide libyen à Paris figure aussi la détermination des deux parties de donner âme à l'accord militaire signé le 25 juillet dernier, dans des conditions controversées. Ce contrat de réarmement, entré en vigueur le 25 septembre 2007, consiste à renouveler l'arsenal militaire libyen. Le contrat en question compte onze points, à savoir, entre autres, l'acquisition de matériel militaire à l'entraînement des forces spéciales libyennes, des «échanges de vue et d'informations» et des «visites réciproques d'experts» et surtout «l'acquisition de différents matériels et systèmes de défense». Mais aussi la protection et l'encouragement des investissements communs dans le domaine de la défense. Outre la mise en application du contrat de réarmement ainsi que la question du Darfour, il serait également question de trouver à Areva, groupe nucléaire français chassé du Niger, un refuge chez Mouamar El Gueddafi. Lors de la récente visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli, la France et la Libye avaient signé un mémorandum d'accord sur la coopération franco-libyenne dans le domaine du nucléaire civil. Lequel mémorandum prévoit de doter Tripoli d'un réacteur nucléaire pour lui permettre, dit-on, de procéder au dessalement d'eau de mer. Cela dit, il semble quasiment acquis que la libération des infirmières et du médecin bulgares a conditionné la décrispation des relations franco-libyennes. Mais des nouvelles donnes viennent encore faciliter le rapprochement franco-libyen: l'Union méditerranéenne, le new fantasme de Nicolas Sarkozy, et la question liée à la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. Mouamar El Gueddafi ne va certainement pas s'opposer au projet de Sarkozy, lui qui était le champion de toutes les unions qu'il n'a pas hésité, par la suite, de remettre en cause. Mais cette Union méditerranéenne semble être fondée sur des bases très fragiles. A commencer par le soutien à l'occupation par le Maroc du Sahara occidental, user des cendres du processus de Barcelone dont l'échec n'est pas à dissimuler, ou encore le réarmement du Maroc et de la Libye. Viendra ensuite s'ajouter à tout cela l'intérêt que semble accorder la France à la sécurité au Sahel. La France a promis, la semaine dernière, une aide à l'armée malienne qui faisait face à la rébellion touaregue au Nord du Mali. Cette «aide en matériel» a été annoncée la semaine écoulée lors de la visite du président malien en France. Le guide libyen est très au fait de ce qui se passe dans la bande sahélienne, lui qui avait appelé, un jour, les populations touarègues de la région à se fédérer. L'intérêt français pour le Sahel n'est pas innocent. Idem encore pour les USA qui tentaient de convaincre les pays de la région à accueillir l'Africom (Commandement militaire américain pour l'Afrique).